C’est décidé, Microsoft part à l’assaut du marché des progiciels de gestion intégrés (PGI) à destination des petites et moyennes entreprises (PME). Le mouvement avait commencé, l’an dernier, par le rachat de l’Américain Great Plains, en avril 2001, pour 1,1 milliard de dollars (1,2 milliard d’euros). Cette première acquisition avait sonné la charge de Microsoft avec la naissance de la division Business Solutions. Mais l’offensive avait fait long feu en Europe.
Forces de vente
Great Plains réalise toujours 86 % de son chiffre d’affaires aux États-Unis, et sa faible présence en Allemagne, comme en Grande-Bretagne, ne lui a pas permis de prendre une part de marché décisive sur le Vieux Continent. En cause, son faible réseau de distribution. Qu’à cela ne tienne : Microsoft a remis sur la table 1,3 milliard de dollars pour reprendre cette fois-ci un éditeur européen, Navision.Une société qui vise les entreprises réalisant de 5 à 200 millions d’euros de chiffre d’affaires en commercialisant son PGI agrémenté de modules de comptabilité, gestion des achats et des ventes, gestion de la relation client ou de la chaîne d’approvisionnement. Mais le premier atout de Navision, c’est de disposer d’une force commerciale de près de 2 200 revendeurs dans le monde, dont 45 en France. “100 % de notre chiffre d’affaires provient des ventes indirectes, ce qui fait notre force”, commente Niels Niemann, directeur général France de Navision. Ce réseau de distribution profitera vite des 2 000 revendeurs de Microsoft, dont quelques centaines pourraient à terme promouvoir les produits de Navision.Christophe Aulnette, directeur général de Microsoft France, estime que très rapidement les produits de Great Plains et de Navision seront mis en commun. Tout en gardant un centre de développement en Europe, car Microsoft a bien compris pourquoi Great Plains n’y avait pas percé : “La problématique de la localisation des produits va au-delà de la traduction”, explique-t-il.
Consolidation
Mais, en parallèle, ce rachat illustre aussi la consolidation en cours autour du marché des petites et moyennes entreprises. En mars dernier, SAP avait ou-vert le bal en acquérant la société israélien- ne Topmanage afin de construire sa propre offre. Et, aujourd’hui, c’est le leader européen sur ce segment de clientèle, le Britannique Sage, qui se retrouve pris en tenaille. Ce dernier dispose actuellement de 2,9 millions de clients sur les quelque 19,3 millions de PME européennes. A priori, Microsoft devrait d’abord cibler les sociétés de 200 à 500 personnes. Une cible légèrement différente de celle de Sage, qui s’attaque plutôt aux entreprises de moins de 100 employés.Toutefois, les analystes suggèrent que d’ici à deux ans, Microsoft devrait entrer en concurrence directe avec Sage. Comment ? Tout simplement en cassant les prix.D’ores et déjà, une baisse des tarifs des licences de Navision serait envisagée par le géant de Redmond. Pour contrer cette offensive, Sage devrait donc lui aussi chercher à se renforcer rapidement pour conserver ses parts de marché. Une première rumeur le disait acquéreur de son concurrent néerlandais Exact.
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