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E-business: avant tout fidéliser le client

Les entreprises françaises ont largement adopté l’économie en réseau, selon l’étude exclusive IDC-Hitit. Mais les projets e-business des sociétés interrogées privilégient la réduction des coûts à la progression du chiffre d’affaires.

Chi va piano, va sano. Les grandes sociétés françaises adoptent à leur rythme, mais sans faiblir, l’économie en réseau. Après la ” net exubérance ” américaine, Hitit, une web agency française et International Data Corporation (IDC), l’un des grands cabinets d’études sur les nouvelles technologies de l’information et de la communication (NTIC), ont tenu à prendre le pouls des grandes entreprises au beau milieu de leur mutation vers le commerce et la gestion dématérialisés. Les stratégies ou le degré d’équipement de grandes enseignes du tissu hexagonal ou européen comme Peugeot, Damart, Delmas, Ford Europe, Carbone Lorraine, Decathlon, Saupiquet, Total Fina Elf ou encore EMI ont été passés au crible. La photographie est nette. À part quelques poches de résistance à l’e-business qui évoquent le village d’Astérix, les industriels ont embrayé. Dans un ordre qui leur est propre. Approvisionnement en ligne (e-procurement), sites transactionnels, mise en place d’un intranet… L’économie en réseau fait globalement son chemin dans plus d’un cas sur deux.

Des avantages relatifs du retard français

Ce qui a été perçu comme un retard par rapport aux entreprises américaines est désormais identifié comme un atout, lequel éviterait notamment aux grandes marques tricolores le fameux coup d’accordéon qui a conduit leurs homologues américaines à décider de coupes claires dans leurs effectifs. Le décalage de part et d’autre de l’Atlantique se situe aussi, significativement, dans les objectifs attendus au terme d’une mutation vers l’économie en réseau. Ainsi, les décideurs américains ont surtout vu dans internet l’opportunité de gonfler leur chiffre d’affaires. Une vision unique, radicale, qui s’est traduite par un endettement dont la digestion a fini par faire flancher l’économie américaine. Un radicalisme qui se concrétise par une amplitude plus forte des fluctuations économiques et financières. En Europe, et singulièrement en France, la vision est différente. Les affaires en réseau sont d’abord identifiées comme un bon moyen de réduire les coûts. La différence essentielle est là. Les PDG français s’impliquent de plus en plus dans les projets internet. Auvergnats dans l’âme, ils prennent des décisions plus réfléchies. Les cycles d’investissements s’allongent. Les sociétés de services en ingénierie informatique (SSII) et les agences web doivent, en conséquence, s’adapter à un rythme plus mesuré. Comme le démontre également une étude réalisée par le cabinet d’études bordelais Pouey, les PME/PMI, peut-être en raison de moyens moindres, ont adopté un rythme d’équipement encore un peu plus lent, mais le phénomène est là aussi enclenché. Et ce sont les provinciaux qui sont les plus déterminés, la totalité des entreprises étudiées en Gironde et dans le Bas-Rhin jugeant notamment que l’e-business est prometteur. Un tabac !Au sein des grands groupes, les enjeux sont en tout cas clairement stratégiques. La partie de l’étude IDC relative aux niveaux décisionnels le démontre assez clairement. Si la direction informatique de l’entre- prise conserve son indépendance sur le choix des prestataires, c’est bien à l’étage des directions générales et marketing que les grandes décisions d’investissement sont prises. C’est, du reste, la raison pour laquelle un grand équipementier informatique comme Hewlett-Packard avait projeté de racheter l’un des géants du conseil, Pricewaterhouse Coopers. Le mariage n’a pas eu lieu, mais la nécessité de disposer d’une offre de pur conseil est restée, chez les têtes pensantes du groupe américain, une priorité. Pouvoir répondre à la double demande de conseils technologiques et stratégiques est justement ce qui a conduit à l’union effective de la SSII Cap Gemini avec l’un des géants du secteur du conseil, le cabinet Ernst & Young. En matière d’internet donc, les discussions d’affaires ne sont plus, à l’évidence, de la même nature qu’à l’époque où une entreprise décidait de procéder au renouvellement de son parc de photocopieurs ou de machines à écrire.

Les entreprises hexagonales au milieu du gué

Des grands groupes mondiaux comme Nestlé, Enron, General Electric ou encore Procter & Gamble ont manifestement fait des émules en France. Unique bémol dans cette comparaison, seules 13,1 % des entreprises interrogées pensent changer de mode d’organisation dans l’accompagnement de la stratégie internet. En revanche, probablement pour limiter les risques dans un environnement qui leur est encore inconnu, les responsables économiques interrogés par IDC dans le cadre de cette étude n’hésitent pas à faire appel aux professionnels du conseil et de l’intégration que sont, peu ou prou, les agences web, les SSII ou les cabinets de consultants.Les travaux d’IDC pour le compte de l’agence Hitit montrent finalement qu’en matière d’e-business, les entreprises françaises ne sont plus sur la ligne de départ, mais bien au milieu du gué. La détermination des chefs d’entreprises tricolores à adopter l’économie en réseau ?” qu’ils dirigent des grandes, petites ou moyennes structures ?” est nette. Logiquement, l’effet d’entraînement doit désormais conduire au basculement. Pour une grosse moitié, les ” Bleus ” sont à l’heure. Les autres doivent aujourd’hui s’y mettre sans tarder.

Les résultats de l’étude

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Philippe Bonnet et Jean-Michel Cedro