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Cloud Gaming : Orange est prêt mais les éditeurs restent frileux

Entre des jeux défigurés par des connexions trop faibles et un modèle économique difficile à caler, les éditeurs avancent sur la pointe des pieds.

Jouer à Pro Evolution Soccer 2014 sur son téléviseur, sans console, ni PC derrière, c’est possible. Comment ? Grâce au cloud gaming. L’opérateur Orange a profité du salon Paris Games Week pour présenter son offre de jeux à la demande au public et, pour l’occasion, à la Ministre Fleur Pellerin. La technologie propose de jouer depuis sa box Orange à des jeux qui  sont exécutés non pas chez vous mais sur un ordinateur, chez Orange, et affichés sur le téléviseur de votre salon. « Nous visons un public de « casuals » à savoir des clients qui aiment jouer mais ne souhaitent pas investir plusieurs centaines d’euros dans une console. », explique Jean-François Rodiguez, directeur des jeux d’Orange. Selon une étude réalisée par le CSA, entre les 22 et 23 janvier 2013 auprès de 1061 personnes de 15 ans et plus, 8 français sur 10 joueraient aux jeux vidéo. L’étude ne précise pas combien d’entre-eux sont équipés. 

Une qualité graphique adaptée au débit de connexion

Présente depuis octobre 2012 dans le catalogue de l’opérateur, l’offre se découpe de la façon suivante : chacun des 160 jeux disponibles est jouable vingt minutes pour le tester. Ensuite il faudra payer entre 3 et 5 euros pour en profiter pendant 48h (un moins pour certains). Une première sélection de 50 jeux est accessible à partir d’un abonnement de 5 euros et une seconde pour 150 jeux à 10 euros par mois. Tout cela sans engagement. Enfin, les jeux sont disponibles à l’achat tout simplement. Bien entendu, il faut une box Orange (livrée par défaut avec des manettes). Et l’ensemble des jeux est jouable sur Mac et PC. Graphiquement le niveau s’adapte au débit de la connexion au profit du gameplay qui, lui, ne doit jamais être altéré. Sur son stand, et avec une connexion moyenne, la démonstration de Lego Pirate des Caraïbes s’est montrée en effet très fluide mais avec une légère pixellisation de l’affichage.  

Un modèle économique qui n’a pas encore fait ses preuves

Sur le papier le modèle de l’offre est finalement assez similaire à celui de OnLive qui a connu un triste sort. Orange est malgré tout confiant : « Onlive s’est montré trop gourmand, raconte Fabien Dallot, Directeur cloud gaming et jeux mobiles chez Orange.  Il faut une infrastructure assez solide pour pouvoir assurer de la disponibilité. Le fait que nous gérions déjà de la consommation streamée nous aide beaucoup. ». Orange dispose d’un centre de données à Rueil-Malmaison dédié à son offre de cloud gaming. « Onlive a du coup déçu beaucoup d’éditeurs qui ont travaillé à l’adaptation de jeux qui n’ont finalement pas pu être joués. », poursuit Fabien Dallot. Il faut effectivement aux développeurs un mois de travail supplémentaire pour porter un jeu sur une plateforme de Cloud Gaming (menus aux couleurs d’orange par exemple). « Nous travaillons actuellement à un kit de développement (SDK) pour faciliter la tâche aux éditeurs et réduire le temps de portage. », intervient Fabien Dallot. 

Les blockbusters ne sont pas encore au rendez-vous

L’opérateur recense aujourd’hui 60.000 joueurs actifs par mois et estime à 2 millions le nombre de sessions de jeu depuis le lancement de l’offre. « La plateforme tourne 24/24, aucun temps mort. Il y a toujours des joueurs connectés », raconte Jean-François Rodiguez. Mais pour passer à la vitesse supérieure, le catalogue manque encore cruellement de gros titres. PES 2014 disponible depuis le jour de sa sortie, reste une exception. Pour jouer au dernier Batman : Arkham Origins ou Battlefield 4, il faudra attendre. Les éditeurs se montre encore assez frileux.  Pour Jérôme Austin, responsable marketing France d’Electronic Arts (Battlefield, Fifa, etc.), « cette technologie n’est pas encore assez mature pour s’y investir ». Mais là où le bât blesse vraiment c’est que « les développeurs ne veulent pas voir leurs jeux défigurés. Et ça peut se comprendre, précise Benoît Clerc, directeur jeux vidéo chez Bigben Interactive (WRC 4). A titre personnel, je n’ai rien contre, tant que les modèles d’affaires sont rentables et évitent le risque que la valeur générée soit plus profitable à l’exploitant qu’à l’auteur ! ».

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Stéphane Bellec