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Hewlett-Packard va supprimer 1240 emplois en France

Le constructeur informatique va supprimer 5 969 emplois en Europe, dont 1240 dans l’Hexagone (soit 26 % des effectifs de sa filiale française).

‘ On nous a dit sans rire que la France n’était pas spécialement visée. Mais en réalité, nous sommes bien les leaders mondiaux des suppressions de postes ‘, s’indigne Fabrice Breton,
délégué syndical CFTC HP France. C’est à l’issu d’un comité de groupe extraordinaire qui s’est tenu lundi 12 septembre au siège de HP France à Issy-les-Moulineaux (Hauts-de-Seine) que les salariés de la société ont appris la mauvaise
nouvelle : 1240 emplois (sur les 4 800 que compte la filiale française) vont être supprimés à l’horizon 2008.Selon Patrick Novak, délégué syndical central CFE-CGC, cité par l’AFP, 740 emplois seraient concernés chez HP CCF (Centre de compétence France) et environ 500 dans le secteur HPF (entité commerciale). Pour sa part, la direction se
refuse à communiquer des chiffres précis, mais espère mettre en place une politique de départs volontaires pour éviter tout licenciement sec.Cependant, la pilule a du mal à passer. Car pour HP France, il s’agit du deuxième plan social d’envergure en moins de quatre ans (après celui consécutif à la fusion HP-Compaq). Et avec 26 % de ses effectifs concernés (contre
10 % dans le reste de l’Europe), la France est le pays le plus durement touché par le plan de restructuration.
A l’échelle mondiale, celui-ci devrait rayer de la carte 14 500 emplois, pour in fine dégager une économie de 1,9 milliard de dollars.Pourtant, du point de vue financier, HP se porte bien. Le groupe dispose d’une trésorie de 14,5 milliards de dollars. Pour son exercice 2003/2004, il a réalisé un bénéfice de 3,5 milliards de dollars et les prévisions pour le
prochain exercice fiscal, qui s’achèvera fin octobre, sont des plus optimistes.

Remise en cause des 35 heures

Dans un communiqué commun, les syndicats (CFDT, CFTC, CFE-CGC, CGT et FO) estiment qu’il s’agit là d’une porte ouverte vers ‘ les délocalisations, la sous-traitance et le recours à
l’intérim ‘
et constatent que ‘ le véritable PDG de HP, c’est le cours de l’action ‘.Les syndicats dénoncent en ch?”ur une politique ‘ choquante et injustifiable au regard de la charge de travail des employés et de la place de HP sur le marché français ‘. Selon les
formations syndicales, les milliards économisés serviront en fait au constructeur informatique pour racheter ses propres actions, et les représentants des salariés s’insurgent ‘ contre tous ceux qui gagnent et vont gagner des
milliers, voire des millions de dollars grâce à leurs nombreuses
stock-options, en plus de salaires déjà confortables. ‘Les modalités du plan social en cours (ou plan de sauvegarde de l’emploi) devraient commencer à être négociées à l’occasion des comités d’entreprise prévus pour les 15 et 20 septembre prochains.Mais la vaste politique de réduction de postes initiée par la direction de HP comprend également un autre volet, les avantages sociaux. ‘ Tout ce que HP a mis en place comme avantages sociaux en plus : ils le
suppriment. Notamment quand cet avantage n’existe pas chez les concurrents,
déclare Fabrice Breton. C’est le nivellement par le bas. ‘
De source syndicale, on apprend ainsi qu’à l’occasion d’un comité de
groupe programmé pour le 23 septembre la direction de HP France a déjà mis à l’ordre du jour la dénonciation de l’accord d’entreprise sur les 35 heures.Les
salariés de HP France, qui s’étaient déjà mobilisés à près de 40 % la semaine passée, à l’occasion du comité d’entreprise européen
qui s’est tenu à Bruxelles, restent sur le qui-vive. Trois cents d’entre eux se sont rassemblés ce lundi 12 septembre à l’extérieur des locaux de HP à Grenoble-Eybens (Isère).Au niveau politique, le dossier a également provoqué quelques remous. Michel Destot, le maire de Grenoble (où le groupe informatique emploie 2 100 collaborateurs) a demandé qu’une table ronde soit organisée au plus haut niveau
avec la direction américaine sur l’avenir de HP en France. Quant au ministre délégué à l’Emploi, Gérard Larcher, il a fait savoir qu’il allait rencontrer tout prochainement le PDG de HP France, Patrick Starck, pour veiller à ce que l’entreprise
‘ s’engage pleinement en matière de revitalisation des bassins d’emploi touchés par cette restructuration ‘.

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Philippe Crouzillacq et Arnaud Devillard