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Ceux qui profitent de l’après-11 septembre

La menace terroriste et les moyens de s’en prémunir, dans le monde réel comme dans celui des réseaux, ont dynamisé l’activité de marchés informatiques : téléconférence, sauvegarde, diffusion sur le Web, sécurité, biométrie. Cette ” onde de choc ” positive se propage en deux temps.

Au lendemain du 11 septembre, les sociétés de téléconférence ont connu une hausse subite de leur activité. A cela deux raisons : les risques désormais liés au transport aérien et, conjointement, la volonté des entreprises internationales de réduire leurs dépenses, notamment en matière de déplacement.Genesys Conferencing a ainsi été contactée spontanément par une quinzaine de multinationales. Ses services de téléconférence par téléphone, Web ou vidéo, ont progressé de 45 % la semaine du 17 au 23 septembre, et de 58 % la semaine suivante. ” Aujourd’hui, notre activité s’est stabilisée à plus de 30 % par rapport à début septembre “, précise François Legros, PDG de la société.Dans la foulée, et pour faire face à ses futurs besoins techniques, Genesys a réussi une augmentation de capital de 22,3 millions d’euros sur le Nouveau Marché, tandis que le cours de son action a progressé de 50 % environ depuis le 11 septembre.

Effet immédiat pour la téléconférence, la sauvegarde et le renseignement

L’action de Vcon, fournisseur de terminaux et de logiciels de téléconférence, a quant à elle doublé, mais pour passer de 0,7 à 1,3 euro. Dans le même temps, cette société a soudain vu se conclure des contrats qui n’étaient encore qu’au stade de négociation début septembre.” La situation aux Etats-Unis a, hélas, fait prendre conscience de l’intérêt de notre produit, aux entreprises comme aux distributeurs “, affirme aussi Danièle Lanet, dirigeante d’ADL Système, une entreprise qui produit un système conjuguant téléphonie et tableau blanc pour des réunions à distance. ” Depuis la mi-septembre, nous avons ainsi été contactés par 350 entreprises, et approchés par des revendeurs internationaux. Nous allons d’ailleurs signer des contrats de distribution avec trois d’entre eux. “Pour sa part, Cacheflow, fournisseur de serveurs de cache pour le Web, ” a augmenté son chiffre d’affaires de 15 à 20 % par rapport aux prévisions “, note Bruno Dambrun, directeur Europe du Sud de la société.Avec, à la clé, la livraison, notamment aux sites d’informations multimédias, d’une dizaine de ses plus gros serveurs de cache, capables de supporter plusieurs milliards de hits.Autre conséquence directe des attentats : l’opérateur de satellites Eutelsat a commandé à Cacheflow un système de ” reprise ” (recovery), en cas de saturation des réseaux de télécommunications classiques.Dans la télé-sauvegarde, ” nous avons enregistré 20 % de chiffre d’affaires en plus entre septembre et octobre, pour 18 % de clients supplémentaires “, affirme Edouard Viollet, directeur technique d’Adhersis, société qui propose le service Backupia.” La tendance des grandes entreprises à externaliser leur informatique, par l’infogérance ou la tierce-maintenance applicative, n’en est que renforcée “, rapporte Pierre Dellis, délégué général du Syntec-Informatique, d’après les premiers retours d’information effectués par les SSII françaises. ” Le nombre et l’ampleur des contrats d’externalisation ont progressé suite aux attentats “, poursuit-il.Les publications spécialisées dans le renseignement ne sont pas en reste. ” Nous avons connu une très forte augmentation de trafic suite aux attentats. Il a été multiplié par 10 pendant plusieurs jours, puis par 4, sur les sites Intelligence Online en français et en anglais “?, déclare Maurice Botbol, directeur d’Indigo Publications.

Effet différé pour les opérateurs, la biométrie

Dans d’autres secteurs, l’onde de choc des attentats n’a pas encore eu de répercussion directe sur l’activité commerciale.Ainsi, Legato, éditeur de logiciels de sauvegarde en réseau, n’a pas vu varier ses ventes. L’opérateur Colt Telecom estime, quant à lui, ” difficile d’imputer directement la réévaluation des contrats ou les nouveaux clients aux événements du 11 septembre “.Délicat en effet pour une entreprise de clamer une prise de conscience de ses lacunes en matière de sécurité suite à la vague d’attentats aux Etats-Unis…Et si Guardian iT, société spécialisée dans le secours et la continuité des services informatiques, a recensé une hausse de 60 % des appels de prospects, d’éventuels nouveaux contrats ne se conclueront pas avant six mois.L’activité reste stable également pour Activcard, spécialiste des technologies d’authentification par carte à puce, ” même s’il existe désormais un consensus pour sécuriser les transactions et les communications électroniques, et qu’un millier de demandes d’informations nous sont parvenues”, précise Frédéric Engel, directeur marketing Europe. ” Mais nos cycles de vente sont longs, de l’ordre de neuf mois à deux ans, car nous travaillons sur des programmes à grande échelle, avec des gouvernements ou des grandes entreprises; “Dernier exemple en date : le contrat signé en 2000 avec le DMDC (centre de ressources informatiques de l’armée américaine) qui équipera plus de 4 millions de personnes d’une ” carte d’identité numérique ” sécurisée.

Prise de conscience durable

” Nous ne verrons les retombées commerciales que fin 2002, voire en 2003 “, estime, lui aussi, Daniel Ivert, directeur marketing technique pour les cartes à puce chez STMicroelectronics.En revanche, lors du salon Cartes, fin octobre, les demandes d’information sur l’offre en biométrie de STM ont été nombreuses, de la part des intégrateurs comme des entreprises.Dans tous les cas, il est clair qu’après le 11 septembre, ” on ne comprendrait pas qu’une entreprise n’ait pas pris les mesures de sécurité nécessaires “, affirme Frédéric Engel, d’Activcard. Xavier Dugast, DG de Lexsi, cabinet de conseil en sécurité des systèmes d’information, abonde dans ce sens : ” Alors que le secours informatique, la protection des données et la sécurité des réseaux n’étaient pas une priorité, on assiste aujourd’hui a une accélération de la sensibilisation. Elle n’est pas seulement due au 11 septembre, mais aussi à l’explosion de lusine AZF à Toulouse. “Si la sécurité et ses corollaires restent perçus comme un centre de coût, ils constituent, plus que jamais, un passage obligé pour les entreprises et les organismes publics.

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Laurent Campagnolle