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Edward Snowden, traître ou héros ? Les Américains sont partagés

Des manifestations ont été organisées jeudi pour réclamer une réforme du programme de surveillance de la NSA.

Un an après les premières révélations du Guardian et du Washington Post sur les pratiques d’espionnage de la NSA, les Etats-Unis restent encore partagés sur Edward Snowden, l’homme par qui le scandale est arrivé. Faut-il le considérer comme un traître, qui a affaibli son pays en dévoilant des informations confidentielles ? Ou encore comme un héros, dénonçant des dérives illégales de son gouvernement ?

Les avis sur le sujet sont autant partagés que les sondages. Le plus récent, réalisé par l’institut YouGov, affirme que 55% des Américains approuvent les actions de l’ancien salarié de la firme Booz Allen Hamilton, quand 29% les condamnent. Mais trois jours plus tôt, une étude de NBC donnait un résultat inverse.

Jeudi, Marc Andreessen, cofondateur de Netscape, aujourd’hui associé au sein du fonds de capital-risque Andreessen Horowitz, a ainsi qualifié Edward Snowden de «traître». Une opinion clairement minoritaire dans la Silicon Valley.

Plusieurs journaux américains ont aussi pris ouvertement position en faveur d’Edward Snowden. «Quand une personne révèle qu’un gouvernement viole, délibérément et systématiquement, la loi, elle ne devrait pas être menacée de passer sa vie en prison par ce même gouvernement», écrivait ainsi le New York Times en début d’année. Mais «si certaines de ses révélations ont lancé un débat nécessaire, d’autres sont beaucoup plus difficiles à justifier», rétorquait dans la foulée le Los Angeles Times.

Si la classe politique américaine a, officiellement, été choquée par les révélations de la presse (davantage parce que la NSA a agi en secret, au lieu d’en informer le Congrès), elle s’accorde en revanche quasi unanimement pour dénoncer les fuites orchestrées par Edward Snowden. De l’administration Obama aux dirigeants du parti républicain, peu de voix se sont élevées pour le défendre.

A l’exception notable de celle du libertarien Ron Paul, qui a lancé en février une pétition pour réclamer la clémence de la justice américaine. «Il a sacrifié sa vie, sa nationalité et sa liberté pour dénoncer l’étendue du programme d’espionnage de la NSA, assure l’ancien candidat à l’investiture républicaine. Il mérite de rentrer chez lui sans avoir peur d’être poursuivi.»

Plusieurs autres pétitions en ligne sont encore en cours. Sur le site “We the people” de la Maison Blanche, une texte a recueilli plus de 160.000 signatures. Un niveau qui va contraindre l’administration à formuler une réponse officielle. L’association de défense des libertés individuelles ACLU a rassemblé plus de 50.000 signatures.

Jeudi, une journée symbolique d’action a été organisée à l’initiative du collectif Reset the Net, regroupant associations et grandes sociétés high tech, comme Google, Twitter, Dropbox et Mozilla. Une manifestation a été organisée à San Francisco devant la permanence de la sénatrice Dianne Feinstein, présidente de la puissante commission du renseignement du Sénat des États-Unis.

Sur son site Internet, le collectif met à disposition un ensemble d’outils et de conseils permettant aux internautes de se protéger plus efficacement.

«Le Congrès et l’administration Obama ont échoué à protéger nos droits, explique Tiffiniy Cheng, fondatrice du groupe d’activistes Fight for the Future. Maintenant, ils vont devoir gérer une rébellion alors que les sociétés high tech et les internautes travaillent ensemble pour bloquer la NSA et ses acolytes».

En début de semaine, Google a ainsi annoncé le prochain lancement d’un extension Chrome baptisée “End-to-End”, qui permettra de chiffrer un message directement depuis le navigateur.

Aux cotés d’Apple, Microsoft, Facebook, Yahoo, Twitter ou encore Dropbox, le moteur de récherche milite pour une réforme en profondeur de la NSA. «L’équilibre dans de nombreux pays a basculé de façon excessive en faveur de l’État au détriment des droits des individus, droits qui sont inscrits dans notre Constitution. Le moment est venu de changer cela», dénoncent ces sociétés, réunies au sein de la coalition Reform Government Surveillance, dans une lettre ouverte adressée jeudi à Barack Obama et au Congrès.

Les dirigeants de ces sociétés n’hésitent plus à ouvertement critiquer les pratiques du gouvernement. A commecer par Mark Zuckerberg, le jeune patron de Facebook. Ils redoutent l’effet de ses révélations sur leurs activités. Reçus à deux reprises à la Maison Blanche, ils veulent désormais maintenir la pression, estimant que les premières pistes de réforme ne sont pas suffisamment avancées.

 

Retrouvez l’intégralité de notre dossier sur Un an après, quelle surveillance et quelles conséquences ?

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De notre correspondant à San Francisco, Jérôme Marin