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Des claps et des clics

L’alliance du septième art et des nouvelles technologies a-t-elle un sens ? Pour le savoir, le Centre Pompidou et Arte ont donné carte blanche à de jeunes réalisateurs de cinéma. Résultat : trois courts-métrages interactifs à regarder sur le site Web d’Arte.

“Le cinéma de demain se fait aujourd’hui.” C’est le credo de Géraldine Gomez, responsable des nouvelles technologies au Centre Pompidou à Paris. Son projet de courts-métrages interactifs a pour ambition de créer une passerelle entre les deux univers. Intéressée, l’unité de production de courts-métrages d’Arte s’associe à l’aventure et convainc Angelo Cianci, Antoine Le Bos, Muriel et Delphine Coulin, jeunes réalisateurs lauréats de prix, de relever le défi. La production déléguée est confiée aux Films du Petit Poisson, société spécialisée dans les courts-métrages, tandis que la programmation informatique et la mise en ligne sur le site Web d’Arte sont réalisées par la société de production multimédia Plokker.

Un nouveau dogme pour le court

Ecrire et réaliser des films qui seront regardés sur l’écran d’un ordinateur par un spectateur agissant, voilà qui révolutionne les règles du septième art. “La narration non linéaire, déconstruite, ouvre d’autres pistes à l’écriture. Le cinéma interactif, c’est vraiment un nouveau format”, souligne Delphine Coulin. “La possibilité donnée à l’internaute d’actionner des paramètres liés au récit entraîne pour lui une forme d’implication bien plus importante” remarque Antoine Le Bos. Et Angelo Cianci y voit “un art très jeune, très neuf. La diffusion, même à haut débit, n’atteint jamais 24 images par seconde. On est au mieux à 18 images par seconde ; ce qui, paradoxalement, nous rapproche des origines du cinéma.”De plus, les réalisateurs doivent composer avec les contraintes techniques de la diffusion en ligne et la multiplicité des configurations informatiques sur lesquelles les internautes verront leurs films. “La vraie difficulté”, relève Antoine Le Bos, “c’est que le résultat dépend de la puissance de l’ordinateur sur lequel est lancé le court-métrage interactif. La vitesse d’exécution pouvant varier, on ne maîtrise plus le temps, ce qui fait aussi du film une matière vivante. De même, la détérioration de l’image devient un parti pris plastique : elle crée des zones de “pli” où l’imaginaire du spectateur peut s’insinuer. La pixélisation donne de la prise au regard qui accroche l’image, ce qui amène une dynamique. Pour le son, c’est encore pire : son déclenchement peut intervenir trop tôt ou trop tard. Il faut transformer ces inconvénients en éléments du film lui-même.”

La mise en place de l’interactivité

Les trois réalisateurs ont ainsi découvert ceux qu’ils appellent “les gens de l’interactivité”, et en particulier Fred Mastellari, de Plokker. Ils s’accordent pour comparer son rôle à celui du chef opérateur au cinéma, “un collaborateur artistique à part entière qui nous aide à trouver une solution compatible avec le cahier des charges plutôt qu’un technicien pur et dur”, résume Delphine Coulin.Mis en ligne sur le site Web d’Arte dans les jours prochains, ces trois courts-métrages interactifs seront projetés au public le mercredi 18 décembre à 20 heures, au cinéma 1 du Centre Pompidou à Paris.Ce sera l’occasion pour les trois réalisateurs de se mettre à la place de l’internaute en maniant eux-mêmes la souris de l’ordinateur ! “Si l’émotion ne passe pas, si le spectateur n’est pas impliqué, on aura fait des jeux avec des images de cinéma”, estime Angelo Cianci. “Mais si les spectateurs ressentent une émotion de cinéma, là, on aura gagné notre pari !”www.arte-tv.com


Rubrique Cinéma & Fiction, dossier Sens dessus dessous


www.centrepompidou.fr

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Véronique Balizet