Passer au contenu

Autoroutes de l’information ou chemins vicinaux ?

Les pages Web sont de plus en plus chargées d’images et d’animations. Tant pis pour les utilisateurs de modems, il leur faut prendre patience.

J’ai toujours été épaté par le savoir-faire des éditeurs de logiciels et fabricants de microprocesseurs pour coordonner les rythmes d’évolution de leurs produits respectifs. Un nouveau logiciel arrive, plus riche, plus gros, plus lourd. Et hop, Intel (ou l’un de ses comparses) annonce un nouveau processeur plus rapide.Un fabricant de processeurs déclare augmenter la fréquence de ses puces. Et voyez les éditeurs s’empresser de dévoiler les nouvelles fonctions de leurs logiciels pour profiter du potentiel de puissance fraîchement acquis.Sur le Web, le moins que l’on puisse dire c’est que le chemin du progrès est plus cahotique. Les performances des connexions à Internet peinent à suivre la croissance du trafic et des volumes à télécharger.Et du coup, quand on est équipé d’un malheureux modem à 56 Kbit/s, ça rame. On nous parlait d’autoroutes de l’information. Je dirais que le Web ressemble plutôt à un sentier tortueux.Qui n’a jamais pesté devant un modem crachant péniblement ses 2 Ko par seconde aux heures d’affluence ? Internet permet aujourd’hui de télécharger des fichiers vidéo de plusieurs centaines de mégaoctets. De nombreux utilisateurs ne s’en privent pas.Et les fournisseurs d’accès ont du mal à suivre. Même en période creuse, les téléchargements sont lents, à cause de la lourdeur des pages elles-mêmes.Chaque concepteur de site y va de son animation Flash, son streaming audio, ses frames emboîtés, son fond d’écran personnel, ses menus dynamiques. Faites le compte : un simple fichier GIF de 100 Ko peut demander près d’une minute pour s’afficher sur votre écran.Certes, ces effets donnent aux pages visitées un air pimpant. Que le site officiel des Pokemon soit truffé d’images, passe encore. Mais, lorsque vous recherchez un tarif sur le site de Citroën, une offre de crédit sur celui de BNP Paribas ou des statistiques sur GfK, avez-vous vraiment besoin d’effets spéciaux ?Quant aux réglages du navigateur Internet (ceux qui désactivent l’affichage des images, par exemple), ils sont parfois inopérants car désactivés par les sites eux-mêmes. Bien entendu, le câble et l’ADSL permettent des débits très supérieurs à ceux des modems.Mais une majorité d’internautes, faute d’habiter les régions couvertes par ces deux technologies ?” ou peu désireux d’assumer la facture nettement plus salée ?” en sont encore au bon vieux V90.Or, paradoxalement, le modem est un des rares éléments, avec le lecteur de disquettes et le clavier de votre PC, a n’avoir pratiquement pas évolué en quatre ans. Je parle bien sûr de ses performances brutes, et non pas des fonctions des logiciels qui l’accompagnent.Et pourtant, les solutions existent.De nombreux responsables de sites (rarement les Français, malheureusement) offrent le choix sur leur page d’accueil entre une version texte, très légère, et une version complète de leur site. Mais, pour quelques webmasters prévenants, combien jouent la surenchère des effets spéciaux ?Pas étonnant, dans ces conditions, que les internautes considèrent la lenteur des connexions comme un des principaux écueils d’Internet.* Chef de service à L’Ordinateur IndividuelProchaine chronique mercredi 6 mars

🔴 Pour ne manquer aucune actualité de 01net, suivez-nous sur Google Actualités et WhatsApp.


Etienne Oehmichen*