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François David (Coface) : ” Au premier signe de reprise, l’investissement B to B va repartir “

Confiante dans la reprise des marchés, la Coface compte faire entrer l’assurance crédit dans la culture américaine. Elle s’y emploie déjà…

Pour François David, PDG du premier assureur crédit mondial, les interrogations sur le commerce électronique sont liées aux inquiétudes actuelles sur la croissance mondiale. Or, si dans le domaine économique, le président-directeur général de la Coface observe une montée des sinistres dans la zone OCDE, il estime cependant que la reprise pourrait produire ses effets d’ici à six mois. Les investissements dans le B to B et les places de marché reprendront alors de plus belle. L’Europe sera-t-elle épargnée par le ralentissement économique américain ? Pendant un certain temps, et c’est la thèse de responsables européens tels Wim Duisenberg [le président de la Banque centrale europé- enne ?” BCE, ndlr], l’Europe se trouvait à l’abri du ralentissement américain car la part du commerce entre la zone euro et les États-Unis était extrêmement faible. Cela a été vrai jusqu’à ce que l’Allemagne devienne bien plus dépendante des États-Unis que les autres pays européens. Or, l’Allemagne est le principal moteur de l’euro. Même si la France se porte très bien, elle ne représente que les deux tiers de l’économie allemande. Si, pendant six mois, la conjoncture américaine continue à patiner, ce qui n’est pas sûr mais possible, les effets sur l’Europe se feront sentir, et les pressions sur la BCE pour une baisse des taux se feront plus fortes. Les sociétés françaises appréhendent-elles cette situation dans leurs décisions d’investissement ? Les investissements se décident à quatre ou cinq ans. Mais depuis quelques mois, alors que le taux de sinistralité augmente dans la zone OCDE, on constate que beaucoup de sociétés reviennent vers nous. Il y a deux ou trois ans, en pleine période d’euphorie, elles se demandaient à quoi souscrire une assurance comme la nôtre pouvait bien servir. Les entreprises ont aussi tendance à moins discuter nos prix. Cela signifie qu’elles ont conscience des risques. Les assureurs suscitent plus d’intérêt lorsqu’il y a un tel flottement d’inquiétude.Pourquoi le marché de l’assurance crédit n’est-il pas développé aux États-Unis ? Aux États-Unis, les échanges interentreprises ne sont pas garantis contre le risque. Ce n’est pas dans leur culture. L’Américain qui veut vendre à un tiers se renseigne sur lui. S’il lui paraît fiable, il vend. Sinon, non. C’est une culture de l’information économique. De plus, aux États-Unis, la durée entre le moment où l’on vend et celui où on est payé est beaucoup plus courte qu’en Europe. En moyenne quinze jours à trois semaines, donc le risque paraît beaucoup moins long. Mais les États-Unis vont finir par se mettre à l’assurance crédit. Pour l’instant cela se limite à la lecture des études de Dun & Brad-street, qui domine le marché américain de l’information économique et financière. Notre idée est de les convaincre de l’utilité du @rating, qui consiste à dire à nos clients que l’on peut noter une entreprise sur sa fiabilité commerciale et garantir cette information. Nous avons l’intention d’ouvrir cette année dix bureaux aux États-Unis pour vendre ce nouveau produit. Nous négocions aussi avec des banques afin de diffuser notre offre. Alors que les agences de notation traditionnelles évaluent à peine 3 000 entreprises dans le monde, la Coface a la capacité d’en noter 35 millions.Êtes-vous déçu des performances d’@rating, votre dispositif de notation des entreprises conçu pour le commerce électronique ? Nous avons lancé ce service en février 2000, en pleine euphorie sur les places de marché. On avait pronostiqué que les premiers client à venir chercher du rating seraient les places de marché. Car elles ont besoin de noter les acteurs qui interviennent en leur sein. Même si le @rating peut servir à noter des entreprises de tous types, les analystes ont retenu qu’il s’agissait d’un outil destiné essentiellement aux places de marché. Ce qui a sûrement contribué à l’enthousiasme pour cette activité. Nous avions tablé sur un revenu de 10 à 25 millions d’euros pour @rating au cours du premier semestre 2001. Nous conservons cet objectif mais pour les douze mois de cette année. Vous êtes plus prudent…Les interrogations sur l’e-commerce, et en particulier sur les activités B to B, sont passagères. Et liées aux interrogations sur la croissance mondiale. Dès que les signes d’une véritable reprise seront là ?” sans doute à la fin de cette année ?” les investissements B to B et sur les places de marché reprendront de plus belle. L’économie en réseau est un processus de fond pour les entreprises. Quelle est la cible de cet outil ? Ce sont d’abord les banques ou les chambres de commerce. La Société Générale vient de mettre @rating sur son portail internet. Ainsi, pour 15 à 20 euros, on peut connaître la note d’un client. Alors que les banques, qui ont des dizaines de milliers de dossiers à suivre, ne sont pas en mesure de suivre en temps réel leurs risques. Sur internet, les banques peuvent, avec @rating, juger de la fiabilité de leurs clients. Elles ont même la possibilité de le faire en marque blanche. Les entreprises peuvent aussi se faire labelliser. C’est un avantage pour aborder les marchés étrangers, le label étant accordé par un tiers de confiance, est une garantie que la société respecte ses engagements.

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Jean-Jérôme Bertolus et Nicolas Arpagian