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‘ Java sous licence open source, cest un pari ‘

Après des mois de réflexion sur la manière de transformer Java en logiciel libre, Sun a tranché pour la licence GPL, la plus utilisée dans les projets open source. Entretien avec Simon Phipps, responsable open source chez Sun.

Sun n’en finit pas de se rapprocher des communautés libres. Cette semaine, le constructeur a choisi la licence GPL (General Public Licence) pour sa technologie Java. Il devrait ainsi ratisser un plus grand
nombre de développeurs. Les trois éditions (mobile, standards, et entreprise) sont concernées, ainsi que la machine virtuelle Hotspot. Simon Phipps, responsable open source chez Sun, détaille cette décision. 01 Informatique : Quelles technologies sont concernées ?


Simon Phipps : La machine virtuelle Hotspot, le compilateur Java, et le système d’aide Javahelp afin que les développeurs puissent se lancer. Quant à la déclinaison mobile de Java, le profil CLDC
(Connected Limited Device Configuration) est disponible. Le CDC le sera dans les prochaines semaines. Pour la version Java SE 6, le JDK complet sera transféré sous licence libre d’ici à six mois. En effet, nous ferons
migrer 6 millions de lignes vers un système public de gestion de versions. Pour la version EE, sa licence CDDL actuelle sera doublée de la GPL.Pourquoi avoir choisi la licence GPL ?


Java a 11 ans. Il est utilisé par 10 millions de développeurs dans le monde. Huit téléphones portables sur dix l’embarquent. Et après ? Comment, à partir de là, développer le marché ? Pour progresser, nous devons
le faire croître globalement. Et ce n’est pas en tuant la compétition que l’on y parvient. C’est un pari. L’un des principaux problèmes résidait dans l’impossibilité de livrer Java directement avec les
distributions Linux, Fedora, Debian, et toutes ses variations.


En Amérique du Sud, par exemple, la principale distribution est Debian. Elle est aussi très présente en Europe. Nous avons considéré la licence Apache, ou la CDDL. Mais la GPL offre une garantie de compatibilité supérieure. La décision
de l’adopter a été difficile à prendre. Elle ne faisait pas l’unanimité. Nous sommes les garants de la plate-forme Java, et notre rôle est de la protéger. Chacun de nos choix implique des millions de développeurs, et probablement des
milliards d’utilisateurs. Nous avons donc longuement réfléchi.Les problèmes de propriété intellectuelle soulevés par Sun ont-ils disparu ?


En libérant le code sous licence GPL, Sun crée un précédent juridique, une préclusion. C’est-à-dire une action qui rend toute action future impossible. Le passage du test de compatibilité (TCK) constitue aussi une protection à
propos des brevets. Il existe désormais deux façons de se prémunir : d’une part, passer le TCK, comme d’habitude ; de l’autre, utiliser Java dans le cadre de la licence GPL, avec l’exception Classpath.Ne craignez-vous pas de voir apparaître des versions divergentes de Java ?


C’est très improbable. Actuellement, deux projets de portage de Java en open source existent : Apache Harmony et GNU Classpath. Il y a un an et demi, les développeurs n’avaient que leur projet libre en tête, et ne se
préoccupaient pas de la compatibilité. Ils sont devenus plus pragmatiques. Et si un gros acteur souhaitait se lancer dans un tel projet de divergence, je crois qu’il devrait le faire en secret, car il serait vite dénoncé. La GPL est une
garantie à ce niveau.Ce virage vers la licence GPL concerne-t-il aussi Netbeans ou Open Solaris ?


Non. Je crois qu’il faut disposer de licences adaptées pour chacune des communautés. La CDDL est parfaite pour Netbeans et pour Open Solaris. Depuis qu’il est disponible sous licence Apache, Jini rencontre un véritable
succès. Il en va de même pour l’Ultrasparc, qui a été le premier processeur sous licence GPL. La disponibilité du code a été la clé du succès de Java.

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Philippe Davy