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A la frontière de la biologie et de l’informatique

Pour analyser les protéines, Yanay Ofran joue de l’ordinateur. Il étonne la communauté scientifique traditionnelle.

Yanay Ofran, 29 ans, chercheur du département de biophysique de la Columbia Medical School (CMS, New York), est un oiseau rare au savoir-faire émergeant. Il est bio-informaticien, scientifique à double casquette. Il étudie des milliers de molécules sur ordinateur.Car les éprouvettes, les expériences en laboratoires… ce n’est pas pour lui. Il laisse ce plaisir aux “biologistes humides”, ceux qui se plongent sur des solutions chimiques “sales et odorantes”, dit-il en riant. Yanay Ofran est un scientifique “sec”, surfant sur le net pour compiler les banques de données sur les molécules amassées par d’autres chercheurs. Histoire de les analyser en grandes séries et de tenter de résoudre le mystère qui l’intrigue. Son équipe est passionnée par le paradoxe de Levinthal, ou par le fait que les protéines acquièrent une structure tridimensionnelle en quelques secondes, alors que normalement ce processus devrait se faire sur plusieurs années. “Qu’est-ce que savent les protéines, demande-t-il, pour se transformer si vite ?” Les biologistes classiques ont déjà essayé de répondre à la question en laboratoire : ils ont utilisé la physique nucléaire. Ils ont cristallisé les protéines pour les passer aux rayons X. Mais rien n’y a fait, le mystère demeure. L’équipe de la CMS essaie donc une autre méthode : “Nous prenons les protéines que nous connaissons et les analysons sur PC. Ce champ d’étude sur des milliers de protéines nous permet de poser des questions qu’un chercheur classique n’aborderait jamais, car il travaille sur une seule d’entre elles.” Yanay Ofran adore le côté pionnier de son métier, quasi-inconnu dix ans plus tôt. “Toutes vos idées sont neuves. Dans ce secteur, quand vous avez une inspiration, vous la testez, personne ne l’a fait avant vous.” Le revers de la médaille : “Vos pairs ne vous comprennent pas toujours très bien “.

Sciences qui s’ignorent

Les chercheurs universitaires ont leurs propres codes. Pour obtenir une promotion, être reconnu dans sa profession, il faut publier des articles dans des revues spécialisées. Mais la biologie a sa propre écurie de journaux. Les pontes de la science informatique préfèrent les annonces en conférence suivies de publications. “Lorsque votre nom apparaît dans un prestigieux journal de biologie… les informaticiens n’en ont cure”, observe Yanay Ofran. Et à l’inverse, la revue informatique laisse indifférents les biologistes. Pas facile de faire le pont entre deux sciences qui signorent.* à New York

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Caroline Talbot*