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France Telecom, premier testeur

Après une série d’échecs, l’opérateur français s’est résolu à privilégier le nomadisme et le travail collaboratif. L’emploi à domicile y est marginal.

Vingt-cinq ans d’expérience dans le télétravail, 10 % de télétravailleurs actuellement en activité, et un directeur du projet Télétravail, Alain Béréziat, qui participe aux travaux de la commission Télétravail du barreau de Paris : France Telecom est l’incontestable leader français du travail à distance. Incontestable ? Tous les salariés de l’entreprise de Michel Bon n’en sont pas convaincus : “Je n’ai pas l’impression que le télétravail soit vraiment une préoccupation chez France Telecom”, lâche l’un d’eux. “Je rêve de télétravailler, mais je n’ose pas en parler à mon manager car je sais que ma demande se solderait par un refus”, regrette un autre. De fait, France Telecom incarne toutes les contradictions du “je t’aime, moi non plus” réservé au télétravail par le monde de l’entreprise.

Réticences internes

Si le sommet de la pyramide, à commencer par la direction de l’innovation, y est favorable, notamment pour des raisons commerciales (France Telecom expérimente les outils de travail à distance qu’il pourra ensuite vendre à ses clients), le middle management, voire les collègues des salariés avides de télétravail, ne l’entendent pas toujours de cette oreille. “Le manager peut avoir peur de perdre prise sur ses salariés et les collègues de devoir s’adapter aux horaires du télétravailleur, analyse Evelyne Flachat, sociologue chez Notos, un cabinet d’audit social qui a dressé le bilan de plusieurs expériences de télétravail nomade chez France Telecom. De son côté, le salarié peut décider d’être nomade pour fuir un manager qui lui déplaît et devenir incontrôlable : dans tous ces cas de figure, on constate l’échec du télétravail.”Des échecs, France Telecom en a connu plus qu’elle ne l’affiche : “Nous avons parfois fait des erreurs, reconnaît Alain Béréziat, sous-estimant les besoins de formation des managers et des salariés, ou méconnaissant les aspects juridiques du télétravail.” De fait, l’entreprise de télécommunication a développé des procédures qui, sans garantir le succès de chacune de ses expérimentations, en limitent désormais les effets pervers : avenant au contrat de travail précisant les droits et devoirs du salarié et de l’entreprise en matière de sécurisation des données informatiques, d’assurance ; développement d’outils technologiques (logiciels de travail collaboratif, hotline, etc.), création d’un intranet dédié au télétravail, baptisé @Distance…

Sur mesure

Surtout, l’expérience aidant, France Telecom a compris que l’efficacité primait sur les bons sentiments : l’entreprise s’oriente vers le nomadisme et le travail collaboratif (qui concernent respectivement 7 000 et 5 000 salariés), plus “rentables” pour l’entreprise que le travail à domicile (300 personnes).” Le télétravail ne se développe que si l’entreprise est gagnante, souligne Alain Béréziat, et elle peut lêtre !

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Sophie Janvier-Godat