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Comment Baltimore a-t-elle pu se retrouver au pied du mur ?

Le spécialiste irlandais des échanges sécurisés annonce des pertes plus fortes que prévues. À New York, l’action a chuté de plus de 80 % depuis décembre.

A-t-on placé trop d’espoirs en Baltimore Technologies ? Valeur emblématique de la net économie européenne, symbole du renouveau irlandais, le spécialiste des solutions technologiques de sécurisation des échanges sur internet serait en péril, selon les analystes financiers. L’entreprise de Dublin, cotée à Londres et sur le Nasdaq, vient d’annoncer que ses pertes du premier trimestre s’étaient inscrites à 27,9 millions d’euros (183 millions de francs), contre 8,5 millions d’euros au cours de la période correspondante en 2000, alors que le marché anticipait une perte de 24,3 millions d’euros. Le chiffre d’affaires, établi à 38,4 millions d’euros, était en ligne avec les projections des analystes. Mais le groupe avait pris le soin de prévenir à deux reprises depuis mars que celui-ci serait en dessous de ses objectifs initiaux.Cette déconfiture reflète la tendance du secteur de la PKI (Public Key Infrastructure ou infrastructure de clé publique, c’est-à-dire un standard de chiffrement et d’authentification), explique Jean Michel Salvador, analyste au groupe Wargny.Alors qu’il était de 154 millions d’euros en l’an 2000, on tablait sur un chiffre d’affaire global du secteur de 710 millions d’euros en 2003. Mais comme les entreprises, en raison du ralentissement économique, ont différé leurs achats dans le temps, ce niveau ne sera sans doute pas atteint avant 2005.Baltimore Technologies a donc été happée par un effet boule de neige. Après avoir alerté une première fois ses actionnaires du repli attendu de son activité, six clients, doutant de sa capacité à remplir ses engagements et craignant l’impact du ralentissement économique aux États-Unis, ont préféré reporter des contrats au premier trimestre. Cependant, l’impact en Bourse s’est révélé dramatique pour la société. Alors qu’elle fut un temps inscrite au FTSE 100, indice de référence de la Bourse de Londres, la valeur a abandonné 81,2 % à 64,75 pence depuis le début de l’année, soit pratiquement autant qu’à New York où, chutant de plus de 83 % depuis fin décembre 2000, elle ne vaut plus que 0,85 dollar.

Pas d’équilibre financier avant le début 2002

L’entreprise a décidé de réformer son modèle économique pour se recentrer sur son logiciel d’échanges sécurisés entre fournisseurs et clients, le PKI, sur les antivirus et sur les technologies assurant la protection d’informations distribuées en ligne. Il était temps car le groupe a ” brûlé ” 39 millions d’euros au premier trimestre, alors que ses fonds propres s’élevaient à 119 millions d’euros à la fin mars. À ce rythme, il sera exsangue au début 2002, peut-être même avant de toucher ses premiers bénéfices. Baltimore Technologies ne compte plus atteindre l’équilibre financier à la fin 2001, mais au début de l’année prochaine.

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George Schneider