Casques et écouteurs Bluetooth : comment choisir le bon codec pour améliorer leur qualité audio

La qualité des composants est une chose, celle de la transmission de données sans fil une autre. 01net.com vous explique la différence entre chacun d’entre eux pour bien choisir votre futur casque.
SBC, AAC, aptX, LDAC : derrière ces sigles barbares se cache en fait le niveau de qualité du signal audio envoyé entre votre smartphone et votre casque Bluetooth. Depuis la disparition progressive des ports jack sur les téléphones, la norme sans fil explose dans le monde de l’audio. Désormais, c’est le casque (ou les écouteurs) qui reçoit les données du fichier audio et les décode avant de nous les faire écouter.
La qualité du signal entre les deux appareils est donc une composante importante de la valeur audio globale d’un casque – il faut également prendre en compte le matériel utilisé par le constructeur. Mais sans un codec de qualité, difficile pour un casque de libérer le maximum de son potentiel.
Ce terme de « codec » est un simple mot-valise signifiant « codeur-décodeur ». Il existe aussi bien en vidéo (MPEG, H.264, etc.) qu’en audio (WAV, MP3, etc.). Il permet de compresser un signal pour le stocker ou le transférer, puis de le décompresser pour pouvoir le voir ou l’écouter.
Il faut bien distinguer l’encodage appliqué au fichier audio lu (MP3, AAC, Ogg Vorbis, FLAC, ALAC, etc.) et celui utilisé pour transmettre ce fichier vers le casque. Ici, c’est bien le second qui nous intéresse. Il existe donc quatre principaux codecs sur le marché (SBC, AAC, aptX et LDAC) dont voici le détail :
SBC

C’est le plus rustique des quatre. Ce « Sub-band Codec » est celui par défaut inclus dans l’AD2P. Le Advanced Audio Distribution Profile est le service intégré au standard Bluetooth permettant d’y faire transiter le son. Absolument tous les casques et écouteurs Bluetooth sont donc compatibles avec ce codec. En théorie, le SBC permet des débits allant jusqu’à 350 kb/s, dans la pratique nombreux sont les constructeurs qui le limite à 250 kb/s pour obtenir plus de stabilité en environnement saturé d'ondes.
Le SBC n’est pas considéré comme un codec très qualitatif. Tout d’abord, comme il est intégré dans les appareils de toutes les gammes de prix, nombreux sont les modèles utilisant des composants bon marché. Ensuite, il est destructeur d’information, tout comme le MP3. Cela pose un problème, car avant d’être transmis au casque, votre fichier audio stocké sur votre smartphone, qu’il soit MP3 ou AAC, sera forcément réencodé.

Cette succession d’encodages destructifs engendre des pertes de qualité supplémentaires. En arrivant dans vos oreilles, la musique est donc déjà fortement dégradée. On peut réduire ce phénomène en utilisant sur son smartphone des fichiers FLAC ou ALAC non compressés. Ainsi, le SBC encodera un signal à la base très propre et la dégradation sonore sera moins flagrante.
Il est bon de connaître l’existence du SBC, mais il ne s’agit donc pas vraiment d’un choix. Quels que soient les appareils Bluetooth que vous achèterez, ce codec y sera intégré par défaut, comme sur le Jabra Elite 85h.
AAC

Pour beaucoup, l’AAC = Apple. En effet, c’est ce codec qu’a choisi Steve Jobs pour lancer son iTunes Store. C’est aussi celui-ci qui est utilisé dans le service de streaming musical Apple Music. Pourtant, cet « Advanced Audio Coding » est bel et bien un standard ouvert à tous, tiré de la partie audio du MPEG-4. Il a l’avantage, par rapport au MP3 (ou au SBC) d’être moins destructeur d’informations malgré une compression à peu près similaire. Le débit de transmission de l’AAC en Bluetooth est généralement de 256 kb/s, ce qui lui permet une très bonne stabilité.

