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J’ai téléchargé des téraoctets. Et maintenant, j’en fais quoi ?

Celui qui accumule des logiciels ou des films piratés sur son disque dur se pose rarement une question pourtant essentielle : vais-je vraiment en profiter ?

Le phénomène n’est pas nouveau ; depuis les origines de la micro-informatique, il existe une frange d’utilisateurs qui ne semblent poursuivre qu’un seul but : réunir la collection la plus complète de sharewares, de freewares,
voire de logiciels du commerce soigneusement piratés.Ce qui est étonnant, c’est que, pour ces collectionneurs, la qualité de la logithèque se mesure en gigaoctets, voire en téraoctets (1 To = 1 024 Go), et non en fonction de l’utilité de son contenu. J’ai parfois rencontré
de tels utilisateurs, qui avaient rempli des bibliothèques entières de gestionnaires de fichiers, nettoyeurs de disques durs, optimiseurs de mémoire ou autres calculatrices … mais qui n’avaient réellement installé et utilisé qu’une infime
minorité de ces programmes.Heureusement, d’ailleurs ! Car l’installation simultanée d’une cinquantaine d’utilitaires en tout genre aurait semé une pagaille monstre sur leur PC. Quant à l’utilisation simultanée d’une dizaine de programmes d’optimisation, pas
toujours bien testés par leurs auteurs, je n’ose imaginer le plantage monstre qu’elle aurait provoqué !Aujourd’hui, ce ne sont plus seulement des logiciels que l’on télécharge. Quelques amateurs de cinéma ont ainsi engrangé une ‘ filmothèque ‘ de plusieurs centaines de titres. Mais qu’en font-ils ? A moins
d’y passer six heures par jour, le temps leur manque pour tous les regarder.Et s’ils songent à organiser un réseau d’échange à grande échelle avec leurs copains d’école, d’université ou leurs collègues de travail, les récentes décisions de justice prises à l’encontre des internautes indélicats devraient calmer
leur ardeur.La vraie question est celle-ci : la gratuité d’un bien ou d’un service, qu’elle soit réelle comme c’est le cas pour un freeware, ou obtenue par voie illégale, peut-elle constituer une motivation suffisante ?Celui qui a acheté, et donc choisi, un DVD n’en profitera-t-il pas un peu plus que celui qui l’a récupéré au hasard de ses recherches sur un réseau d’échanges ? Mon propos n’est nullement de condamner le piratage, je n’ai, pour
cela, aucune autorité morale ni légale. Je sais aussi qu’on pourrait m’opposer un argument parfaitement valable : le prix réellement excessif des logiciels et des DVD.Je soumets simplement un sujet de réflexion aux brasseurs de gigaoctets : que ferez-vous vraiment de votre récolte ? Les écureuils accumulent peut-être une grande quantité de noisettes pour l’hiver, mais, ces noisettes, ils
les mangent !* Rédacteur en chef adjoint de l’Ordinateur IndividuelProchaine chronique vendredi 1er avril

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Etienne Oehmichen*