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Haut débit : la Manche se branche sur la boucle locale électrique

Après une première expérimentation réussie, la Manche ouvre deux nouvelles boucles locales électriques (BLE). Avec l’espoir que les FAI proposeront aux entreprises et aux particuliers des abonnements moins coûteux que l’ADSL.

Nichée au centre du Cotentin, la petite ville de la Haye-du-Puits (2 500 habitants) peut se targuer d’expérimenter gratuitement l’accès à Internet par le réseau électrique. Sept entreprises ou établissements publics (la
mairie, la bibliothèque) et une douzaine de particuliers (dont le curé de la commune !) naviguent à grande vitesse sur le Net depuis cet été, avec une prévision de 100 utilisateurs pour la fin d’année.Convaincus par cette première expérience, le Conseil général de la Manche, promoteur de l’opération, et l’exploitant technique (Schneider Electric) ont décidé de passer à la vitesse supérieure en ouvrant, d’ici à la fin de l’automne,
deux nouvelles boucles locales électriques : une à Agon-Coutainville (20 000 personnes), une autre à Cherbourg-Octeville (plus de 120 000 habitants), soit un investissement total de 900 000 euros (dont une partie
est financée par la Caisse des dépôts et la Datar [Délégation à l’aménagement du territoire et à l’action régionale]).

L’infrastructure est là, les FAI pas encore

Pour le moment, il est impossible de connaître les tarifs qui seront proposés aux utilisateurs, particuliers et professionnels, puisque les fournisseurs d’accès à Internet en sont encore à fourbir leurs offres. Dans tous les cas, la
Manche ne percevra pas de redevance auprès d’eux (pas plus qu’elle ne doit d’argent à EDF, qui est exploitant et non propriétaire du réseau de distribution électrique).’ Notre volonté est de favoriser la concurrence entre fournisseurs d’accès à Internet, en multipliant les possibilités d’accès chez les clients, explique Jean-François Le Grand, président du
Conseil général de la Manche. La BLE est donc complémentaire d’autres moyens d’accès à Internet utilisés dans notre département, comme la boucle locale radio, l’ADSL, le Wi-Fi ou le satellite ‘.Aidée par la Caisse des dépôts et la Datar, la Manche a ainsi relié ses 57 collèges à Internet par le réseau local électrique. ‘ Nous avons du coup économisé plus de deux millions d’euros en
câblage
‘, se réjouit le président du Conseil général.

Une technologie enfin mature

Conçue voilà déjà plusieurs années, la technologie des courants porteurs en ligne (CPL) autorise le transport d’informations numériques sur ligne électrique. Pour quelques milliers d’euros, un transformateur d’EDF devient ainsi
l’équivalent d’un central téléphonique de France Télécom, les réseaux de lignes à haute tension et leur fibre optique formant le pendant des dorsales télécoms.En bout de chaîne, un modem vient se brancher sur le port USB ou le connecteur Ethernet du micro-ordinateur, reliant celui-ci au Net via la prise électrique. Sans coût de câblage et avec un investissement minime pour l’utilisateur, il
est ainsi possible de créer rapidement des réseaux locaux électriques. L’intérêt pour des territoires enclavés comme la Manche, est de bénéficier du maillage extrêmement fin du réseau électrique, supérieur à celui du téléphone.Question alors : pourquoi les CPL ne sont-ils utilisés, de façon commerciale, qu’aujourd’hui ? ‘ La différence, aujourd’hui, est que ces technologies sont maîtrisées, sécurisées, et autorisent des débits bien
supérieurs, de l’ordre de 20 à 25 Mbit/s pour un réseau local électrique ou de 1 Mbit/s pour un particulier connecté à Internet via sa prise électrique
‘, explique Jean Kieffer, directeur de marché de Schneider Electric.

Et adaptée aux régions à faible population

Au plan national, si les BLE se développent, les fournisseurs alternatifs auront les moyens de desservir à moindre coût de petites villes, dans lesquelles France Télécom ne dispose pas de plaque ADSL. Une aubaine d’autant plus
intéressante qu’on estime que, sur 30 euros d’abonnement à l’ADSL payés par un particulier, près de 20 euros sont reversés par les opérateurs alternatifs à France Télécom, au titre du dégroupage. Tandis que, avec la BLE, l’opérateur
historique se trouve ‘ court-circuité ‘.Reste toutefois à clarifier le statut des collectivités territoriales en matière de réseaux de télécommunication, filaire ou électrique. ‘ La nouvelle loi, en attente d’un décret d’application, autorisera les
collectivités à devenir opérateur d’infrastructures télécoms voire, dans les zones les plus reculées, où aucun acteur privé ne sera présent, à être opérateur de services télécoms
‘, indique à ce propos Cyril Contadini,
directeur général d’Aubay Consulting Télécoms.

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Laurent Campagnolle