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Bons à jeter

La débauche d’imagination et la virtuosité technologique des participants du dernier Comdex impressionnent. Elles sont loin les années 1960, où un simple magnétophone à cassettes ou…

La débauche d’imagination et la virtuosité technologique des participants du dernier Comdex impressionnent. Elles sont loin les années 1960, où un simple magnétophone à cassettes ou un téléviseur couleur suffisaient à enflammer les esprits. Les consommateurs comprenaient alors le progrès. Et les parcs de produits d’électronique grand public se renouvelaient sans problème. Un progrès succédant à un autre, on remplaçait son magnétophone à bandes par un appareil plus compact à cassettes. Mieux, on ne jetait pas le premier et on gardait le second pour les vacances. Un âge facile, sinon d’or.Le Comdex envoie des signaux autrement plus complexes. Au point qu’il va être difficile de décider un acheteur à abandonner les bonnes vieilles cassettes VHS pour les DVD. Que doit-il acheter ? Un ordinateur équipé d’un lecteur graveur, un graveur tout court ou encore un combiné télévision-lecteur de DVD ? Et quelle vitesse de lecture doit-il choisir ? Comment s’assurer que l’appareil choisi sera compatible avec un téléphone portable, l’ordinateur ou le Caméscope familial ? Comment, pour pousser les choses à peine plus loin, la ménagère doit-elle acheter son prochain sèche-linge. Avec un système d’exploitation Linux, Windows, ou Mac OS ? Doit-elle le préférer avec 8 mégas de D RAM et un disque dur de 10 gigas pour mieux envoyer ses e-mails et télécharger des fichiers musicaux MP3 ? Et, dans ce dernier cas, quelles enceintes doit-elle choisir si elles ne sont pas incorporées dans le tambour ? Voilà bien la dernière cuvée du Comdex, anti-marketing au possible.Un, ce que le consommateur possède est bon à jeter à la benne. Deux, ce qui sort chaque année est hautement périssable. Et trois, les produits sont trop compliqués avec une interopérabilité qui, si elle existe vraiment, nécessite une bonne session de formation pour l’utilisateur. Certes des géants comme Sony, Philips, Samsung, Thomson Multimédia ou encore Toshiba font des efforts pour que leurs produits soient littéralement intelligibles. Mais le four à micro-ondes Panasonic doté d’une unité de stockage de recettes culinaires ou les bandeaux sensitifs pour les mains de Samsung, destinés à remplacer le clavier des ordinateurs, risquent, jusqu’à plus ample informé, de rejoindre le musée ?” à créer ?” des curiosités de ce nouveau siècle.

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Philippe Bonnet