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Etats-Unis : le vote électronique s’impose dans la controverse

Le 2 novembre 2004, un électeur américain sur trois désignera le futur président des Etats-Unis en utilisant une machine à voter électronique. Les modes de certification et la fiabilité de ce matériel sont vivement
contestés.

En cas de contestation, le re-compte des voix du prochain scrutin présidentiel américain pourrait s’avérer assez délicat. Le 2 novembre, plus de 55 millions d’électeurs exprimeront leur suffrage, en utilisant des machines à
voter électroniques. Or aucun Etat, à l’exception du Nevada, n’a prévu d’instituer une trace physique (un bulletin papier par exemple), permettant de vérifier la sincérité de l’élection.Après la débâcle électorale de l’an 2000, qui avait vu l’actuel locataire de la Maison Blanche, Georges W. Bush l’emporter de 573 voix dans l’Etat de Floride, les Etats-Unis semblaient pourtant déterminés à revoir de fond en comble
leur système électoral. A Washington, à l’automne 2002, le Congrès avait même voté l’HAVA (Help America Vote Act). Cette loi prévoyait d’allouer aux Etats 3,9 milliards de dollars pour l’achat de machines à voter
électroniques. Un marché conséquent sur lequel trois sociétés, Diebold, Sequoia Voting Systems et Election System and Software (ESS) n’ont pas tardé à prendre position.Cependant, plusieurs expériences de vote électronique, grandeur nature, en Georgie, dans le Maryland et plus récemment en Californie ont rapidement jeté le discrédit sur ce qui était jusque là présenté comme un remède miracle aux pires
maux électoraux.

Les fabricants de matériel refusent tout contrôle public

Alors que la campagne présidentielle américaine entre aujourd’hui dans sa dernière ligne droite, les opposants au vote électronique dénoncent la lenteur, le manque de transparence et l’inefficacité des procédures de certification des
machines à voter, telles qu’elles sont conduites aux Etats-Unis par trois entreprises, CIBER, Wyle Laboratories, et Sys Test Labs.Selon l’agence Associated Press, ces sociétés dont les activités sont en partie financées par les fabricants de machines à voter eux-mêmes, se refusent à tout commentaire à propos d’éventuelles failles de sécurité, qui pourraient
perturber le bon déroulement du scrutin.‘ Imaginez une situation où des élections seraient organisées et dépouillées en coulisses par une société privée, déclare à AP, David Dill, professeur à l’Université de Stanford (Californie).
Aucune personne ne serait assez stupide pour accepter un tel système. Et bien c’est à peu près ce qui se passe avec le vote électronique. ‘ Les fabricants de matériel semblent pour leur part toujours rétifs à tout
système de contrôle public de leur programme.Pour autant, les difficultés invoquées pour la mise en place d’un système de re-compte papier des votes exprimés de manière électronique, ne sont pas insurmontables. La semaine passée, la consultation électorale organisée au Venezuela à
propos du mandat du président Hugo Chavez, est venue le démontrer.Dans ce pays, où le vote était automatisé dans 95 % des bureaux, un bulletin était édité pour chaque voix exprimée. Ce système autorisant un éventuel re-compte en cas de contestation. Malgré les accusations de
‘ fraude massive ‘, lancée par l’opposition, les premiers audits et rapports des observateurs internationaux (Organisation des Etats américains ?” OEA ?” et Centre Carter) font état
d’un scrutin régulier. Preuve que le vote électronique peut aussi faire bon ménage avec la sincérité des suffrages exprimés.

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Philippe Crouzillacq