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Concert en libre diffusion sur clés USB

A Ussel, en Corrèze, le groupe Godon donne samedi 13 août 2005 un concert que le public pourra récupérer aussitôt en MP3. La musique du groupe est sous licence creative commons.

‘ Amenez vos clés USB et repartez avec le concert en MP3 ! ‘
Ce ne sont pas des pirates qui vous disent cela, mais le groupe Godon, qui joue ce samedi 13 août à Ussel, en Corrèze.
Normalement, un artiste bénéficie du ‘ droit de première fixation ‘ d’une création, sur lequel l’exception pour copie privée ne s’applique pas. C’est ce qui interdit notamment à des spectateurs d’enregistrer les concerts
auxquels ils assistent.Mais Godon fait du ‘ rock libre ‘ et plaide pour une libre diffusion de sa musique. Le concert sera donc enregistré, la console de mixage connectée à un PC sur lequel tourne le
logiciel gratuit Jamcorder. ‘ Il fonctionne sous XP ou Linux. Il permet d’enregistrer en WAV en stéréo et d’encoder dans la foulée en
MP3,
explique Dominique Godon, chanteur du groupe. Et on peut renseigner au fur et à mesure les fichiers avec des métadonnées (pochettes d’album, paroles..). ‘ L’intérêt du logiciel étant en effet de
pouvoir mener diverses opérations de front. Pendant qu’il enregistre en WAV une chanson en cours d’interprétation sur scène, il encode la suivante en MP3, et on peut ajouter les métadonnées sur les titres déjà encodés. Les spectateurs, eux, n’auront
qu’à se présenter avec une clé USB ou un baladeur numérique pour récupérer le tout.

La diffusion libre n’exclut pas la vente d’albums

En fait, pour être sûr de son coup, Godon a déjà testé l’initiative en répétition, puis en juin dernier, pour la Fête de la Musique. ‘ C’est dans la continuité de notre démarche depuis le
début ‘
, ajoute Dominique Godon. La musique du groupe, en disque (un album en 2004) ou en concert, est en effet sous licence creative commons, une application du principe de l’open
source
aux créations artistiques. Un dispositif d’origine anglo-saxonne qui s’écarte du droit d’auteur traditionnel et qui a été
adapté à la France en novembre 2004.Mais cela ne signifie pas que les ?”uvres sont diffusées et exploitées n’importe comment. ‘ Nous avons choisi la licence ND [no derivative works, NDLR], qui soumet la modification d’une
 ?”uvre à l’approbation des auteurs, et la licence NC
[non commercial], qui soumet les utilisations commerciales à notre acceptation. ‘ Tout cela n’exclut pas la mise en vente d’album.
‘ N’oubliez pas, le fait d’acheter les disques nous permet de continuer à diffuser librement la musique ‘, rappelle le groupe sur son site Internet. Mais on peut aussi l’écouter en ligne, la copier, la
distribuer librement autour de soi.Godon n’est pas sociétaire de la Sacem : ‘ Quand on est diffusé en radio, on ne perçoit pas de droit. ‘ Il reste que Godon, comme d’autres artistes ayant fait les mêmes choix, cherche
à mieux s’organiser. ‘ On réfléchit à créer une structure pour gérer les droits et les répartir entre artistes. Pour l’instant, la Sacem ne permet pas de prendre en compte les conditions de diffusion des
morceaux. ‘
Samedi, le jour du concert transférable sur clé USB, un débat est organisé sur ce thème et sur les licences creative commons en général. Un représentant de la Sacem sera même présent.

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Arnaud Devillard