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Avis de tempête sur les télécoms en Europe

Au reflux des valeurs internet a succédé, depuis le mois de janvier, un reflux des valeurs télécoms. Deux phénomènes qui n’ont cependant ni les mêmes causes,…

Au reflux des valeurs internet a succédé, depuis le mois de janvier, un reflux des valeurs télécoms. Deux phénomènes qui n’ont cependant ni les mêmes causes, ni les mêmes conséquences. En premier lieu, pour ce qui concerne les télécoms, la crise est essentiellement européenne, et ce pour deux raisons principales : d’abord, la déréglementation, pas encore achevée, est intervenue tardivement en Europe ; ensuite, le lancement d’appels à candidature pour les licences UMTS (pour les mobiles de troisième génération) est une spécificité européenne.En second lieu, le parcours boursier des valeurs télécoms correspond ?” hélas ?” davantage à des motifs structurels que conjoncturels. Certes, le désaveu des opérateurs de téléphonie mobile est essentiellement dû à l’engouement spéculatif pour l’UMTS. Mais leurs valeurs ne sont pas les seules à souffrir. La quasi-totalité des segments du marché est touchée.
D’abord, dans tous les pays d’Europe, la concurrence est rude sur le marché des télécoms ?” fixes ou mobiles ?” pour les entreprises. Elle est meurtrière en ce qui concerne la téléphonie fixe à destination du grand public et l’exploitation d’infrastructures alternatives à celles détenues par les opérateurs historiques.Mais, à leur tour, ces derniers sont fortement chahutés, du fait, notamment, de stratégies de développement incertaines. Ainsi France Telecom est-elle vraisemblablement ?” et injustement ?” pénalisée par ses ambitions européennes. Qui aurait pu prévoir que France Telecom contrôlerait l’un des réseaux européens les plus denses, en particulier en téléphonie mobile ?
À l’autre extrême, les stratégies européennes et internationales de Deutsche Telekom ou de British Telecom ont été beaucoup plus modestes et moins lisibles. Les marchés sanctionnent probablement, dans ce cas, un couple peu favorable : un fort taux d’endettement et, en regard, des ambitions européennes décevantes.Autre segment touché par le déclin des télécoms, le secteur des services aux entreprises. Le passé récent a montré les difficultés de servir les multinationales, c’est-à-dire de créer un réseau technique et commercial mondial. Tout laisse à penser qu’en ce domaine, la consolidation n’est pas achevée. Elle devrait même s’accélérer, sous la pression des Nord-Américains.Enfin, les principaux industriels de la téléphonie sont doublement pénalisés par le déploiement de l’UMTS : une première fois, puisque les premiers services seront introduits plus tard que prévu. Une seconde fois, car les opérateurs auront tendance, afin de mutualiser les risques, à déployer ensemble les réseaux de troisième génération.Ces symptômes invitent à penser qu’une triple consolidation devrait intervenir sur le Vieux Continent : de forts mouvements de regroupements dans le domaine de la téléphonie fixe ; une consolidation du marché des grands opérateurs généralistes ; et un début de consolidation du secteur de la téléphonie mobile dans la perspective de l’UMTS.Une fois cette consolidation entamée, restera à savoir si les opérateurs de télécommunications seront les principaux bénéficiaires des services UMTS, pour lesquels la valeur ajoutée réside dans le contenu plus que dans le réseau. Mais ceci est une autre histoire…*Head of Media and Telecoms, BNP-Paribas

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Philippe-Olivier Rousseau *