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La couverture 4G progresse en France… malgré de nombreux obstacles sur le terrain

Une nouvelle fournée de sites mobiles doit être déployée dans les deux ans en zone rurale pour améliorer la couverture mobile. Mais si les zones blanches sont en voie d’extinction, les zones grises restent difficiles à résorber.

Lentement mais sûrement, les zones non couvertes par la téléphonie mobile disparaissent en France. Une liste de 339 nouveaux sites 4G en zone rurale a été dévoilée aujourd’hui par le secrétaire d’État au numérique Cédric O. Elle s’ajoute aux 768 pylônes déjà mis en service depuis les débuts du New Deal mobile signé en 2018 entre les opérateurs.

« Nous arrivons maintenant à près de 3000 pylônes désignés par arrêté, donc nous sommes en train de faire un pas considérable », a déclaré Cédric O à l’occasion de la conférence de l’Arcep sur les territoires connectés ce jeudi 8 avril. Aujourd’hui, 80% des zones blanches seraient couvertes et la généralisation de la 4G où il y avait de la 2G est en passe d’être achevée.

La suite du programme paraît simple : les pouvoirs publics identifient les points défaillants en zone rurale et urbaine et les opérateurs ont deux ans pour mettre en service leurs antennes, en mutualisant si possible les infrastructures. Mais la mise en pratique n’est pas si aisée.

Lenteurs administratives et hostilité des populations

Cédric O lui-même a reconnu des lenteurs dans le processus. « Cela prend toujours un peu de temps. Il faut trouver le terrain, le viabiliser, avoir les autorisations, etc », a-t-il nuancé.

Allant dans ce sens, la Secrétaire Générale de Bouygues Telecom Liza Bellulo a souligné que dans les zones rurales, les opérateurs intervenaient souvent sur des sites protégés et qu’il était très difficile d’obtenir des autorisations. Sans compter les délais de raccordement à l’électricité par Engie.

Une station de base avec antennes 2G, 3G et 4G.
Vodafone Medien – Une station de base avec antennes 2G, 3G et 4G.

Les opérateurs sont sommés de mettre en service leurs antennes au bout de deux ans. « 24 mois pour déployer un site, c’est court et compliqué », a dénoncé le vice-président de Free Maxime Lombardini. « Nous ne choisissons pas les zones d’implantation et quand la couverture arrive, on peut se retrouver face à de très fortes oppositions de la population qui arrivent très tard dans le dispositif ».

Les représentants des collectivités territoriales ont confessé leur désarroi face à ces résistances. « Les citoyens veulent le réseau téléphonique, mais ne veulent pas de pylônes », a expliqué Yves Krattingert, le président du Conseil départemental de la Haute-Saône. « Les maires nous sollicitent (…) et renoncent parfois en cours de route et reviennent sur leur autorisation ».  Des revirements qui surviennent quand fleurissent des pétitions.

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Une mutualisation compliquée en zone grise

Pour Maxime Lombardini, le dispositif de couverture ciblée fonctionnerait malgré tout très bien dans les zones blanches. Mais serait un échec dans les zones grises, c’est-à-dire celles qui sont mal couvertes. Car la mutualisation serait délicate sur ces territoires.

« Les uns après les autres, les opérateurs construisent des sites voisins de sites qui existent déjà parce que la politique publique est défaillante sur le sujet ». D’après lui, il serait difficile de s’entendre entre concurrents pour mutualiser les infrastructures. « Si on laisse les acteurs entre eux, il ne se passera pas grand-chose », a-t-il ajouté, réclamant davantage d’engagements volontaires de la part des opérateurs. Cette multiplication de pylônes aurait un impact négatif à plusieurs niveaux. « Chaque fois qu’on installe un pylône de 35 mètres de haut, cela n’est pas très réjouissant d’un point de vue paysager et économiquement, c’est une aberration ».

Liza Bellulo, elle, a insisté sur les obstacles techniques et sanitaires dans les centres urbains. « La mutualisation est difficile dans les zones très denses », a-t-elle pointé. Il faut arriver à trouver des points hauts qui supportent les 65 kilos de matériel de chaque opérateur, mais aussi respecter les valeurs limites d’exposition aux ondes électromagnétiques pour les habitants comme les techniciens qui interviennent, alors même que les équipements sont dimensionnés pour une population dense. Si les conditions ne sont pas remplies, les opérateurs doivent alors renoncer à la mutualisation.

Rappelons qu’il reste plusieurs milliers de sites à déployer durant les quatre prochaines années dans toute la France pour finaliser la couverture 4G du pays.

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Amélie CHARNAY