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Et si la lumière remplaçait le Wi-Fi ?

Transférer les données sans fil grâce à des ampoules Led, c’est le pari du Li-Fi. Avec ses promesses de débits élevés et de réseau économe, la techno a tout pour séduire.

Vendredi 15 juillet 2011. À l’instant où Harald Haas, professeur à l’Institut pour la communication numérique de l’université d’Édimbourg, en Écosse, s’avance sur la scène de la Conférence Ted (lire ci-contre), personne dans la salle ou presque n’a encore entendu parler du Li-Fi (Light Fidelity). Posée à ses côtés sur une boîte en bois, une lampe de bureau… Ordinaire ? Pas tant que ça. Grâce au faisceau lumineux de cette “ simple ” lampe, le professeur Haas va réussir la prouesse de transmettre une vidéo HD à un capteur afin de la diffuser en streaming sur l’écran de la salle de conférence.

Dix fois moins cher que le Wi-Fi

Cette démonstration ébouriffante du Li-Fi en action, l’un des clous de l’édition Ted 2011, est l’aboutissement de deux ans de travail pour l’équipe du professeur Haas. Le principe du Li-Fi ? Utiliser les changements d’amplitude, autrement dit les modulations de la lumière pour transmettre les données sans fil. Pour faire simple, quand une Led est allumée, elle transmet un bit 1, quand elle est éteinte, un bit 0. Des changements de fréquences si rapides qu’ils resteront imperceptibles, l’œil humain continuant de percevoir une lumière blanche continue. La “ lumière visible ”, c’est l’autre nom du Li-Fi : une technologie capable de transférer tout type de données vidéo, audio, etc., à des vitesses extrêmement élevées… 100 Mbit par seconde dans le cas de la démo réalisée à Édimbourg. “ Tout ce qu’il y a à faire, c’est installer une micropuce, un modulateur, sur chaque appareil d’éclairage équipé de Led ”, explique le professeur de communication mobile. Ça, c’est pour l’émetteur. Côté récepteur, il conviendra d’équiper les appareils (téléphones, ordinateurs…) de capteurs capables de convertir les micro-impulsions lumineuses en un signal électrique, lequel est reconverti en flux de données à grande vitesse. “ Dans le futur, nous espérons pouvoir l’intégrer à tout matériel équipé d’un capteur photo. ”Quelles applications seront alors possibles ? À l’hôpital, de nouveaux instruments chirurgicaux pilotés grâce à la lumière ; sur nos routes, communication entre véhicules grâce aux feux à Led ou aux feux de signalisation ; dans les avions, téléchargement sur téléphone mobile ou ordinateur portable de films en qualité HD grâce à l’éclairage ambiant ; à la maison, remplacement du Wi-Fi ; en ville, accès à Internet via les éclairages publics ; communication sous-marine, etc. Bref, un nombre d’applications et de combinaisons impressionnant.

Le plein de fréquences !

Principal atout de la technologie Li-Fi : l’infrastructure est déjà en place. À la maison comme dans la rue, les émetteurs sont en effet déjà opérationnels, il suffira de les adapter. Chaque lampadaire, chaque ampoule pourrait ainsi se transformer en point d’accès. Partout où existe une source lumineuse devrait bientôt pouvoir cohabiter un moyen de transmettre des données. Un réseau qui, selon Harald Haas, devrait coûter dix fois moins cher que le Wi-Fi. Un réseau plus économe, donc, plus propre aussi, puisque ne nécessitant aucune énergie supplémentaire pour fonctionner.Mais, déjà, le pionnier Haas n’est plus tout seul. À Oxford, à Berlin, à Tel-Aviv, on travaille sur la communication par lumière visible. Les travaux se concentrent désormais sur l’amélioration des débits. Et pour quels résultats ! Une équipe de l’Institut Heinrich Hertz à Berlin a réussi à transférer 800 Mbit de données par seconde grâce à des Led. Record à battre ! Des débits conséquents allant bien au-delà de ce que permet le Wi-Fi actuel. Alors le Li-Fi, un concurrent sérieux pour le Wi-Fi ? Avec un nombre de fréquences disponibles 10 000 fois supérieur à celui des ondes radio, il pourrait bien le devenir rapidement. D’autant qu’au train où vont les choses, avec l’explosion des communications mobiles notamment, la bande passante disponible sur l’ensemble du spectre radio risque de vite arriver à saturation. En 2009, aux États-Unis, la Commission fédérale des communications s’était ainsi alarmée de la réduction du nombre de fréquences radio encore disponibles. Mais, avant que le Li-Fi sorte des laboratoires, la filière doit s’organiser et l’industrie s’en emparer. Ce qui semble en bonne voie. Fin 2011, un consortium regroupant l’institut allemand Fraunhofer, le norvégien Ibsen Telecom, l’américain TriLumina et l’israélien Supreme Architecture a fait son apparition. Son objectif : veiller à la promotion du Li-Fi en aidant les développeurs à créer de nouveaux produits, un peu à l’instar de ce qui s’était fait pour la promotion du Wi-Fi autour de la Wi-Fi Alliance. On souhaite au Li-Fi et à ses instigateurs la même réussite.

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Étienne Thierry-Aymé