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Kaspersky veut prouver qu’il n’est pas un agent du gouvernement russe

Les rumeurs de collusion avec le Kremlin risquent de faire perdre de gros contrats à Kaspersky. Le fondateur et PDG de l’entreprise monte donc au créneau pour la défendre.

Pour éviter de se voir retirer des contrats avec l’armée ou des organismes gouvernementaux américains, Eugene Kaspersky, patron de l’éditeur de produits de sécurité qui porte son nom, a indiqué dans un entretien avec l’agence Associated Press qu’il était prêt à tout faire pour prouver qu’il n’était pas à la solde du gouvernement russe.

« Si les Etats-Unis le souhaitent, a indiqué le dirigeant, nous pouvons soumettre le code source de nos produits à une inspection. » Il a ajouté être prêt à témoigner devant la justice américaine. « Tout ce que je pourrai faire pour prouver que nous ne faisons rien de mal, je le ferai. »

Des jalousies vieilles de vingt ans

Eugene Kaspersky a également déclaré être prêt à déplacer une partie de ses équipes de recherche aux Etats-Unis pour aider à faire taire les rumeurs de collusion avec le Kremlin qui sont remontées à la surface en mai 2017 mais ont démarré il y a deux décennies, selon lui, par jalousie professionnelle.

L’homme, qui a étudié dans une école « sponsorisée » par le KGB et a travaillé pour le ministère de la Défense russe a longtemps été considéré avec suspicion par une partie de ses concurrents, en particulier lorsque ses antivirus sont devenus populaires aux Etats-Unis. Certains estiment qu’il a conservé des connexions avec les services secrets russes tandis que d’autres pensent qu’il ne peut pas avoir développé une entreprise indépendante en Russie où l’économie est dominée par des sociétés d’Etat et où le pouvoir des agences d’espionnage a augmenté depuis l’accession de Vladimir Poutine au pouvoir.

Même si aucune preuve n’a jamais été fournie, ces soupçons ont perduré au point de pousser fin juin des hommes politiques à réclamer l’interdiction de l’utilisation des produits Kaspersky par l’armée américaine. Parallèlement, le FBI a également interrogé une douzaine de salariés américains de l’entreprise russe sans que l’on sache encore quel était l’objet de cette enquête, a révélé la chaîne NBC.

Pas question de devenir des pirates

Lors de son interview avec Associated Press, le dirigeant a donc répété qu’il n’avait jamais bénéficié d’une protection officielle et que son entreprise faisait un travail de protection même si certains gouvernements l’avaient approché pour lui proposer de passer au piratage, qu’il appelle le côté obscur, ce dont il « n’a même pas voulu discuter ».

Cela dit, la proposition d’inspection du code source ne rassurera pas tous les sceptiques dont certains sont plus inquiets des salariés du groupe et des données qu’ils collectent que de l’intégrité des logiciels de la marque. Mais là aussi Eugene Kaspersky a une réponse rassurante. S’il est possible qu’il y ait « des anciens des services secrets russes parmi ses vendeurs », la séparation des différents services de Kaspersky permet d’éviter qu’un homme seul n’abuse de l’entreprise.

Et le dirigeant d’insister que son entreprise ne participera jamais consciemment à des cyberattaques menées par des Etats. « Nous n’irons jamais du côté obscur », a-t-il conclu. Cela suffira-t-il à rassurer les autorités américaines ? Pas sûr.

Sources :
Associated Press et NBC

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Cécile BOLESSE