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45 employés témoignent de menaces, de harcèlement sexuel ou de racisme chez Google

Un document interne dévoile une politique de ressources humaines à la faveur des harceleurs au travail contre les victimes. 

Travailler pour Google se révèle de plus en plus difficile pour de nombreux employés. Un document publié lundi 23 septembre par Motherboard dévoile 45 cas de menaces, de harcèlement au travail, de racisme et de sexisme au sein du géant américain, énumérés par les employés eux-mêmes. Selon un Googler encore dans l’entreprise, les histoires ont été recueillies sur un forum interne appelé « go/retaliation-stories » (en français « go/récits de représailles »). 

Début septembre, le site Recode a indiqué que des « douzaines » d’employés étaient victimes de représailles pour avoir signalé des cas de harcèlement. L’enquête est basée sur le même document, daté du 8 mai 2019, rapporte Motherboard qui le publie dans son intégralité [PDF].

Des témoignages à charge

Ces 45 témoignages à charge font suite à l’appel à la grève « Google Walkout » lancée par Meredith Whittaker et Claire Stapleton, en avril 2019, aux États-Unis. À l’opposé de l’image « cool » que la firme californienne veut donner, ces récits mettent en lumière une autre réalité.

« Je m’identifie comme une femme latino et j’ai vécu des choses racistes et sexistes flagrantes de la part de mes collègues. Je l’ai signalé à mon gestionnaire, mon directeur savait, le gestionnaire de mon collègue savait et notre représentant des RH savait. Rien ne s’est passé. On m’avait averti que les choses deviendraient très sérieuses si elles se poursuivaient », témoigne la Googler. « J’ai vraiment perçu le refrain du “protéger les hommes”, comme on nous le dit si souvent. Personne ne m’a protégé, moi, la victime. Je pensais que Google était différent. »

Les intitulés de chaque paragraphe font froid dans le dos. Ces quelques exemples donnent un bon aperçu de l’ampleur du problème :

« Puni pour avoir rapporté des blagues sexuelles » ;
« Par peur des représailles physiques » ;
« Mes dix ans d’expérience et ma carrière ont été sabotés pour avoir signalé un comportement contraire à l’éthique» ;
«J’ai signalé mon agresseur et constaté que je n’étais pas la première victime » ;
« L’éthique et la conformité ne sont pas toujours si éthiques
. »

Enfin la fin de l’omerta ?

Au-delà des faits juridiquement condamnables, ces révélations soulignent la perversité d’un mécanisme conçu pour dénoncer les agresseurs… mais qui leur sert en fait de rempart. En réaction à ces révélations, Eileen Naughton, la vice-présidente des opérations du personnel de Google s’est engagée à protéger les victimes. Citée dans Motherboard, elle explique : 

« Signaler une inconduite exige du courage et nous voulons fournir des soins et du soutien aux personnes qui soulèvent des préoccupations. Tous les cas de conduite inappropriée qui nous ont été signalés font l’objet d’une enquête rigoureuse, et au cours de la dernière année, nous avons simplifié la façon dont les employés peuvent soulever des préoccupations et amélioré la transparence du processus d’enquête chez Google. Nous nous efforçons d’être extrêmement transparents quant à la façon dont nous traitons les plaintes et aux mesures que nous prenons. »

« On a en marre des représailles ! »

La question est maintenant : est-ce que cette fuite va enfin lever l’omerta au sein de Google ? Car ce n’est pas la première fois que le moteur de recherche est épinglé sur ce type d’accusations par ses propres employés. En octobre 2018, le New York Times publiait un article au titre univoque: « Comment Google protège Andy Rubin », alors que le père d’Android était accusé de harcèlement sexuel. À la suite de ces révélations, 20 000 Googlers se sont mobilisés le 1er novembre 2018 pour demander un « Un vrai changement ». 

Depuis, les mobilisations se multiplient derrière ce leitmotiv. Meredith Whittaker et Claire Stapleton avaient appelé à un nouveau sit-in devant le siège de Google, la 1er mai 2019. Plus de 1 000 employés se sont assis ce jour-là. L’ensemble des pratiques prédatrices au sein de Google ont été listées dans une lettre ouverte –retranscrite par Wired. Le message était en substance:«On a en marre des représailles ! » (en anglais « We’re sick of reliation ! »). Les chiffres de la mobilisation de novembre n’ont depuis pas été égalés. 

Source : Motherboard

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Marion Simon-Rainaud