Choisir plusieurs opérateurs ne réduit pas forcément la facture

Il y a deux ans, avec la dérégulation des télécoms, les consultants préconisaient de faire jouer la concurrence pour alléger les factures téléphoniques. Aujourd’hui, ces mêmes experts le déconseillent :“Les gains espérés s’avèrent infimes comparés à l’investissement nécessaire à la gestion de plusieurs factures, opération fastidieuse et coûteuse”, relate Christian Cor, fondateur associé du guide d’achat en ligne Consotel. “Payer une seule facture est plus pratique”, confirme Nicolas Seillan, responsable de l’administration des ventes de Sofitral. Cette PME goûte à nouveau au confort d’un opérateur unique après avoir fait appel à Cegetel pour les communications nationales et mobiles et à Télé2 pour les appels longue distance. Seuls certains grands comptes dégagent de substantielles économies en agençant diverses offres. Et ceci, au prix de lourds investissements.Pour Fiat France, le jeu en vaut la chandelle : “Nous avons économisé plus de 5 millions de francs sur un budget de communications téléphoniques de 12 millions de francs “, rapporte Serge Ducceschi, directeur de Telexis, la division télécoms de Fiat France, qui a signé avec Cegetel et Kaptech. La filiale du groupe italien a déployé un réseau de 17 PABX Alcatel 4400 gérés par le constructeur. Ceux-ci ont été paramétrés pour rediriger automatiquement les appels vers le bon opérateur, selon qu’il s’agit d’un appel local, national, vers un téléphone mobile, etc. Le logiciel de taxation et de suivi de facturation Infoserv, de Cième, permet de gérer les différentes factures. Au coût d’achat et de paramétrage de ce logiciel, s’ajoute celui des autocommutateurs. Les paramétrages devront être mis à jour chaque fois que l’entreprise changera d’opérateur. Il faut compter également la location externalisée des PABX, qui absorbe 5,5 millions de francs par an (0,84 million d’euros), et y ajouter le coût de l’abonnement des lignes auprès de France Télécom qui exerce un monopole de fait sur la boucle locale.Qu’il s’agisse de gérer un ou plusieurs opérateurs, il importe avant tout de bien décrypter les grilles tarifaires. “Le plus complexe est de déceler les offres adaptées au profil de consommation de l’entreprise”, avertit Serge Ducceschi. “Inutile de changer d’opérateur si les appels sont essentiellement locaux”, conseille Nicolas Saillan. En septembre 1999, la société d’exportation accueille dans ses locaux le PABX de Kast Télécom qui compose automatiquement son préfixe : le 2. L’entrée en vigueur, en décembre 1999, de la présélection permet d’utiliser les services de cet opérateur alternatif sans préfixe et sans autocommutateur.

Déjouer les pièges du crédit temps

Modélisé selon l’heure et la destination de l’appel, le tarif d’une communication est aussi soumis au pas de facturation, selon lequel toute minute entamée est due, et au crédit temps. Or ce tarif minimum, appliqué quelle que soit la durée de l’appel, peut être pénalisant. “Il y a 200 000 appels raccrochés qui sont passés par mois. Ces coups de fil de moins de 15 secondes représentent 20 % du volume total de nos communications”, note Serge Ducceschi. 75 % de ses appels durant moins de 5 minutes, Fiat France choisit une facturation sans crédit temps. “Le tarif Pro de France Télécom comprenait un crédit temps de 50 centimes. Or, avec Cegetel, un appel de 15 secondes ne coûte que 5 centimes”, constate Serge Ducceschi. C’est également le choix qui a été fait par Sofitral.

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