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Icon Medialab rejoint les autres agences Web dans la tourmente

La société suédoise a pâti de son modèle de management et d’une internationalisation à outrance. Mais elle n’est pas la seule touchée. Moins de cinq agences Web devraient survivre en Europe, selon une étude de la SG Cowen.

Après les déboires de la web agency suédoise Framfab, qui avait clôturé l’année 2000 avec des pertes deux fois supérieures à son chiffre d’affaires, c’est au tour de sa cons?”ur, la suédoise Icon Medialab, de plonger dans les difficultés. Cette dernière vient d’annoncer le licenciement de 320 de ses collaborateurs. Finalement, le “funky business”
[du titre du livre culte du management à la suédoise, NDLR] ne fait pas recette.Le chiffre d’affaires trimestriel d’Icon Medialab s’établit en effet à 47 millions d’euros, en baisse de 16 % par rapport au trimestre précédent, alors que les pertes opérationnelles explosent, passant de 6,5 à 25,7 millions d’euros.Selon Patrick Galmard, directeur général de la filiale française d’Icon, les trois quarts des licenciements auront lieu en Suède :” la filiale française se porte bien et ne sera pas affectée. Les pertes de l’entreprise proviennent essentiellement d’une politique d’expansion trop optimiste. “

Le management à la suédoise, très ” funky “, mais pas toujours efficace

A cela s’ajoute une erreur stratégique, puisque Icon Medialab a cherché à multiplier les implantations régionales dans son pays d’origine. La Suède compte trois agences, qui regroupent plus de 400 collaborateurs.La filiale française est, pour sa part, déjà rentable selon son directeur général avec 4 gros contrats qui représentent 50 % de son chiffre d’affaires : Air Liquide, Genesys, Michelin (dont le site est sorti il y a deux semaines) et MTV (qui ouvrira début juillet).Mais cette bonne santé, Icon Medialab France la doit peut-être à sa restructuration entamée dès septembre 2000 par une ” séniorisation ” de son management, Patrice Galmard lui-même ayant été récemment nommé pour mettre en place des méthodes d’organisation plus rigoureuses. Et quoi qu’on dise, le management à la suédoise, très ” funky “, mais parfois peu efficace, a laissé la place à des process industriels beaucoup plus réglés.

Le développement externe à tous crins montré du doigt

Plus globalement, c’est l’européanisation à outrance de toutes ces web agencies qui est montrée du doigt. En moins de deux ans, Framfab a acquis pas moins de 12 sociétés, multipliant par 4 ses effectifs, uniquement en croissance externe.Dans une étude récente, SG Cowen, la banque d’affaires de la Société Générale, prédit une phase d’écrémage qui devrait durer de 12 à 18 mois. S’étant développées sur l’Europe toute entière, la plupart de ces sociétés vont faire face à des manques de liquidités, selon les analystes responsables de l’étude. A terme, moins de cinq d’entre elles pourraient survivre. Pour tenter de redresser la barre, elles devront vendre une grande partie de leurs activités.Et le mouvement est d’ailleurs déjà engagé : Icon Medialab devrait vendre une partie de ses avoirs à Londres, Berlin et Stockholm, tandis que Framfab se sépare d’une partie de ses actifs scandinaves.Selon l’étude de la SG Cowen, ce désastre pourrait profiter aux spécialistes du conseil click-and-mortar et notamment Cap Gemini Ernst & Young.

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Alain Stainmann