Des courbes et des points

Des points colorés sur l’écran… Un graphique ou un cliché affichés par un ordinateur semblent, finalement, se résumer à cela. Mais, selon le logiciel et les outils choisis, une illustration numérique peut reposer sur deux principes totalement différents : le mode point ou le vectoriel.

Vos dessins entre deux mondes

Les deux mondes ont longtemps été bien séparés : logiciels de dessin vectoriel d’un côté, et logiciels de retouche d’images de l’autre, avec des fonctions bien distinctes. Les graphistes professionnels, selon leurs besoins, passent d’un logiciel de dessin vectoriel (Illustrator ou CorelDraw, par exemple) à un programme de retouche d’images en mode point (comme Photoshop).Tous ceux qui n’ont pas besoin de logiciels aussi puissants peuvent parfaitement marier les deux techniques avec un logiciel comme Paint Shop Pro. A la base, il s’agit bien d’un programme de retouche d’images. Mais les versions récentes se sont enrichies de fonctions vectorielles, qui permettent de superposer des illustrations vectorielles à une image en mode point.Imaginons, par exemple, que vous désiriez entourer d’un cercle le visage d’un personnage sur un cliché. Vous pouvez tracer ce cercle directement sur l’image, en mode point. Dans ce cas, les points du cercle remplacent ceux de l’image. Impossible de le déplacer : des blancs subsisteraient sur l’emplacement de départ ?” sans parler de la difficulté de sélectionner tous les points composant le cercle.Si vous dessinez le même cercle en vectoriel, plus de problème. Placé au-dessus de l’image, il n’efface pas les points auxquels il est superposé. Vous pouvez à loisir déplacer le cercle, et faire réapparaître les points cachés de l’image. Pour sauvegarder l’image ainsi modifiée, veillez à choisir un format qui peut enregistrer à la fois des informations en mode point et en vectoriel comme, par exemple, le format PSP de Paint Shop Pro

Bien choisir son mode de dessin

Une photo numérique est une image en mode point. Pour la retoucher, le mode point s’impose donc très naturellement. Mais lorsqu’on crée une illustration originale, l’idéal est souvent de marier mode point et vectoriel. Ainsi, on pourra utiliser, d’une part, des outils graphiques en mode point pour simuler des techniques de dessin traditionnelles (fusain, craie, aquarelle, etc.) et, ensuite, passer en mode vectoriel pour l’insertion de texte ou pour l’ajout de formes géométriques. Cela permet, notamment, de procéder par approximations sans avoir besoin de jouer en permanence avec la fonction annuler : quelques clics suffisent pour modifier la police, la couleur et la taille d’un texte en mode vectoriel superposé à une illustration réalisée en mode point.

Le mode point: juxtaposer des couleurs

Lorsqu’on dessine sur ordinateur, le mode point est le plus utilisé. Les logiciels de navigation sur le Net l’emploient ainsi pour afficher les images. Une image dans ce mode est constituée de points de couleur, les pixels (pour picture elements), juxtaposés comme une mosaïque composée de petits carreaux. Il suffit d’agrandir l’image pour voir apparaître ces pixels. Car pour agrandir l’image, l’ordinateur se contente d’agrandir la taille de petits carrés de couleur. Lorsque ceux-ci deviennent visibles (et donc dégradent la lisibilité), on parle de ” pixélisation “.

En mode point ou bitmap, la principale caractéristique d’une image est sa définition, soit le nombre de points qu’elle contient en largeur et en hauteur (par exemple 1 024 par 768). Le nombre de points d’une image s’obtient en multipliant sa largeur par sa hauteur (1 024 x 768 = 786 432 points dans notre cas). Autre critère important d’une image en mode point : la taille de sa palette de couleurs (nombre de couleurs différentes que chaque point de l’image pourra prendre). Pour une photo, par exemple, on utilise souvent une palette de 16 millions de couleurs. Pour certains formats d’image (un logo très simple), 256 couleurs suffisent. Réduire le nombre de couleurs permet de réduire la taille du fichier graphique. Pour une image en 256 couleurs, pour chaque point, il suffit d’un octet (c’est-à-dire huit bits, pour le codage de 256 valeurs différentes) pour donner la couleur. Une image en 16 millions de couleurs requiert trois fois plus de mémoire : il faut trois octets pour indiquer la teinte d’un point parmi les 16 millions de couleurs de la palette

Même Windows marie mode point et vectoriel

Pour son fonctionnement interne, Windows utilise deux types de polices, en mode point ou en vectoriel. Pour vous en convaincre, ouvrez le dossier Fonts du dossier Windows où sont rangées ces polices. Certaines sont représentées par des icônes bleutées, portant l’extension.ttf (pour True Type Font). Il s’agit de polices vectorielles, décrites sous forme mathématique, qui peuvent être utilisées dans n’importe quelle taille sans perte de qualité. Les autres, dont l’icône est marquée d’un A rouge, sont des polices en mode point. Elles sont définies par une matrice de points, qui n’existe que pour certaines tailles bien déterminées. Double-cliquez par exemple sur Coure.fon. Il s’agit du fichier contenant la police Courier qui n’est fournie que pour les tailles 10, 12 et 15. Du coup, quand on tente de l’afficher dans une taille plus grande, les caractères offrent des bords en escalier nettement visibles

Le mode vectoriel : dessiner avec des courbes mathématiques

Dans ce mode, une image est décrite comme une somme de formes géométriques simples (cercles, rectangles, etc.) ou complexes. Ici, le logiciel ne retient pas l’aspect du dessin (tel qu’il est affiché à l’écran), mais les formules mathématiques nécessaires pour dessiner à l’écran chaque forme géométrique. Le programme retient aussi, pour chaque forme, quelques paramètres simples (pour un cercle, par exemple, l’épaisseur et la couleur).

En plus des formes simples, les logiciels de dessin vectoriel savent manipuler des éléments graphiques plus complexes (morceaux d’ellipses, courbes passant par des points donnés…, il en existe plusieurs familles dont les plus connues sont les courbes de Béziers et les Splines). Ainsi, on peut créer des illustrations aux contours très complexes. Le dessin vectoriel a de nombreux atouts. Les fichiers générés sont légers. En effet, une formule mathématique occupe peu de mémoire, et la taille du fichier est indépendante des dimensions du dessin. Dessiner un cercle sur une image, quelle que soit la taille de cette image, demande les mêmes informations. Une image vectorielle, en outre, peut être agrandie sans perte de qualité ni effet de pixélisation. Chaque fois, le logiciel reprend les formules des éléments de l’image et les redessine à l’échelle. Du coup, le tracé reste parfait. La retouche de l’image vectorielle est facile : tous les éléments du dessin sont indépendants, même si leurs tracés se superposent. On choisit l’élément, puis on le retouche pour, par exemple, modifier le rayon d’un cercle. Enfin, il est facile de créer une image en mode point d’après un fichier vectoriel ; c’est comme si vous preniez une photo du dessin à une échelle donnée. Linverse est moins aisé, et si certains logiciels graphiques ont une fonction dite de vectorisation, ses résultats ne sont pas toujours probants

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Thierry Gérard