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Global Crossing, une faillite à 22 milliards de dollars

Plus importante faillite du secteur des télécoms de ces vingt dernières années, le dépôt de bilan de Global Crossing conduit à sa reprise par deux industriels asiatiques. Dans cette opération, seuls les créanciers de l’opérateur seront indemnisés. Quant aux actionnaires, ils perdent tout.

Global Crossing, opérateur américain haut débit, annonce son dépôt de bilan ainsi que son sauvetage par deux investisseurs asiatiques, qui vont en prendre désormais le contrôle.Hutchison Whampoa, le groupe du milliardaire Li Ka-shing, et la société Singapore Technologies Telemedia vont investir quelque 750 millions de dollars dans le groupe américain en échange d’une participation majoritaire conjointe.Le niveau exact de la prise de participation n’a pas été révélé, mais, selon le Wall Street Journal Asie, elle pourrait être de l’ordre de 60 %.

Une dette trop lourde à gérer

Global Crossing, dont le siège est aux Bermudes, n’a pas pu faire face au poids de sa dette ?” contractée par la mise en place un réseau télécoms mondial reliant plus de 200 grandes villes de 27 pays, alors que par ailleurs la demande a reculé et que les prix ont baissé.Le dépôt de bilan de Global Crossing est le plus important depuis ces vingt dernières années dans le secteur des télécoms (quatrième faillite américaine en importance depuis 1980) qui a vu la faillite de plusieurs groupes importants comme celle de 360Networks en juin dernier, ou celle d’Iridium en août 1999.Les actifs de Global Crossing s’élèvent à 22,4 milliards de dollars pour 12,4 milliards de dettes. Les frais financiers de la dette s’élevaient, selon le Wall Street Journal, à 600 millions de dollars par an environ, tandis que la trésorerie disponible à la date du dépôt de bilan ressortait à 900 millions de dollars seulement.

Continuité des services assurée

Global Crossing, dont la cotation a été suspendue, a perdu 96 % de sa valeur depuis un an. L’injection de capitaux par les deux groupes asiatiques est conditionnée par la confirmation de la justice d’un plan de réorganisation avant la fin août.Selon Global Crossing, ses opérations mondiales ne seront pas affectées par le dépôt de bilan, ce qui veut dire que les services offerts par le groupe américains devraient continuer à fonctionner normalement. Les salaires des employés continueront à être versés.Le groupe ajoute que ses créanciers obtiendront une combinaison de cash, de nouvelles obligations et actions dans la société restructurée. Au contraire, la réorganisation de l’opérateur télécoms, sous l’égide de la loi américaine sur les faillites, ne devrait rien laisser aux actionnaires actuels, qu’ils soient détenteurs d’actions ordinaires ou d’actions préférentielles.Par ailleurs, Asia Global Crossing, dont Global Crossing détient la majorité du capital, a annoncé qu’elle ne faisait pas partie des filiales du groupe ayant déposé leur bilan. La société asiatique estime que la cessation de paiement de sa maison mère n’aura pas d’impact immédiat sur ses opérations Internet ni sur les services apportés à sa clientèle.

Les comptes sont audités par Andersen

Les rumeurs de dépôt de bilan de Global Crossing circulaient depuis le mois d’août dernier sur les marchés. La presse avait mentionné, au mois de décembre, l’intérêt de Li Ka-shing pour le groupe et de son intention d’y investir 1 milliard de dollars.Deutsche Telekom avait également été cité. Global Crossing, qui a fait état d’une perte nette de 3,4 milliards de dollars au dernier trimestre, avait annoncé son intention de réduire ses investissements et de supprimer 3 200 emplois.Le mois dernier, l’agence de notation Standard & Poor’s avait ramené la note de Global Crossing au rang d’obligation ” pourrie ” (junk), et mettait en doute la viabilité de la société.Les comptes de la sociétés sont audités par le cabinet d’experts-comptables Andersen, actuellement sous les feux de la rampe dans la faillite d’Enron. Andersen a été critiqué pour avoir donné son aval aux comptes d’Enron qui ont par la suite été remaniés et pour avoir reconnu que ses employés avaient détruits des documents liés à son audit dEnron.

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La rédaction (avec Reuters)