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Cinéma numérique : Microsoft réserve sa place

Avec son Windows Media 9 Series, la firme de Redmond entend faire du marché du cinéma numérique encore balbutiant une réalité. Une réalité qui pourrait avoir des répercussions sur tout le modèle économique du
7e art.

Pitof, Téchiné, Kapish, Serreau… La liste des réalisateurs qui expérimentent le numérique s’allonge (même si 95 % des films sont encore tournés en argentique). Pourtant, celle des cinémas numériques, en France, stagne
invariablement à une salle. Aujourd’hui, seul le Gaumont Aquaboulevard, à Paris, est équipé. Mais le nombre de salles obscures permettant une diffusion en numérique pourrait très prochainement grossir, et ce grâce à Microsoft.La firme de Redmond vient ainsi d’annoncer qu’elle allait équiper la totalité des 177 salles de l’exploitant américain
Landmark Theatres, grâce à sa solution Windows Media 9 Series. ‘ Le cinéma numérique est un axe de développement qui nous intéresse, au même titre que le broadband
et le broadcast ‘,
confie Xavier Bringué, responsable de la division média de Microsoft.Avec son logiciel, le géant de l’informatique désire conquérir un marché encore en friche, dont le développement est freiné par le facteur financier. Michel Malacarnet, l’un des fondateurs du réseau indépendant
Utopia, en sait quelque chose. ‘ Il y a deux ans, à Bordeaux, nous avons décidé d’équiper l’une de nos salles pour répondre aux besoins des films à petits budgets tournés
en numérique, les documentaires en particulier.
[La conversion d’un film numérique est possible grâce au procédé kinescope, mais la facture s’allonge de 30 000 euros, NDLR] Nous avons donc testé le concept sur une
période donnée. S’équiper coûtait alors 1 million de francs. ‘

Un ticket d’entrée prohibitif

Le prix d’achat du matériel numérique reste prohibitif. Un serveur numérique coûte par exemple entre 40 000 et 150 000 euros. Et c’est bien en réduisant au maximum ces tarifs que Microsoft entend s’imposer.
Notre produit apporte une réelle démocratisation. Il suffit d’avoir un PC industriel avec une carte audio pour diffuser en numérique. Pour 3 000 ou 4 000 euros, un exploitant équipe une
salle ‘,
martèle Xavier Bringué.Microsoft l’a récemment prouvé lors de la projection de Standing in the shadows of Motown, d’Allan Slutsky. Diffusé sur un écran de 14 mètres, le film, d’une durée de 1 h 50, occupait un espace de
stockage de moins de 7 Go. Autrement dit équivalent à celui d’un DVD. Et ce pour un débit de lecture de 8,4 Mbits/s (alors que le format DVD aurait demandé 2 fois plus de bande passante).Cependant, les exploitants doivent toujours s’équiper d’un projecteur numérique, dont la facture avoisine les 150 000 euros. ‘ Les prix ici aussi baisseront, grâce à l’arrivée de nouveaux composants.
Nous travaillons sur ce sujet avec Texas Instruments. Enfin la multiplication des concurrents
[Barco, Boeing, Kodak, …, NDLR] devrait également jouer sur les tarifs ‘, analyse
Xavier Bringué.

Une profession à repenser entièrement

C’est donc toute la chaîne du cinéma, de la création à la diffusion, qui s’oriente inexorablement vers le tout-numérique, non sans quelques craintes : ‘ Les cinémas indépendants ont du souci à se faire. Quand
le tout-numérique aura vu le jour, on peut très bien imaginer les majors américaines distribuant les films directement, par satellite, dans les grands complexes. Il en sera alors fini des indépendants
‘, prédit
Michel Malacarnet.Une raison de plus pour Utopia de rouvrir une salle numérique, probablement en Avignon cette fois. Et pour les projectionnistes, denvisager sérieusement une reconversion.

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Hélène Puel