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Bob Beauchamp (P-DG de Bmc Software) : ” Personne ne peut dire si la reprise sera là dans 2 trimestres ou 2 ans “

Le patron de l’éditeur de logiciels constate que la demande des sociétés reste basse. Très prudent sur la sortie de crise, il diversifie néanmoins son offre.

Quelles sont pour vous les conséquences économiques des événements du 11 septembre 2001 ? Au-delà de la tragédie humaine, il est certain que le 11 septembre a affecté l’économie du logiciel ?” et BMC Software n’a pas été épargné. En premier lieu, l’incertitude économique aux États-Unis s’est accrue du fait du ralentissement des dépenses IT. Durant les 90 jours suivant le 11 septembre, les entreprises ont stoppé leurs dépenses, les nouveaux contrats n’ont pas été honorés immédiatement, le pipeline s’est tari. Cela a été la première conséquence économique lourde des attentats. La situation actuelle n’est guère meilleure car les budgets sont toujours bas, si ce n’est plus bas. En revanche, nous avons plus de visibilité. Les décisions budgétaires sont revenues entre les mains des décideurs habituels au sein des entreprises. Il n’y a plus de crise du management. Nous sommes en revanche confrontés à une conjoncture économique affaiblie. Reste qu’en dépit de cet environnement économique, il est plus facile de faire tourner la machine, car nous avons des repères et des indicateurs en termes de dépenses. Avez-vous constaté d’autres conséquences ? Le second impact des attentats sur l’économie est lié à la confiance. Cet événement a effrayé les entreprises. Elles ont peur de l’instabilité de l’économie, peur pour la continuité de leur business et de celui de leurs fournisseurs. En conséquence, nous avons pu constater que ces clients se détachaient des small vendors [petits éditeurs, ndlr] pour aller vers les large vendors [gros éditeurs] tels que BMC, misant sur la pérennité économique de leurs fournisseurs. Les résultats financiers, la trésorerie, l’ancienneté sont autant d’éléments de confiance très prisés. Dans le même temps, les clients n’envisagent plus de dépenser en nouvelles technologies sur des projets avec des retours sur investissement à très long terme. La nouvelle norme est d’investir avec un retour sur investissement très court, dans l’optique d’une réduction très rapide des coûts. L’analogie que je ferais est que BMC a obtenu une plus grande partie du pipeline, mais celui-ci est devenu plus étroit.Dans un tel contexte, que pensez-vous des affirmations de certains dirigeants qui prévoient une reprise à moyen terme ? Les prévisions des analystes et des observateurs sur une éventuelle reprise économique sont identiques en termes de méthodes : ils repoussent systématiquement à deux ou trois trimestres le retour de la croissance ! Ce jeu est le même depuis deux ans : ” Rassurez-vous, dans deux trimestres la croissance est de retour ! ” J’ai choisi de ne me risquer à aucune prévision ni à aucun pronostic. Je ne sais pas quand la croissance reviendra : peut-être dans deux trimestres, ou dans deux ans. Personne ne peut le dire, car personne ne sait ce qu’il en sera de la guerre contre le terrorisme, de l’économie mondiale, de l’économie de chaque grande région, de l’emballement des marchés financiers. Le seul choix que j’ai fait et qui m’incombe, est de faire de BMC une société solide et saine sur le plan financier : un important cash-flow, aucune dette, des bilans satisfaisants et un modèle de dépenses très conservateur. Aussi longtemps que la crise dure, BMC Software doit et sera armé pour y faire face. Comment expliquez-vous la baisse de votre chiffre d’affaires de 1,7 milliard de dollars en 2000 à 1,3 en 2002 ? Nous avons plus gagné de clients que nous n’en avons perdu. Mais les conditions financières de dépenses des sociétés sont différentes. Deux ans auparavant, les clients achetaient avec une perspective de cinq années de croissance dans leur business. Ils signaient un chèque de 25 millions de dollars [25,51 millions d’euros], couvrant leurs besoins sur 5 ans. Maintenant, les clients ne réagissent plus ainsi. Leur horizon s’est réduit à une ou deux années. Mais le volume total de logiciels que nous avons vendu l’année dernière a augmenté alors que l’économie a décliné. Et nous avons dépassé nos prévisions cette année. Notre revenu brut des licences a atteint 64,7 millions pour le seul premier trimestre, soit 60 % de notre objectif annuel de 100 à 115 millions. Mais la pression tarifaire plus importante, la nature et le volume des dépenses de nos clients sont des facteurs qui expliquent la baisse de notre CA.Vous avez investi en 2002, aux côtés d’IBM, dans Aduva, société spécialisée dans l’administration de systèmes Linux en entreprise. Suivez-vous l’effet de mode ou est-ce devenu stratégique pour vous ? Linux est un pari ! Un pari facile et peu risqué. IBM est très impliqué dans Linux. Il devrait être un levier de croissance de leurs ventes de serveurs. S’ils réussissent, les clients devront avoir des outils d’administration systèmes et bases de données pour cet environnement. Sinon, ils ne suivront pas. C’est la raison pour laquelle IBM est très utile à BMC dans le développement de ces solutions. Leur stratégie Linux est clairvoyante. S’ils l’exécutent, BMC Software fera beaucoup d’argent.Sinon, nous ferons de l’argent. Quoi qu’il arrive, c’est gagnant-gagnant ? En effet, la seule inconnue est combien d’argent nous ferons au bout du compte !

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Propos recueillis par Christophe Dupont, à Houston