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Déshabillez-vous !

De start-up en holdings, journal de bord d’un cadre de la nouvelle économie. Il se confie sous pseudo pour parler?” et parfois crier ?” plus librement…

Parfois, le boulot peut vous donner de pires cauchemars que la vie dite ” privée “. Privée de quoi, je vous le demande ! De vivre avec Claudia Schiffer quand on a épousé Pauline Carton ? De parents modèles quand votre père boit et que votre mère ne passe ses vacances que dans les boîtes naturistes du Cap d’Agde ? D’une descendance dont on soit fier, quand votre fils de 12 ans rackette ses copains en sortant son cutter ? Ou quand votre fille couche en direct avec un bas-du-front de son âge dans Loft Story, en expliquant à la France entière que ses parents sont des tarés d’un autre siècle ? Ces légères contrariétés ne sont rien, comparées à ce qui vous attend au bureau…Jugez-en par vous-même : Roland, notre infaillible boss, vient d’accepter la proposition obscène d’Armand, le patron de notre filiale bretonne où l’on m’a injustement exilé. Oui, il a accepté de racheter un site cochon, au motif que cette machine à fric mettra du beurre (je suis poli) dans nos épinards. Tout le monde sait que le sexe est le business numéro 1 sur internet, OK, mais que font-ils de l’image du groupe ? “ On rachète en sous-main, banane ! “, m’a répondu Roland avec sa concision habituelle. “Et si quelqu’un découvre le pot aux roses ?” Réponse : “Personne ne découvrira rien, je te jure “. S’il le jure, n’est-ce pas, ça clôt le débat. Jusqu’au lendemain en tout cas, où je reçois le coup de fil d’un de ces magazines virils spécialistes des abdos masculins et des croupes féminines. Le journaliste me demande une interview en tant que directeur de la communication du groupe, à propos du site sexy que nous venons de racheter.”Vous vous trompez ! Le groupe ne rachète que des sociétés de services. Pas de site de c… ! On ne mange pas de ce pain-là ! “. J’étais au bord de la syncope. Ma voix sonnait aussi faux que celle d’Hélène Ségara vantant son propre naturel, ou celle de Chirac entonnant le refrain écolo. “Pourtant, Monsieur, nos informations sont de source sûre, et…“. OK, OK. ça m’a coûté : 1- Une nuit de cauchemars, où je donnais une conférence de presse en string pour expliquer que nous étions un groupe sérieux, à côté d’un Armand en costume rayé maquereau, et de mon assistante topless arborant notre logo en piercing au bout des seins.

2- Un coup de fil à Roland qui m’a engueulé pour la conne-rie dont il était l’auteur, notre boss ayant pour principe d’accuser le thermomètre quand il a la fièvre.

3- Un déjeuner ruineux aux Champs, chez Laurent, où cette hyène de journaliste a commandé ce qu’il y avait de plus cher sur la carte, avec en prime un château-fieuzal 89, plus deux verres de Coca 2001, imaginez la honte… Saluons quand même son noble refus, quand j’ai sorti mon chéquier pour qu’il ne publie pas l’histoire. En revanche, ce que j’ai moins apprécié, c’est son allusion très appuyée au bonheur de travailler pour un groupe comme le nôtre, plutôt que dans un canard comme le sien. Je sens que si on ne l’embauche pas, tout le groupe se retrouvera très vite en vacances. Au Cap dAgde, par exemple…

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La rédaction