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La nouvelle idée de l’administration Trump : créer un réseau 5G contrôlé par l’Etat

Le Conseil national de sécurité réfléchit à ce que les Etats-Unis gèrent leurs propres infrastructures télécoms pour accélérer le déploiement 5G et ne plus être dépendant de l’industrie chinoise.

Alors que AT&T et Verizon se battent pour prendre le leadership en matière de 5G outre-Atlantique, le Conseil de sécurité nationale étudie très sérieusement la possibilité de nationaliser le réseau mobile américain. Le projet a été révélé par le site Axios qui a récupéré un fichier Powerpoint et un mémo d’un membre du conseil. Les documents indiquent que l’Amérique aurait besoin d’un réseau national 5G centralisé d’ici trois ans, avant la fin de la présidence Trump. Ils prévoient aussi que cette décision susciterait des débats féroces au sein de l’administration, ainsi que la fureur des opérateurs au cours des 6-8 prochains mois. Mais ce ne seraient pas les seules difficultés.

Car ce plan pose notamment un problème de logistique :  comment le construire et le financer ? Deux options seraient envisagées : le gouvernement possède et construit le réseau… ou bien les opérateurs se regroupent au sein d’un consortium et déploient les infrastructures pour le compte des Etats-Unis. Mais le mémo penche clairement en faveur de la première solution. Ce qui n’exclurait pas la possibilité que des sociétés privées conservent leur propre marché sur certains territoires.

Se prémunir des cyberattaques chinoises

Une telle entreprise serait justifiée par le fait de rester indépendant de l’industrie chinoise qui domine le marché des télécoms. Ce qui permettrait, en outre, de se prémunir de nombreuses cyberattaques, la Chine étant considérée comme « l’acteur malveillant dominant dans le domaine de l’information », selon l’auteur des documents. Le gouvernement fédéral pourrait imposer un processus standard d’installation des équipements dans tous les Etats pour renforcer la sécurité du réseau. Les Etats-Unis seraient ensuite à même d’exporter ce modèle à destination d’alliés démocratiques déterminés à lutter contre la domination chinoise dans les télécoms mais aussi de pays en voie de  développement menacés par le « comportement néo-colonial chinois », dixit le mémo.

La montée en puissance de la Chine et sa domination dans le domaine des télécoms est bien réelle, qu’il s’agisse des équipementiers Huawei et ZTE ou des constructeurs de smartphones comme OnePlus ou Xiaomi. Et les Etats-Unis n’ont de cesse d’accuser ces sociétés de vouloir espionner les intérêts américains pour le compte du gouvernement de leur pays. C’est la raison pour laquelle la plupart des smartphones chinois ne sont pas commercialisés aux Etats-Unis et que et Congrès souhaite maintenant légiférer contre les équipementiers. Il faut dire que des backdoors chinoises ont déjà été découvertes dans des smartphones Android. Ou qu’une affaire comme celle des appareils Wiko qui transféraient chaque mois des données vers des serveurs en Chine, ne plaide pas en la faveur des entreprises de l’Empire du milieu.

Toutefois, l’hypothèse qu’un réseau mobile nationalisé pourrait permettre aux Etats-Unis d’accélérer le déploiement de la 5G paraît difficilement tenable. Une telle décision retarderait plutôt le processus déjà bien engagé par les opérateurs privés. Enfin, cela ne suffirait bien entendu pas à garantir une sécurité parfaite du réseau…

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Amélie Charnay