Après deux ans d’enquête, la police a mis fin à une vaste escroquerie visant les 52 millions d’utilisateurs de téléphones mobiles en France. Lundi matin, l’Office central de lutte contre la criminalité liée aux
technologies de l’information et de la communication (OCLCTIC) a interpellé trois dirigeants français d’une entreprise crapuleuse, soupçonnés d’avoir mis en place une arnaque au portable s’appuyant sur la technique du
‘ call back ‘. Elle aurait fait des centaines milliers de victimes en France, rapportant à leurs auteurs plus de 600 000 euros.Le principe de l’escroquerie est simple. Cela consiste à appeler les victimes sur leur mobile, à faire sonner leur combiné une fois avant de raccrocher. Intrigués, les destinataires de ce coup de fil rappellent leur interlocuteur
mystérieux. C’est là que le piège se referme puisqu’il s’agit d’un numéro surtaxé débouchant sur une tonalité ou sur de la musique en boucle. Mais l’appel est très payant pour les escrocs. Ils peuvent toucher 40 à
90 centimes d’euro par appel. Au mois de février 2007, l’UFC-Que Choisir
s’alarmait de la recrudescence de ce type d’arnaque.
Un tiers des personnes visées ont été piégées
Dans l’affaire dévoilée cette semaine, les escrocs avaient carrément industrialisé le procédé grâce à des ordinateurs capables de passer automatiquement des centaines de milliers de coups de fil. Le logiciel utilisé par les
pirates était réglé pour ne faire sonner les téléphones portables qu’une seule fois. ‘ Les escrocs comptaient sur la réceptivité et la curiosité des propriétaires de téléphones pour les piéger ‘, confie
une source proche de l’enquête.Un tiers des personnes ciblées auraient tenté de rappeler le correspondant fictif. L’arnaque a été mise à jour par plusieurs opérateurs téléphoniques étonnés d’un
très grand nombre de plaintes de leurs clients au sujet d’appels payants basés sur un numéro unique commençant par 0899.
‘ J’ai reçu un appel que j’ai manqué, nous explique Julien. J’ai donc rappelé et là j’ai compris le piége, mais il était trop tard. ‘
Une arnaque qui prend plusieurs formes
Les trois personnes arrêtées ont, semble-t-il, étaient inspirés par une escroquerie du même genre, découverte en 2004 au Royaume-Uni. A l’époque, deux sociétés avaient été épinglées pour avoir mis en place ce piége téléphonique.
L’Independent Committee for the Supervision of Telephone Information Services avait fait fermer les entreprises. A noter que les trois escrocs Français arrêtés se faisaient passer pour une entreprise britannique, justement.Le piège du ‘ call back ‘ peut prendre plusieurs formes, même si l’objectif est toujours d’amener la victime à rappeler un numéro surtaxé afin d’empocher une part du coût de la
communication (l’autre étant versée à l’opérateur mobile). Par exemple, les ‘ pirates ‘ affichent des petites annonces dans la presse, sur Internet, dans les écoles, les facultés, etc. Ces messages proposent
la location d’une chambre, d’une colocation pour étudiants, d’une offre d’emploi et invitent les intéressés à les appeler.Les escrocs utilisent toujours le même type de numéros de téléphone, commençant par 0892 et 0899. Parfois, ils demandent un CV ou une lettre de motivation, à envoyer par fax. Seulement, le bruit du fax n’est rien d’autre
qu’un répondeur qui tourne en boucle. L’imagination des escrocs semble une fois de plus sans limite et le ‘ spam téléphonique ‘ a visiblement de beaux jours devant lui.
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