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La nouvelle jeunesse du protocole internet

Avec IPv6, le réseau des réseaux s’adapte aux nouveaux enjeux technologiques, à commencer par la sécurité et la mobilité. Une migration théoriquement transparente pour les utilisateurs.

Internet grossit, grandit, a besoin d’espace ! Plus précisément, d’espace d’adressage. Les adresses IP (Internet Protocol), celles-là même qui identifient une présence sur le réseau, viennent à manquer. Les machines connectées à internet ne sont plus uniquement des ordinateurs. De nouveaux terminaux ont débarqué en masse, tels que les assistants personnels ou les téléphones portables. Et la troisième génération de réseaux mobiles, qui marquera les vrais débuts de l’accès internet nomade à haut débit, sera particulièrement gourmande en adresses pour les combinés à venir.Il est donc temps de faire évoluer le protocole internet, faute de quoi il ne sera bientôt plus possible de connecter de nouveaux équipements sur internet. Et Patrick Grossetête, directeur monde des produits IPv6 de l’équipementier Cisco Systems, d’expliquer : “De la même manière que la numérotation téléphonique est passée en France de 8 à 10 chiffres, internet va passer d’IPv4 à IPv6.” Débutés en 1993, les travaux sur la version 6 du protocole, aux mains de l’Internet Engineering Task Force (IETF), ont donné lieu à diverses spécifications, dont certaines ont déjà été progressivement introduites par ce groupe de travail dans IPv4. D’où l’absence de version 5.

En surface, rien ne change

Au quotidien, la façon de surfer, d’échanger des e-mails ou de passer des commandes sur des places de marché ne changera pas à l’ère d’IPv6, dont “le succès […] sera mesuré à l’aune de sa transparence pour les utilisateurs finaux”, note Patrick Grossetête. De fait, des entreprises peuvent avoir adopté la nouvelle version sans qu’un quelconque utilisateur soit en mesure de faire la différence. Les principaux bouleversements se situent ailleurs, au niveau des équipements de réseau ?” routeur, switch, commutateur ?” et des systèmes d’exploitation. Au cours de l’année dernière, la plupart des équipementiers ont assuré la mise à jour de leurs matériels,à commencer par Cisco Systems et Juniper Networks. Du côté du système d’exploitation, c’est le logiciel en open source BSD qui a le premier été mis en compatibilité avec les spécifications d’IPv6, suivi par Linux, Sun Solaris 8, puis par le produit de Microsoft.Et, en bout de chaîne, les applications basées sur les technologies IP doivent également être capables de gérer le nouveau protocole. “Mais le plus important est que les serveurs comprennent les deux versions du protocole. C’est pour cela que je refuse la formule “transition d’IPv4 vers IPv6″. Elle est impropre, car les entreprises pourront très bien assurer la cohabitation des deux protocoles”, insiste Patrick Grossetête. Ainsi, toutes les applications compatibles avec IPv4 pourront fonctionner de façon transparente sous IPv6.Depuis 5 ans, un réseau expérimental a été mis en place au-dessus d’internet par les opérateurs et les constructeurs, rejoints par les centres de recherche et universités. Plus d’un millier d’organismes sont connectés à 6Bone ?” c’est son nom ?”, une infrastructure qui a permis de tester grandeur nature les équipements et de garantir la viabilité des nouvelles spécifications issues des travaux sur IPv6. Toutefois, la plupart des fonctionnalités importantes sont d’ores et déjà présentes dans IPv4, comme la vérification de l’intégrité des données. Introduite à la genèse du protocole internet, cette fonctionnalité, nommée checksum, avait pour objectif de pallier la faiblesse des modems de l’époque. Or, ces équipements sont devenus suffisamment fiables pour pouvoir passer outre cette étape, ce qui tend à décongestionner le réseau.Aboutir à une meilleure gestion de flux, autorisant le respect de règles de qualité de service, est l’un des objectifs majeurs de l’IPv6. Pour y parvenir, l’IETF a prévu un champ dédié : le “flow label “. En matière de gestion des flux, IPv6 prévoit le multicast. Un même flux de données pourra désormais être émis à destination d’une multitude de personnes, à l’inverse de l’unicast ?” une émission vers une seule personne ?” aujourd’hui encore de rigueur.

L’ère des terminaux nomades

En phase avec les nouvelles technologies d’accès sans fil, l’autoconfiguration est probablement le plus immédiat des nouveaux apports d’IPv6. Deux ordinateurs seront désormais capables de se retrouver sur un même réseau. Une adresse IPv6 comprend un préfixe de lien grâce auquel un ordinateur cherchera dans son environnement réseau immédiat les équipements avec lesquels communiquer. Côté utilisateurs, les possesseurs d’ordinateurs portables pourront désormais aisément communiquer et s’échanger des documents dans un environnement équipé de bornes sans fil, les aéroports ou les grands hôtels par exemple, sans avoir à reconfigurer leur terminal pour accéder au réseau.

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Christophe Dupont