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Des robots élevés à la dure

Ils marchent, pilotent des hélicoptères et apprécient leur bergerie : les robots new look ressemblent de plus en plus à des êtres vivants. Ils ont même tout appris tout seuls !

Sur l’écran, une sorte de fourmi s’écroule, se relève péniblement et chute à nouveau. Devant l’écran, Gildas Bayard contemple sa créature à qui il vient de paralyser une patte en modifiant quelques lignes de programme. “Là, elle ne va pas réussir. Parfois, même, elle recule.” Ce jeune chercheur de l’Animatlab, un laboratoire de l’université Paris 6, ne fera rien pour l’aider. Car ici, les robots, réels ou simulés sur un ordinateur, doivent se débrouiller par eux-mêmes !“Nos robots apprennent à survivre”, résume Jean-Arcady Meyer, directeur du laboratoire. Selon ces scientifiques, la meilleure manière d’évoluer est de laisser faire… la sélection “naturelle”. En quatre milliards d’années, elle a produit des séquoias, des baleines, des hirondelles et façonné les comportements : c’est probablement en se rafraîchissant avec leurs éventails dorsaux que des insectes ont appris à voler il y a 300 millions d’années. “Mais avec un ordinateur, la sélection évolutive peut se réduire à quelques générations”, rappelle Jean-Arcady Meyer.

Ils apprennent à vivre

Ce que l’on fait évoluer, c’est le “cerveau” du robot, qu’on préfère appeler ici un animat. En général, ces logiciels sont des réseaux neuronaux, imitant sommairement le fonctionnement des véritables neurones, les cellules nerveuses des animaux.La recette est simple : prenez un réseau neuronal et provoquez des mutations, en l’occurrence des petites modifications aléatoires. Testez ces mutants et sélectionnez les meilleurs, puis recommencez. Vous pouvez améliorer le processus en effectuant des croisements entre deux programmes intéressants. La méthode “marche”. C’est même l’expression exacte : en une nuit, un animat à six pattes apprend à marcher et, en quelques heures, la fourmi de Gildas Bayard arrive à se déplacer avec cinq pattes. D’autres ont appris à maintenir un hélicoptère en vol stationnaire ! Juste à côté, un animat sait maintenir une tige verticale en équilibre sur l’équivalent d’un doigt. Après 1 000 générations, il parvient même à en tenir deux en même temps !Ces prouesses démontrent l’intérêt du principe de la mutation-sélection pour concevoir des robots autonomes, qui pourront devenir réels et se promener sur Mars ou dans l’océan, ou encore des robots virtuels qui serviront d’agents de recherche sur Internet. Elles permettent aussi de mieux comprendre le comportement animal. “Plus tard, anticipe Agnès Guillot, psychophysiologue à Animatlab, ces travaux permettront de donner à des systèmes artificiels les possibilités d’adaptation des organismes vivants”. En fait, le but ultime de la robotique est… que l’on ne s’occupe plus des robots ! Devenus autonomes, ils vivront leur vie et trouveront les endroits où recharger leurs batteries

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Jean-Luc Goudet