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Fracture numérique : où est le plâtre ?

Dans la société mondiale de l’information, l’accès à Internet pour tous devrait faire partie des priorités. Mais une disparité flagrantes persiste entre le ” Nord ” et le ” Sud “. Une fracture numérique que les initiatives généreuses de quelques associations ne pourront pas réduire.

” La fracture numérique est toujours aussi béante et des milliards d’individus ne sont toujours pas connectés à une société mondiale qui, quant à elle, l’est de plus en plus “, s’est indigné le secrétaire général de l’ONU (Organisation des Nations unies), Kofi Annan, à l’ouverture d’une session consacrée, cette semaine par les Nations unies, à l’informatique et au développement.Moins de 1 personne sur 100 utilise Internet dans 60 % des pays, rapporte l’Union internationale des télécommunications (UIT). Son secrétaire général, Yoshi Utsumi, a affirmé que ” si aucune action n’est entreprise, le fossé entre les nantis et les démunis… va continuer à s’accroître “.La solution pourrait venir de la téléphonie qui s’installe de plus en plus sûrement, y compris dans les pays émergents ou dans les pays les moins avancés (PMA). En 2001, les taux de pénétration confondus de la téléphonie fixe et mobile équivalaient à 121,1 % dans les pays développés, à 18,7 % dans les pays émergents et à 1,1 % dans les PMA. L’UIT rapporte que ces taux s’établissaient à 49 %, 3,3 % et 0,3 %, dix ns plus tôt.

Les laissés-pour-compte de l’ère numérique

La téléphonie mobile serait directement responsable de cette augmentation. L’Afrique compte aujourd’hui près de 20 millions de mobiles ?” sur le milliard d’abonnés que compte la planète. Idem pour l’Internet, avec 10 % de la population mondiale, le continent africain ne dénombre que 4,4 millions d’internautes, soit 1 % à l’échelle mondiale.Si, d’évidence, la disparité numérique dans le monde recoupe la disparité économique, on constate néanmoins que les choix politiques des Etats ont également leur rôle. Ainsi, l’Islande caracole en tête du classement avec 51 % de pénétration, suivi par Singapour, 50 % et les Etats-Unis, 42 %.Aux Etats-Unis, justement, on dénombre 50 millions de laissés-pour-compte de l’Internet. Et l’UIT prévient que de nouvelles disparités voient le jour, surtout au niveau qualitatif de la connexion à Internet. C’est ainsi que la totalité de la bande passante, que se partagent les 400 000 Luxembourgeois, est supérieure à celle dont disposent les 760 millions d’Africains.

Des ONG pour essayer de réduire la fracture

A l’échelon international, plusieurs organisations agissent pour réduire cette ” fracture numérique “. C’est le cas du groupe d’experts du G8, baptisé DOT Force (pour Digital Opportunity Task), du Groupe d’études des Nations unies sur les TIC ou de l’initiative lancée par la fondation Markle.Une organisation non gouvernementale (ONG) suisse, la Web Force Internationale, a même lancé, sur cinq ans, un programme afin d’installer 200 000 ordinateurs chaque année dans les lieux les plus reculés de la planète.Il suffira peut-être de peu de choses ?” quelques ordinateurs placés entre de bonnes mains ?” pour faire que la fracture numérique soit surmontée, sans pour autant être compensée. Le sous-commandant Marcos, chef révolutionnaire de l’EZLN, n’a eu besoin que d’un seul compte e-mail pour faire entendre la voix des paysans du Chiapas face au gouvernement mexicain.

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Geoffrey Bansard