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De nouvelles technologies pour faire baisser les coûts

“Les entreprises ont investi des millions dans leurs intranets. Et pourtant, elles ne s’en servent pas. Or, le besoin de communiquer en interne et avec les…

“Les entreprises ont investi des millions dans leurs intranets. Et pourtant, elles ne s’en servent pas. Or, le besoin de communiquer en interne et avec les partenaires n’a jamais été aussi impérieux. La véritable communication passe par l’image et le son. Ce que ne permettent pas les intranets d’aujourd’hui. C’est pourquoi nous voulons amener le satellite dans l’entreprise.” Pour Philippe Boissat, directeur de SES Multimédia, la cause est entendue : le satellite géostationnaire a sa place dans les réseaux d’entreprise. “Nous ne cherchons pas à concurrencer les moyens terrestres, comme le DSL, mais à les compléter”, modère-t-il. Et de citer l’accord récent signé par Astra (la branche européenne de SES-Global) avec Deutsche Telekom, qui permettra à l’opérateur allemand de fournir du DSL symétrique à 768 Kbit/s là où il n’y a pas d’infrastructures classiques.

Des délais de transmission trop lourds

En fait, les transmissions informatiques par satellite existent depuis une quinzaine d’années : ce sont les stations à petites antennes, ou VSAT (Very Small Aperture Terminal), plus répandues aux Etats-Unis qu’en Europe. “Les principaux obstacles au développement de cette technique ont été son prix et la complexité de sa mise en ?”uvre, estime Jean-François Frémaux, directeur développement au département multimédia d’Eutelsat. Mais les choses sont en train de changer. On va voir arriver des terminaux à moins de 1 000 dollars, faciles à installer.”Pourtant, les utilisateurs restent toujours méfiants. En matière de transmission de données pure et dure, ils reprochent au satellite ses délais de transmission : un peu plus d’une demi-seconde pour parcourir les 72 000 kilomètres aller et retour dans l’espace. “Ce délai est incompatible avec les contraintes de temps réel de GLNet, notre réseau de passation d’ordres sur les places de marché, précise Stéphane Daix, directeur des opérations de GL Trade, un spécialiste des services d’information financière, connecté à cinquante-cinq places de marché dans le monde. Aussi GLNet n’est-il composé que des liaisons terrestres.” En revanche, le satellite est utilisé pour la diffusion d’information boursière vers sept cents points de réception ?” sociétés d’investissement, cabinet d’assurances, particuliers, etc. ?”, applications pour lesquelles les délais sont moins cruciaux. Cependant, il reste parfois le seul moyen d’établir rapidement une liaison longue distance ?” par exemple, entre Paris et Johannesburg ?”, qui aurait nécessité l’intervention de deux ou trois opérateurs. Quant au prix d’un lien satellitaire, il est comparable à celui d’une liaison terrestre, soit 80 000 dollars par mois pour une artère à 2 Mo sur cet axe. Chez Total-Fina-Elf Exploitation Production aussi, la priorité est donnée aux liaisons terrestres. “Pour atteindre des zones éloignées, il faut parfois un double bond satellite, soit plus de d’une seconde. Ce qui est incompatible avec certaines applications transactionnelles”, reproche Philippe Chalon, directeur des systèmes d’information. Aussi la politique de la société vise-t-elle à n’utiliser le satellite que faute de mieux. Mais dès qu’une solution terrestre est disponible, celle-ci a la préférence : par exemple, une fibre optique le long des côtes et un faisceau hertzien pour s’enfoncer dans les terres. C’est pourquoi les projets de constellations en orbite basse (environ 1 000 km), comme Skybridge ou Teledesic, intéressent Philippe Chalon. Et cela parce qu’ils combineront ?” s’ils voient le jour ?” l’ubiquité du satellite et les faibles délais de transmission (2 000 km aller et retour au lieu des 72 000 km des satellites géostationnaires).

Une solution pour les groupes fermés

En revanche, il existe un domaine où le satellite n’a pas de rival : la diffusion d’information point-multipoint. Selon Eutelsat, la technologie devient rentable dès qu’il faut arroser plus de trois sites distants de plus de 150 kilomètres. La solution est idéale pour les gros transferts de fichiers en groupes fermés d’utilisateurs ?” mise à jour des états de stocks, de bases de données clients, de catalogues, etc. “Plusieurs grosses entreprises très dispersées, comme les grandes chaînes de distribution, ont adopté ce moyen de transmission. Mais des utilisateurs plus inattendus y viennent. Par exemple, des collectivités territoriales, comme le département du Tarn-et-Garonne”, note Frédéric Le Bel, responsable du département multimédia chez Eutelsat. Une autre application, plus récente et inédite, milite en faveur du satellite : la télévision d’entreprise (Business TV). Cette activité est proche du c?”ur de métier d’Astra, la diffusion de chaînes de télévision. Ce qui explique son enthousiasme. Ce sont, par exemple, les images reçues chez les concessionnaires d’un constructeur automobile vantant les mérites du dernier modèle ou présentant différentes formules de financement. Certains pensent d’ores et déjà à étendre la formule à tous les endroits où le public attend : aéroports, gares et ?” pourquoi pas ?” les banques.

Bientôt une voie de retour à 2 Mbit/s

Eutelsat et Astra visent également des applications plus “internes “. Outre le discours traditionnel du PDG à ses troupes, les tenants de cette formule pensent à des usages plus professionnels, comme la présentation de la campagne marketing d’un nouveau produit et, surtout, au téléenseignement (rebaptisé aujourd’hui e-learning).Certes, l’interactivité reste limitée, puisque la voie de retour (le moyen pour les sites distants de communiquer avec le site central) reste terrestre : réseau téléphonique commuté à 56 Kbit/s ou, au mieux, RNIS. Mais une nouvelle possibilité s’ouvre : la voie de retour par satellite jusqu’à 2 Mbit/s. Astra a baptisé cette offre BBI (Broadband Interactive) et se lance dans l’aventure, tandis que, chez Eutelsat, on joue la prudence.Chez Total-Fina-Elf, bien qu’aucune décision n’ait été prise, on s’intéresse à la télévision d’entreprise. Pour le moment, le pétrolier déploie un réseau mondial, dont la bande passante moyenne sera multipliée par cinq en trois ans. Celui-ci est fondé sur des infrastructures terrestres ?”“plus faciles à maîtriser”, selon Philippe Chalon, directeur des systèmes d’information. Mais les choix techniques n’excluent pas des extensions englobant le satellite. On pourrait donc voir un jour la télévision dans les stations-service.

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Jean-Pierre Soulès