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Distribuer les calculs pour compter plus vite et surtout moins cher

À défaut de supercalculateur, une seule issue pour réaliser des opérations complexes : les partager entre des milliers d’ordinateurs. Le vôtre, peut-être, pour des projets philanthropiques, mais de plus en plus ceux des entreprises.

Le Téléthon a montré que chacun peut contribuer à l’avancée des recherches en faisant mieux que signer un chèque. Comment ? En mettant la puissance inutilisée de son ordinateur à la disposition des chercheurs. Pour aller plus loin, Genomining ?” une start-up biotechnologique d’Evry ?” IBM et l’Association française contre les myopathies (AFM) ont mis en ?”uvre Décrypthon, un projet dont l’objectif est de réaliser la cartographie du protéome, l’ensemble des protéines connues du monde vivant. Or, pour y parvenir, il faut comparer deux à deux toutes les protéines connues, issues de formes de vie aussi diverses que les bactéries, l’homme ou les plantes. Ce qui représente quelque 500 000 à 2 millions de paquets de données, “soit 10 millions d’heures de calcul”, précise William Saurin, PDG de Genomining.

Répartir les calculs

Pour réaliser cette opération, il faudrait une puissance de calcul de plusieurs téraflops, six supercalculateurs monopolisés pendant 50 jours. Des machines que les équipes ne possèdent pas. L’alternative consiste à mettre en batterie la puissance de milliers de PC. Avec 10 000 ordinateurs, le décryptage prendrait 17 mois, et avec 200 000… 25 jours. La technique est d’autant plus facile à déployer qu’elle est totalement transparente pour l’utilisateur lambda, qui n’a qu’à télécharger un petit logiciel s’occupant de tout. Dès lors que la machine est allumée et exploitée en dessous de ses capacités (ce qui est le plus souvent le cas, et notamment lorsque l’ordinateur est en veille), la puissance disponible est mise à contribution pour effectuer sa part du calcul. Mais si le principe est aisé à comprendre, il est beaucoup moins simple à appliquer. Les calculs choisis doivent pouvoir être morcelés pour être répartis sur les différentes machines. Des serveurs doivent être installés pour distribuer les calculs et collecter les résultats. Des données par ailleurs codées, évidemment, pour éviter toute manipulation malveillante ou accidentelle. Autre difficulté à contourner : il faut que ces calculs individuels puissent être arrêtés et repris à tout moment, les connexions/déconnexions des internautes étant impossibles à prévoir.Sans lever le petit doigt, un internaute peut “participer” au décryptage du génome ou affecter ses ressources informatiques à la lutte contre le sida. Car la technique, qui permet de se passer de supercalculateurs, est déjà largement utilisée. United Devices, partenaire d’un projet de recherche contre le cancer avec Intel et l’université d’Oxford, a ainsi développé la plateforme de calcul partagé Global Metro Processor ?” rien d’étonnant à cela puisque le directeur d’UD fut l’initiateur du projet Seti@home, qui mobilisa des milliers d’ordinateurs à la recherche d’une intelligence extraterrestre.Mais les possibilités du calcul partagé vont bien au delà des projets philanthropiques. Des sociétés comme EDF commencent à entrevoir les avantages de la technologie, créant une grille interne qui pourrait avantageusement remplacer les supercalculateurs employés, par exemple, pour les problèmes de mécanique des fluides. Et les constructeurs informatiques (IBM, Sun Microsystems, Compaq, etc.) y vont tous de leurs partenariats avec des centres de recherche pour développer leurs propres technologies.

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Agathe Remoué