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Interview de F. Loos, ministre délégué à l’Industrie : la France et l’innovation

Près de 8 millions de Français branchés haut-débit, des ventes de PC parmi les plus dynamiques d’Europe… La France rattrape son retard dans les TIC. Mais les PME françaises, elles, sont à la traîne. François Loos
revient sur les récentes mesures gouvernementales pour favoriser l’innovation en France.

01 Informatique : comment analysez-vous la position actuelle de la France en matière de technologies de l’information et de la communication ?


François Loos : La situation est contrastée. Le secteur producteur de TIC (opérateurs et équipementiers télécoms, SSII…) se redresse après l’éclatement de la bulle. La diffusion des TIC dans le
grand public connaît un développement fulgurant. La France, qui comptait 700 000 abonnés à l’internet à haut-débit en mai 2002, en a aujourd’hui près de 8 millions. Les usages numériques explosent. Les ventes de PC sont
les plus dynamiques d’Europe.


En revanche, les entreprises françaises, notamment les PME, ont investi deux fois moins dans les TIC que leurs homologues aux Etats-Unis au cours des dix dernières années. Si l’on additionne la valeur ajoutée créée par le secteur
producteur et les gains de productivité permis par la diffusion des TIC dans tous les secteurs économiques, plus du quart de la croissance du PIB français (la moitié aux Etats-Unis) est imputable aux TIC. Nous voulons donner une impulsion à la
compétitivité de nos PME par les TIC grâce à l’appel à projets TIC-PME 2010, lancé fin septembre.La place accordée aux technologies de l’information dans nos grands programmes nationaux est-elle suffisante ?


Les TIC sont l’une de nos priorités. Le soutien du ministère de l’Industrie aux composants électroniques a permis à la France de bâtir des succès et d’attirer de nombreux investissements dans ce domaine. Nous
renforçons notre action dans les logiciels. Je voudrais souligner que, parmi les pôles de compétitivité, nombreux sont ceux dédiés aux TIC, notamment ceux à vocation mondiale.Quel est le rôle de l’Agence pour l’innovation industrielle (AII) parmi les moyens dont s’est doté le ministère de l’Industrie pour susciter une demande d’innovation de la part des industriels
français ?



Le principe de l’AII est de déclencher, par sa participation au financement aux côtés des industriels, le lancement de projets innovants qui n’auraient pas été initiés sans elle. Nous ne souhaitons pas générer un effet
d’aubaine en finançant des projets que les entreprises auraient financés seules. Pour un grand projet donné, l’AII contractera avec une seule entité industrielle, qui sera invitée à déléguer des tâches à d’autres entités,
notamment à des PME, pour lesquelles un objectif de sous-traitance de 25 % a été fixé.


Par exemple, l’AII va pouvoir prendre en charge la réalisation de grands projets communs à plusieurs entreprises, comme le moteur de recherche multimédia européen Quaero. Cette agence apporte une dimension supplémentaire à
l’action du ministère en invitant les grandes entreprises à orienter leurs choix vers des secteurs porteurs de croissance.Pourrait-on promouvoir en France un système proche du ‘ Small Business Act ‘ américain ? Chez nous, on voit parfois l’Etat financer des petites entreprises innovantes et,
en même temps, les écarter des grands appels d’offres publics. Cela n’est-il pas contradictoire ?



A travers la signature du Pacte PME, 15 grands comptes (publics et privés) se sont déjà engagés à faciliter le développement des meilleures PME innovantes. A court terme, chaque acheteur public rendra compte de la part de ses achats
passés à des PME. Un observatoire de la commande publique sera installé avant la fin de l’année. Nous faisons le maximum pour faciliter l’accès des PME à la commande des grands comptes, privés et publics.


Comme nos engagements internationaux interdisent d’introduire une préférence pour les PME dans le code des marchés publics, nous allons sensibiliser nos partenaires européens pour obtenir une modification des accords OMC, puis des
règlements européens.Est-il possible de créer, sur un modèle proche de celui des centres techniques industriels (CTI), des ‘ laboratoires des usages ‘ dédiés aux nouvelles technologies ?


Bien sûr, des ‘ laboratoires des usages ‘ sont souhaitables, et l’on peut imaginer que des constructeurs ou des collectivités veulent en mettre en place. Par exemple, la conception du programme Galiléo
s’intéresse autant aux usages et aux services rendus aux utilisateurs qu’à l’infrastructure satellitaire. Les CTI peuvent aussi jouer un rôle dans la diffusion des TIC dans les secteurs industriels traditionnels.Les pôles de compétitivité peuvent-ils créer des incubateurs (pépinières) pour faire vivre les projets communs aux industriels et à la recherche académique ?


C’est tout à fait possible. La preuve en est que certains pôles avaient déjà créé des incubateurs avant d’être labellisés. Cette démarche mérite d’être encouragée. Je note qu’Oséo et la CDC, susceptibles de
participer aux incubateurs, figurent parmi les modes de financement des pôles de compétitivité par l’Etat. De plus, rien n’interdit aux collectivités locales de choisir de financer des incubateurs.* auprès du ministre de l’Economie, des Finances et de l’Industrie

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Luc Fayard