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Atterrissage forcé pour les “Fusacs”

Après une année record en matière de fusions et acquisitions dans le secteur high-tech, l’heure est à la décrue, avec une baisse de 75 % en valeur.

À la fête l’an passé, les fusions-acquisitions dans les TMT (technologies, médias, télécommunications) connaissent depuis le début de l’année 2001 des lendemains qui déchantent. Selon la banque de données Thomson Financial, la valeur totale des opérations annoncées au niveau mondial sur les six premiers mois de l’année se montait au 18 juillet à quelque 306 milliards d’euros (2 007 milliards de francs). L’année dernière, sur la même période, le chiffre atteignait déjà 1 205 milliards d’euros. Soit une baisse vertigineuse de 75 % !

Une chute prévisible

Mais, de l’avis de tous les spécialistes, 2000 est une année ” exceptionnelle “. “ Les entreprises du secteur TMT ont gonflé le nombre de fusions. Ce secteur a représenté près de 60 % de la totalité des rachats d’entreprises. Avec l’e-krach de mars 2000, les jeunes pousses technologiques se voyaient refuser l’entrée en Bourse. Ces sociétés n’avaient d’autre solution que de se vendre au plus offrant pour obtenir du cash. Aujourd’hui, on revient à un rythme normal“, observe Régis Turrini, associé-gérant, responsable du secteur nouvelle technologie de la banque Arjil et Associés. En 2001, nul besoin de tirer la sonnette d’alarme. La chute vertigineuse des fusions et acquisitions était à prévoir. Elle s’impose comme la conséquence logique de l’explosion de la bulle TMT, qui a engendré l’accélération de la consolidation dans le secteur high-tech l’année passée. “Beaucoup d’entreprises ont vu leur capitalisation boursière fondre comme neige au soleil ! Dès lors, celles dont le cours en Bourse était le plus faible se sont fait absorber par des groupes beaucoup plus forts financièrement. Les autres se sont regroupées pour survivre “, commente Bruno Rossi, analyste chez Thomson Financial.Actuellement, la morosité plane toujours au c?”ur des places boursières. Les proies potentielles sont légion. Pourtant, les rachats d’entreprises n’ont pas le vent en poupe, contrairement à ce que prévoyait encore Le Nouvel Hebdo le 1er juin dernier. Thierry Lepercq, fondateur de Netscapital, commente cette baisse d’activité : “ Aujourd’hui, il existe des opportunités formidables pour ceux qui ont les poches pleines. Mais, avec le manque de visibilité du marché, les sociétés campent sur leurs réserves. Quant à celles qui connaissent des difficultés, elles n’ont guère intérêt à se regrouper. L’acquisition est toujours un événement traumatisant pour l’entreprise absorbante. Il faut intégrer la masse salariale, la former, parfois jongler avec les dettes de l’acquisition… Quand les sociétés connaissent des difficultés opérationnelles, elles préfèrent gérer leurs problèmes, plutôt que d’intégrer ceux d’une société tierce. Et puis, la fusion d’un aveugle et d’un paralytique n’a jamais donné un sprinter…“L’année 2001 n’est que la suite logique de l’effervescence qui a régné dans ce domaine en 2000. Les entreprises se sont endettées pour se donner les moyens d’acheter d’éventuels concurrents. Aujourd’hui, elles doivent mettre la pédale douce et rembourser leurs emprunts. “ À l’image de Vodafone Airtouch, qui a émis de nombreuses obligations pour faire face à ses acquisitions“, souligne Bruno Rossi. L’année passée, pour 25 milliards d’euros, l’opérateur britannique a mis la main sur l’Allemand Mannesmann. Dans la foulée, il s’est offert le fournisseur de services britannique 3-at-telecom pour 9,8 millions d’euros, s’est emparé de 52,1 % de l’opérateur espagnol Airtel et de 15 % de Japan Telecom.

Acquisitions microscopiques

Hormis quelques grosses opérations, on assiste plutôt à des acquisitions microscopiques en terme de valeur. Les transactions se réduisent à peau de chagrin, car les jeunes pousses sans actif ne valent rien. Mais cela peut valoir le coup d’acheter une société qui va mal pour mettre la main sur sa “killer application” ou s’emparer de sa marque, telle Orchestra, l’enseigne de vêtements pour enfants, qui s’empare du site Kazibao “, souligne Régis Turrini. Pour l’avenir, les analystes sont plus que pessimistes. Le ralentissement mondial actuel de l’économie, les nombreux profit warning émis dans les TMT, et les licenciements en masse, ne permettent pas de donner de l’impulsion à l’activité des fusions-acquisitions.Pourtant certains secteurs en difficultés, pourraient connaître des consolidations. Bruno Rossi parie sur une prochaine concentration dans les télécoms et dans le secteur des ” business services “. De son côté, Régis Turrini prévoit un mouvement identique “au premier trimestre 2002 chez les fournisseurs d’accès internet et au sein du secteur de l’hébergement“. Reste que certains s’interrogent sur le M & A (Merger and Acquisition), autrement dit la vague des fusions et acquisition. Ainsi pour Paul-Henri Denieuil, associé du cabinet Deloitte & Touche, l’avenir ne passe plus par les acquisitions : “ La vraie richesse dans le secteur technologique, c’est la capacité d’innovation. Elle doit être réalisée en interne par le groupe qui doit se concentrer sur les activités essentielles. Quant aux activités annexes, mieux vaut désormais passer par la sous-traitance “.En attendant, les capital-risqueurs se voient privés de moyens de sortie. “ Ces “fashion victims”, qui ont préféré perdre de l’argent avec les autres, plutôt que de ne pas investir dans la net économie sous la pression de leurs bailleurs, n’ont qu’une seule solution : réinvestir. En espérant limiter la casse au maximum“, conclut, Régis Turrini.











































































































































































































































 Les 12 opérations européennes annoncées
dans le secteur des TMT, entre le 1er janvier et le 17 juillet 2001,
concernant une cible ou un acquéreur 
 Cible     Acquéreur     Participation     Montant (en millions d’euros) 
             
 Japan Telecom, J-Phone (JP)     Vodafone Group (GB)     45,00%     6268 
             
 Sema (GB)     Schlumberger Investments (GB)     100,00%     6018 
             
 GE American Communications (US)     Société européenne satellites (LU)     74,90%     5632 
             
 Yell Group (GB)     Investor Group (GB)     100,00%     3476 
             
 JDS Uniphase, site de production (CH)     Nortel Networks (GB)     100,00%     3428 
             
 Eircom (IE)     E-Island (IE)     Évaluation     2925 
             
 Telesp Celular Participacoes (BR)     Portugal Telecom (PT)     58,80%     2778 
             
 Eircom (IE)     Valentia Group (IE)     Évaluation     2722 
             
 Airtel (ES)     Vodafone Group (GB)     17,80%     1802 
             
 LM Ericsson Telefon (SE)     Investor AB (SE)     1,30%     1463 
             
 Libertysurf Groupe (FR)     Tiscali SpA (IT)     95,45%     822 
             
 Alcatel Space (FR)     Alcatel (FR)     100,00%     798 
 

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Hélène Puel