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À quoi pourraient bien servir les réseaux 3G ?

Imaginez un entrepreneur de transport routier se demandant ce qu’il pourrait bien charger sur sa nouvelle flotte de camions. Les opérateurs de réseaux pour mobiles de troisième génération sont dans cette situation, pour le moins paradoxale.

L’industrie des télécoms veut, avec l’UMTS, renouveler le succès du GSM. Son problème : elle est encore à la recherche de l’application miracle (killer application) qui fera se précipiter tous les utilisateurs sur les téléphones de nouvelle génération (GPRS puis UMTS).Certes, il y aura des applications professionnelles, mais apparemment cela ne suffira pas à faire décoller le nouveau réseau. A l’image du GSM, l’UMTS ne s’imposera réellement que lorsqu’il aura touché le grand public, devenant un phénomène de société.L’an passé déjà, opérateurs et constructeurs ont tenté de nous convaincre du caractère indispensable de l’UMTS en vantant le mérite de futurs services personnalisés fondés sur la localisation. L’exemple type mis en avant était celui du pauvre hère débarquant dans une ville inconnue et menacé de mourir de faim et de coucher à la belle étoile.Heureusement, grâce à son téléphone de troisième génération, il appelait son portail favori auquel il confiait ses tourments. Détectant où il se trouvait, celui-ci lui dénichait une table conforme à ses goûts culinaires et un bon lit dans le quartier de son choix. Personne n’a réellement cru à cette histoire.À voir l’atonie du salon UMTS 2001, à Barcelone, en octobre dernier, les opérateurs ne semblent toujours pas avoir trouvé la solution : les applications présentées par les exposants n’étaient guère plus convaincantes que l’an passé.Un exemple : la messagerie multimédia (MMS). C’est la nouvelle killer application à la mode. Elle permet de se transmettre des messages comportant de la voix, du texte, des images et même des clips vidéos. Aujourd’hui, nous explique-t-on, les messages sont avant tout textuels. Mais, avec l’augmentation de bande passante du GPRS (40 kbit/s), puis de l’UMTS (140 kbit/s, encore que Vodafone parle de 64 kbit/s lors du lancement), tout deviendra possible.Evidemment, on n’en est pas encore là, et il faudra commencer modestement. Pourquoi pas du texte et de la photo, suggèrent les fabricants ? (On parle alors de Photo Messaging). En voyage, la famille prend des vues de son lieu de villégiature et les envoie aux amis. Mais pour joindre une photo, il faut posséder un appareil numérique, ce qui n’est pas le cas de tout le monde.Et ceux qui en ont un n’ont peut-être pas envie de se casser la tête à transférer les images d’un appareil à l’autre. D’où l’idée d’intégrer un appareil photo dans le téléphone. Et pour ne pas grever le prix de ce dernier, on en choisira un bon marché…Franchement, comment peut-on penser que les services 2,5G et 3G vont décoller avec ce genre d’applications ? Comment peut-on croire que les gens enverront partout, à tour de bras, des photos, tels des globe-trotters ? Et, surtout, quel sera l’intérêt d’un tel service, si, du fait de la mauvaise qualité des clichés, le destinataire des photos se demande qui figure sur la photo ou de quel monument il s’agit ? Pour le coup, un petit commentaire vocal ne sera pas superflu. Le problème reste donc entier. On ne sait toujours pas à quoi pourront bien servir ces fameux réseaux 3G.Prochaine chronique vendredi 16 novembre* Grand reporter à 01 Informatique

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Jean-Pierre Soulès