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Ilog part à la conquête des développeurs Visual Basic

Après C++ et Java, Ilog porte ses composants logiciels sur.Net. Objectif : les mettre à la disposition d’une population qu’il avait jusqu’ici délaissée, les développeurs Visual Basic.

“Pour Ilog, 2002 sera l’année des services web et de.Net”, déclare sans ambages Jean-François Abramatic, Senior Vice President recherche et développement d’Ilog. Le 11 février dernier, l’éditeur français a marqué sa stratégie d’expansion d’une nouvelle étape majeure en annonçant le portage de ses trois gammes de composants logiciels ?” visualisation, règles métier et optimisation ?” sur.Net, la dernière plate-forme de Microsoft. Ce nouveau jalon dans l’histoire du Français est au moins aussi important que le virage qu’il avait négocié vers Java voilà maintenant plus de quatre ans.C’est en effet en 1997 ?” l’année de son dixième anniversaire ?” que le spécialiste national de l’intelligence artificielle entrait de plain-pied dans le monde Java : sa bibliothèque graphique vectorielle Views sortait dans sa version JViews. Et ce après avoir commencé à affirmer son expertise à la fin des années quatre-vingt sur le langage Lisp et établi sa renommée au milieu des années quatre-vingt-dix avec ses composants écrits en C++.

Un enjeu de taille pour le Français

S’il lui a fallu deux ans pour adopter le langage de Sun et, par la suite, ce qui est devenu une plate-forme de déploiement à part entière, l’adhésion d’Ilog à.Net a été immédiate. Tandis que la date de disponibilité générale de la première version de.Net Framework est fixée à fin février, les nouveaux produits Ilog Rules, Ilog Views et Ilog Optimization Suite pour.Net sont prévus pour la mi-mars prochain, soit seulement quinze jours plus tard !“Un nouveau langage objet inventé en 1995 par un constructeur de stations de travail, ce n’est pas la même chose que l’annonce, en 2002, de la nouvelle architecture du leader de l’industrie logicielle”, argumente Jean-François Abramatic. Sous-entendu,.Net est un passage obligé : “Nous réalisons 50 % de notre chiffre d’affaires sur Windows (l’autre moitié sur Unix ?” NDLR). ” Pour le Français, l’enjeu est de taille.En déclinant ses composants dans plusieurs langages de programmation, l’objectif d’Ilog est de les mettre à la disposition du plus grand nombre de développeurs de la planète. “Avec C++ et Java, nous atteignons aujourd’hui les deux tiers de cette population, affirme Jean-François Abramatic. Avec.Net, nous partons à la conquête du tiers manquant.” Un tiers composé en majorité de développeurs… Visual Basic (VB).En 2000, la plus récente étude d’IDC menée au niveau mondial sur le sujet pointait le nombre de développeurs C/C++, VB et Java à, respectivement, 3 millions, 2,3 millions et 1,2 million. Selon d’autres estimations plus récentes et concordantes, le nombre de programmeurs VB dépasserait désormais les 3 millions. “Microsoft a réalisé un saut quantique en matière de développement, estime Jean-François Abramatic, qui a délaissé son siège de chairman du W3C en décembre dernier. L’aspect multi-langage de.Net est un élément essentiel.” Lequel, pour la première fois, permettra à un programmeur VB d’invoquer depuis son application le moteur de règles Rules ou le moteur de contraintes Solver de l’éditeur.

C#, un langage qui séduit

Reste que, avant de tirer parti de cette manne, Ilog devra adapter un par un ses composants à.Net. Une besogne qui ne s’achèvera pas avant la fin de 2003. Par comparaison, il a fallu attendre l’année 2001 ?” soit six ans après l’avènement de Java ?” pour voir, après la visualisation et les règles, le composant de programmation par contraintes Solver érigé aux couleurs du langage de Sun (JSolver).La mi-mars, première date butoir de la “road map”.Net d’Ilog, n’est en vérité qu’une formalité. Il s’agit de prendre les composants C++ Rules, Views et Optimization et de les soumettre au compilateur Visual C/C++ 7 pour les exécuter sur la plate-forme.Net sans qu’ils fassent appel à CLR (Common Language Runtime), la machine virtuelle de Microsoft. Dans ce cas, on parle du mode “unmanaged code “. Pour cette phase, “c’est Microsoft qui fait tout le travail en garantissant une compatibilité ascendante de.Net avec son ancien modèle Com+”, explique Jean-François Abramatic.Les choses sérieuses débuteront dans la seconde phase, ponctuée par l’avènement de composants “CLR compliant “. Là, la question se pose : faut-il réécrire les composants Ilog en “C++ managed” ou en C#, le nouveau langage objet de Microsoft ? “Pour l’heure, nous n’avons pas encore statué sur ce choix”, concède le directeur R&D d’Ilog. Pourtant, selon lui et suite aux premières évaluations internes, “C# est un langage qui plaît. Les développeurs Ilog ont contribué à remplir le Palais des Congrès le 31 janvier dernier, lors des Microsoft Devdays 2002.”Une première étude a consisté à tester la nouvelle bibliothèque graphique GDI Plus de.Net. Et ce parce que “passer de Views à Views.Net représente la tâche la plus lourde du portage “. Les premiers résultats sont bons : les performances sont au rendez-vous, alors même que, aujourd’hui encore, “l’environnement graphique Swing de Java mériterait vraiment d’être optimisé “.

L’arbre.Net cache la forêt des services web

Si.Net se distingue par sa capacité intrinsèque à accueillir de multiples langages, c’est aussi un environnement de développement de services web, sur lesquels Ilog met désormais le cap toutes voiles dehors. Sans attendre l’aboutissement de.Net, l’éditeur a déjà entamé la conversion de ses composants Java en services web. JConfigurator, voué à la configuration de produits sur un site marchand. Il délaissera, à terme, son protocole de dialogue entre le client et le serveur Web Connector au profit de Soap.Comme l’indique Nitsan Seniak, directeur R&D de la gamme Business Rules, “maintenant que le moteur de règles JRules exploite Soap, il peut se poser en chef d’orchestre de services web assemblés pour former un processus métier global “. A ce titre, Ilog surveille de près le projet de moteur de règles de Microsoft, qui a pour nom de code Dragonfly.Celui-ci aurait notamment pour but de fournir un moteur de règles pour assembler les services web, dont la gestion des flux incombe à Biztalk, la plate-forme d’intégration d’applications du géant. Là, l’adhésion d’Ilog à.Net serait un gros atout en vue d’un éventuel futur accord OEM. Balayant toute polémique déclenchée par ceux qui estimeraient que le Français affiche un penchant pour Microsoft, Jean-François Abramatic tient à le rappeler : “Notre stratégie est multi-plate-forme. Ilog n’est pas l’inventeur du marketing mixte.”

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Stéphane Parpinelli et Ludovic Arbelet