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HP-Compaq : les salariés américains n’adhèrent pas à la fusion

Les employés et ex-employés américains des deux constructeurs informatiques ne manifestent aucun enthousiasme pour la fusion. Jusqu’à développer une franche hostilité à l’encontre de Carly Fiorina.

Si elle se réalise, l’union de Compaq et HP deviendra le plus important mariage de l’industrie informatique. Un gigantisme qui laisse de marbre les salariés des deux compagnies, guère heureux du choix de leurs patrons. En particulier aux Etats-Unis.Pas de contestation ouverte ici, ni HP, ni Compaq ne possédant de syndicats outre-Atlantique. Seuls les salariés canadiens de Compaq commencent à s’organiser.Pour Terry Shannon, auteur de la lettre de référence sur Compaq, Shannon knows Compaq, le climat reste plutôt stable chez le constructeur texan : ” J‘ai l’impression que la motivation des employés, du moins ceux avec qui je suis en contact, n’a pas changé. Ils savent que les réductions d’emploi sont inévitables, fusion ou pas fusion.”Au contraire, Walter Rosenberg, délégué syndical allemand de Compaq, trouve ses collègues du siège texan très hostiles à la fusion. Ils qualifient Michael Capellas de traître, ayant vendu sa société pour une bouchée de pain. Une différence qui pourrait s’ expliquer par les populations touchées. Terry Shannon est avant tout en contact avec des salariés de Digital (société achetée par Compaq en janvier 1998) et “doute qu’ils se sentent extrêmement concernés par un autre changement de nom”.

Chez HP, on tremble pour son job

Concernés, les salariés de HP le sont. Mégafusion et licenciements constituent des nouveautés mal vécues par les employés de la vénérable société californienne. Les forums d’employés et d’ex-employés de HP dévoilent ainsi une nette hostilité au plan de Carly Fiorina. Sentiment relayé par les salariés contactés par 01net., qui ont tous souhaité rester anonyme. “Je ne connais aucun employé ou ex-employé qui soit un fervent partisan de la fusion, explique un ancien salarié qui travaillait au support technique. La plupart sont contre, certains auraient tendance à soutenir ce projet mais jamais avec enthousiasme.”Préoccupation majeure : l’emploi.“La fusion suscite avant tout de la peur, la direction ayant annoncé que d’autres licenciements étaient à prévoir.”La précédente charrette a laissé des traces vivaces. “Nous avons été mis à la porte en août, lors du premier et unique licenciement massif chez HP, raconte une salariée qui a travaillé 17 ans au siège de la compagnie. Alors que Hewlett et Packard avaient pour politique de ne pas licencier.”

Les manières de Carly choquent l’esprit maison

Tous se réfèrent aux temps anciens, quand les premiers dirigeants, jusqu’à Lew Platt, respectaient la philosophie maison, le ” HP Way “. Et voteront en faveur de Walter Hewlett. “Beaucoup d’employés, d’ex-employés et de retraités sont choqués que Carly Fiorina et sa bande aient pris à partie Walter Hewlett
et aient transformé le nom autrefois glorieux de Hewlett-Packard en sujet de ragots de machine à café, poursuit cette salariée. Pour moi, Walter Hewlett est la seule personne à ce niveau qui tente de
sauver le ” HP Way”. “Les manières de Carly Fiorina ne semblent pas avoir pris chez HP. Nommée pour donner un second souffle à la compagnie, elle a épuisé la patience de nombre de ses salariés. “Quand elle est arrivée chez HP, déclare une administratrice système depuis 30 ans dans la société, je me suis dit, nous les femmes allons pouvoir montrer aux hommes que nous sommes capables de parfaitement faire fonctionner une entreprise. Tout le contraire s’est produit. Elle se comporte comme une femme dans un magasin de chaussures, avec un crédit illimité, qui ne se demande pas qui va éponger sa frénésie de dépenses. HP est notre compagnie, pas la sienne.”Pour ces salariés mécontents, l’échec de la fusion est devenu une question de personne : celle du départ de Carly Fiorina.

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Ludovic Nachury, à New York