Surtout, cette transmission en AAC évite justement qu’un fichier AAC soit réencodé avant d’être transmis vers le casque. Bien que compressé, le signal garde donc la qualité du fichier original, évite ainsi quelques artefacts désagréables en cas de débit SBC faible.
De nombreux appareils sont compatibles AAC, qu’il s’agisse des tous les iPhone, iPad et Mac d’Apple. Côté casques et écouteurs, les récents AirPods Pro, Sony WF-1000XM3 ou le Bose NC700 sont également tous compatibles AAC.
aptX HD

Désormais propriété de Qualcomm, l’aptX avait été développé dans les années 80 et son brevet a navigué depuis de rachat en rachat de société pour terminer aujourd’hui dans l’escarcelle de la société de San Diego. Son évolution HD récente permet en théorie de transmettre des fichiers 24 bits en 48 kHz, grâce à son débit élevé de 576 kb/s. Ce format n’est donc pas encore tout à fait sans perte, mais Qualcomm revendique une qualité proche de celle du CD.

Autre qualité de l’aptX : sa latence. C’est la moins importante parmi les quatre codecs, entre 130 et 180 ms. Cela permet notamment de faire en sorte que le son d’une vidéo soit bien synchronisé avec les images. En revanche, l’aptX ne propose pas de débit variable. C’est-à-dire que si les conditions ne sont pas réunies pour que l’intensité du signal Bluetooth soit suffisante, le casque basculera directement vers le codec SBC, de bien moins bonne qualité.
Ce codec est utilisé par exemple par les true wireless Libratone Track Air+ et pris en charge par la grande majorité des smartphones équipés d’un SoC Qualcomm.
LDAC

Voilà le codec le plus récent de tous et surtout le plus qualitatif. Créé par Sony, il permet de transmettre un fichier audio en qualité CD sans compression (16 bits à 44,1 kHz). Son débit peut même monter en conditions idéales à 990 kb/s, permettant de transmettre d’après Sony des fichiers encodés en 24 bits à 96 kHz. En réalité, cette possibilité comporte une légère compression, laissant plutôt croire que Sony utilise un algorithme permettant de reproduire une qualité sonore comparable.
Par rapport à l’aptX HD, le LDAC a l’avantage de pouvoir varier de bitrate, de 990 kb/s donc, à 330 kb/s. Dans un environnement instable saturé de connexions Bluetooth, on peut donc espérer pouvoir bénéficier malgré tout de ce codec, sans basculer brusquement sur du SBC.

Le LDAC permet à Sony d’apposer sur les appareils compatibles son label « Hi-Res ». S’il n’est pas usurpé en matière de débit transmis, certains casques ou enceintes d’entrée de gamme ne pourront toutefois pas reproduire une qualité hi-fi étant donné la faible qualité des haut-parleurs qu’ils emploient. Attention donc, ne vous attendez pas à entendre forcément un son d’exception, malgré ce label.
Enfin, le LDAC est très gourmand en énergie. Nos tests montrent par exemple une réduction d’environ un tiers de l’autonomie d’un casque ou d’écouteurs en utilisant ce codec. On n’a pas rien sans rien.
Pour en profiter, l’excellent casque à réduction de bruit active WH-1000XM3 de Sony est un choix judicieux.
Le problème avec le Bluetooth
Il est très intéressant que connaître les qualités et les défauts de tous ces codecs, mais il faut savoir une chose avec le Bluetooth. Comme toutes les connexions sans fil, il est instable, surtout dans un environnement où se trouve une multitude d'autres d’appareils sans fil.
Le cas typique étant par exemple celui des transports en commun. Là, la connexion Bluetooth risque de ne pas disposer d’assez de débit pour pouvoir transmettre un fichier non compressé ; comme on l’a vu plus haut avec l’aptX HD qui bascule en SBC.
Le problème est que l’utilisateur n’est que rarement au courant du codec exactement choisi par le casque. À notre connaissance, seule l’excellente application Headphones de Sony permet de le savoir. Elle propose même de forcer un casque à rester en LDAC malgré les perturbations environnantes, avec le risque d’entendre des coupures au milieu de la musique qu’on écoute.
Sur Android, certaines applications tierces comme Bluetooth Scanner permettent de savoir quel codec est utilisé par son casque. Sur iOS, une telle application ne servirait en revanche à rien, Apple ayant décidé de n’utiliser - en plus du SBC par défaut - que l’AAC.
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