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Alcatel quitte les mobiles en passant par la Chine

L’équipementier poursuit son retrait du marché des combinés mobiles. Il compte créer une co-entreprise avec le chinois TCL Communication, dont il ne détiendrait que 45 %.

Depuis 2001, la branche Terminaux mobiles d’Alcatel Business Systems est recentrée sur la conception et la commercialisation des terminaux mobiles, la production étant sous-traitée à Flextronics. Malgré cela, l’entreprise
afficherait encore des pertes, comprises, l’an dernier, entre 80 et 90 millions d’euros, tandis que la part de marché ne dépasserait que de peu 1 % au niveau mondial (avec 7,7 millions de téléphones vendus en
2003).Il y a quelques semaines, Serge Tchuruk, PDG d’Alcatel,
affirmait que ‘ le terminal mobile fait partie de la chaîne technique et de la chaîne de valeur de l’univers mobile. Il nous permet aussi de garder un
lien avec le consommateur final. En revanche, seuls, nous ne sommes pas assez compétitifs. Nous comptons donc nouer des partenariats avec des acteurs ayant pour axe de métier le terminal mobile
‘.C’est finalement avec le chinois TCL Communication que le français a fait affaire. Les deux sociétés ont annoncé lundi 26 avril la création d’une société commune regroupant leurs activités Terminaux mobiles.

Un pari sur la croissance chinoise

Présent en Chine depuis plus de vingt ans, c’est là qu’Alcatel a naturellement cherché l’allié capable de l’aider à se désengager de cette activité, qui représente 5 % de son chiffre d’affaires.
Notre part de marché actuelle ne nous permettait pas d’être parmi les premiers mondiaux. Le nouvel ensemble constitué avec TCL a pour objectif de devenir l’un des cinq premiers mondiaux dans les prochaines
années
‘, déclare ainsi Philippe Germond, directeur général d’Alcatel.Le protocole d’accord présenté ce 26 avril prévoit, sous réserve de l’aval des actionnaires et des autorités de régulation, que la nouvelle co-entreprise verra le jour au troisième trimestre 2004. TCL investira
55 millions d’euros de liquidités (et détiendra 55 % du capital), Alcatel apportera 45 millions d’euros, plus ses clients, ses droits de propriété intellectuelle et ses effectifs (environ 350 personnes présentes au
centre de Colombes, dans les Hauts-de-Seine).La direction d’Alcatel n’envisage pas d’impact social à la suite de cet accord. ‘ Les centres de recherche de la société commune et de TCL Mobile à Colombes, en France, à Shanghaï et à
Huizhou, en Chine, seront maintenus
‘, affirment les deux sociétés dans un communiqué de presse. Elles mettent également en avant la complémentarité de leurs zones de vente, en Europe et en Amérique du Sud pour Alcatel, et en
Chine pour TCL.Ce gigantesque marché, où vont être attribuées prochainement quatre licences de troisième génération de téléphonie mobile, pourrait donc, par sa seule croissance naturelle, doper les ventes de la future co-entreprise et lui permettre de
grignoter des parts de marché au niveau mondial.

Un désengagement amorcé

Les résultats mitigés du précédent tandem formé dans ce secteur (Sony Ericsson) incitent toutefois à la prudence quant aux chances de succès du nouvel ensemble Alcatel TCL Mobiles. Fait significatif : d’ici à
quatre ans, Alcatel aura la possibilité d’échanger sa participation contre des actions de TCL Communication, l’équipementier chinois pouvant, quant à lui, prendre le contrôle total de la structure commune d’ici à
cinq ans…’ Cet accord s’inscrit dans la continuité du désengagement, voire du démantèlement, que connaît Alcatel Business Systems, estime Jean-Pierre Clavaud, représentant syndical CGT au sein du comité
de groupe d’Alcatel. On nous parle d’une logique de recentrage, mais celle-ci varie au gré des humeurs de la direction du groupe, tantôt dans les infrastructures de réseaux, tantôt dans les communications, tantôt dans les
services. Dans cet accord, je constate en outre que le savoir-faire et le potentiel industriels sont exclusivement apportés par Alcatel, TCL se contentant d’investir des capitaux
. ‘

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Laurent Campagnolle