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L’Hadopi scrute de près la littératie des pirates de contenus dématérialisés

Depuis des années, ceux que l’on appelle désormais les pirates, ont acquis une expérience telle que rien de les arrête. Ils s’adaptent à l’évolution pour télécharger illégalement et gratuitement musique, films et série TV.

Pour le moment, aucun système légal ne peut concurrencer les services illégaux pour accéder à des films, des séries TV ou de la musique. Leurs points forts sont l’accessibilité, l’exhaustivité et surtout la gratuité. Pour se fournir, les utilisateurs suivent de près l’évolution technologique en évoluant du peer-to-peer au streaming, du ripping de DVD aux forums.

C’est ce que révèle l’étude intitulée « Stratégies d’accès aux œuvres dématérialisées » réalisée par le département Recherche, Etude et Veille (DREV) de l’Hadopi qui note que la consommation de biens dématérialisés continue d’évoluer pour profiter plus largement aux plateformes illégales qu’aux autres avec 43% qui reconnaissent se tourner vers des offres illicites.

La première raison qui les incite à contourner la loi est la facilité d’accès aux contenus illégaux. Pour la musique, 75% estime que cet usage est « facile ». Pour les films ils sont 72% et pour les séries TV 70% a trouvé aisées les méthodes proposées par les plateformes illégales. Chez les 15-24 ans, la souplesse du système illégale est encore plus reconnue.

La peur du gendarme, en l’occurrence de l’Hadopi ne freine pas les usages. Lors d’entretiens avec des internautes, les internautes ont indiqué qu’ils savaient « adapter leur pratique illicite et privilégier les chemins d’accès les moins risqués ». D’ailleurs, pour eux, l’infraction de la loi n’est pas le plus grand danger. Les internautes font surtout attention aux virus et aux malwares.

Ils se tournent donc plus vers le streaming et le stream ripping parce que c’est simple, rapide et sans danger. Le peer-to-peer est toujours perçu comme un risque de recevoir la fameuse première recommandation de rappel à l’ordre.

“’L’aptitude à comprendre et à utiliser le numérique”

Malgré l’efficacité des plateformes illégales, les internautes admettent que le service peut encore être amélioré. Outre les virus et malwares, 46% constate que l’œuvre désirée n’est pas toujours celle que l’on obtient, 57% confient la difficulté à trouver des fichiers de bonne qualité et 66% regrettent que « plus un site illégal est fréquenté, moins il est sûr. »

Cette étude propose plusieurs enseignements. Le premier est que les plateformes légales pourraient s’inspirer des offres illégales pour simplifier l’accès aux contenus et pour le rendre plus réactif. En effet, pour les films et série TV, la chronologie des médias donnera toujours l’avantage aux contenus illicites qui mettent à disposition un programme rapidement alors que la version légale nécessitera plusieurs mois avant d’arriver en VOD.

Mais, le véritable point noir du piratage reste la gratuité. D’ailleurs, les internautes le reconnaissent. Le premier critère qui les fait aller sur l’une ou l’autre plateforme ne repose que sur ce point. La qualité des fichiers n’arrive qu’après qu’il s’agisse de musique, de films ou de série TV.

En faisant remarquer que la littératie numérique est le socle d’une société inclusive, le Conseil National du numérique ne pensait peut-être pas à quel point le constat est vrai. Dans son dernier rapport, le CNNum proposait une définition du terme littératie qui pourrait chercher à entrer dans le langage courant. Il s’agit, selon le Conseil, de « l’aptitude à comprendre et à utiliser le numérique dans la vie courante […] en vue d’atteindre des buts personnels et d’étendre ses compétences et ses capacités. […] » Cet accès est, pour le CNNum, « un impératif moral et une nécessité économique ». Pour l’Hadopi, pas vraiment.

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Pascal Samama