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Jules Polonetsky (Doubleclick) : ” Le respect de la vie privée est bon pour les affaires “

Directeur en charge du respect de la vie privée, ou chief privacy officer en anglais, Jules Polonetsky explique comment il concilie son statut d’employé de Doubleclick et de garant des droits des consommateurs.

Première régie publicitaire sur Internet, Doubleclick tient du Grand Satan pour les défenseurs de la vie privée en ligne. Elle a été en effet au centre d’un procès à cause de son intention de croiser les bases de données personnalisées d’Abacus avec ses propres renseignements. En réponse à la tempête médiatique que cela avait soulevée à l’époque, Doubleclick avait créé un poste de chief privacy officer (CPO), ou directeur en charge du respect de la vie privée. Ce poste est aujourd’hui occupé par Jules Polonetsky, un ancien haut fonctionnaire de la ville de New York, en charge de la protection des consommateurs. Ce dernier confie à 01net. toute la difficulté de son poste, pour lequel il ne veut pas endosser le costume de l’agneau. Indépendant de l’exécutif de sa société, il se dit persuadé qu’un bon CPO peut devenir une bonne affaire.En quoi consiste votre poste ?Je dois d’abord m’assurer du respect de toutes les lois relatives à la protection de la vie privée. Et ce non seulement auprès des employés de Doubleclick mais aussi de nos clients. Au final, l’objectif est qu’une information claire et transparente soit fournie aux internautes. Je dois pour cela m’adresser à nos clients, puisque, au sein de Doubleclick, nous ne touchons pas l’utilisateur final.Comment agissez-vous sur vos clients ?Sur le plan légal, je m’assure qu’ils respectent les lois en vigueur sur le respect de la vie privée. Le plus souvent, je les tiens même au courant, nombre d’entre eux n’ayant pas connaissance de toutes leurs obligations. Mais nous voulons aussi aller au-delà. Demander à tous les sites d’écrire noir sur blanc leur politique en la matière est une contrainte inédite pour beaucoup.Quels sont les premiers effets de votre nomination ?Depuis que nous avons exigé de nos clients qu’ils mettent en place des chartes de respect de la vie privée, une cinquantaine de sites a arrêté de travailler avec nous. En fait, la politique de mon équipe rend souvent le travail plus difficile pour les commerciaux. Un exemple récent : sur le WAP, nos clients vont ainsi devoir utiliser un processus de double validation. Pour recevoir des informations sur son téléphone, il faudra d’abord cocher une case, puis répondre positivement à un message demandant confirmation et, seulement après, l’abonnement sera validé.Vous êtes donc un poids pour Doubleclick ?Non, il ne faut pas être naïf. Mon poste existe parce que nous sommes persuadés que le respect de la vie privée, chez nous comme chez nos clients, est bon pour les affaires. Un consommateur qui apprend qu’un site se livre à des pratiques douteuses avec ses informations va éviter non seulement ce site, mais tous les sites Web.Vos positions sont parfois en contradiction avec celles des services marketing. Comment résolvez-vous ces conflits ? Je ne rapporte pas au PDG de Doubleclick, mais directement au conseil d’administration, qui a qualifié de priorité le respect de la vie privée. Je ne dépends en rien de ceux qui gèrent Doubleclick au jour le jour. Le PDG n’a pas à me dire ce que j’ai à faire.Qu’est-ce qui pourrait vous faire démissionner ?La moindre petite infraction. Il n’y a pas de petits et de grands problèmes de respect de la vie privée, il s’agit d’une philosophie qui doit être intégralement respectée.

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Ludovic Nachury