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En France, le pessimisme est dans la tête, pas dans les actes

Malgré le climat alarmiste installé depuis le printemps et renforcé par les attentats du 11 septembre, la consommation a augmenté en août et septembre.

Depuis le mois de mars, deux craintes ?” pour ne pas dire psychoses ?” économiques ont défrayé la chronique dans l’Hexagone. À savoir, une flambée imminente des prix, liée au passage à l’euro fiduciaire, et une chute de la consommation des ménages à partir de l’été. Aucune de ces deux menaces n’a été validée par les faits. Ce qui, dans le récent contexte de catastrophisme avancé, a plutôt de quoi rassurer.

Fichtre, l’inflation recule !

Tout d’abord, l’évolution récente des prix à la consommation en France a constitué un exemple parfait d’une psychose généralisée contredite par la réalité. Depuis le printemps dernier, enquêtes “sérieuses” à l’appui, de plus en plus d’institutions et de prévisionnistes annonçaient avec grand fracas que l’avènement de l’euro allait susciter une flambée inflationniste, et cela dès l’été 2001. Résultat des courses : les prix à la consommation ont stagné de juillet à septembre et leur glissement annuel est passé de 2,3 % en mai 2001 à 1,5 % en septembre. De plus, l’inflation française, mais aussi eurolandaise, devrait encore reculer en 2002. Certes, compte tenu d’un effet de base légèrement défavorable, le glissement annuel des prix à la consommation français pourrait remonter en fin d’année vers 1,8 %. En revanche, dès le printemps 2002, ce glissement annuel pourrait atteindre 1 %. En ce qui concerne l’Euroland, le niveau atteint serait de 1,2 %.

Les moyens d’acheter

Parallèlement, après avoir déjà progressé de 2,6 % entre juin et août, la consommation des ménages en produits manufacturés a (encore !) augmenté de 0,2 % en septembre. Sa progression a même atteint 2 % sur l’ensemble du troisième trimestre. Aussi forte qu’inattendue, cette croissance montre que les consommateurs français, pourtant pessimistes dans leurs déclarations aux enquêtes de confiance, n’ont pas cédé au pessimisme dans leurs actes. Mieux, la comparaison avec les évolutions notées à la fin des étés 1999 et 2000 indique d’ailleurs que la croissance ininterrompue de la consommation de juin à septembre 2001 est exceptionnelle.En effet, lors des deux derniers étés, pourtant marqués par un climat largement optimiste, la flambée de consommation liée aux soldes de juin-juillet a été suivie par une correction baissière massive en août et septembre. Or, cette année, malgré le climat alarmiste installé depuis le printemps, et renforcé depuis les attentats du 11 septembre, la consommation a continué de croître en août comme en septembre. La raison de ce comportement est simple : si les ménages continuent de consommer, c’est qu’ils en ont les moyens. Ainsi, alors qu’au cours des étés 1999 et 2000, la masse salariale réelle (hors inflation) augmentait de quelque 3 %, elle progresse aujourd’hui d’environ 4 %. Ce qui est notamment dû à un recul majeur de l’inflation, alors que, l’an passé, l’heure était plutôt à une légère reflation.

L’effet “lessiveuse”

Autrement dit, malgré certaines déclarations faisant état d’un risque de baisse du pouvoir d’achat des ménages, ce dernier reste particulièrement fort. D’autant plus que les cadeaux fiscaux ont été et seront encore notables. Enfin, l’effet “lessiveuse” si souvent annoncé, mais aussi amplement minimisé, joue actuellement et continuera de jouer à plein. Dès lors, malgré la psychose qui s’est généralisée depuis le 11 septembre, les ménages n’ont aucune raison de cesser de consommer. Et ils devraient d’ailleurs continuer ainsi, au moins jusqu’aux soldes de janvier 2002. En dautres termes, la consommation des ménages reste un rempart massif contre la déprime économique.* Chef économiste de Natexis Banques Populaires

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Marc Touati*