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Peoplesoft, un géant du logiciel discret mais gourmand

Au terme d’une excellente année, le PDG de l’éditeur de PGI entend bien pérenniser son nouveau statut de grand du logiciel, au sein d’une industrie en pleine structuration.

Craig Conway n’a ni l’aisance de Larry Ellison, ni la stature imposante de Hasso Plattner, ni l’humour carnassier de Tom Siebel. Cette discrétion médiatique, le PDG de Peoplesoft la partage avec celle de son entreprise. Celle-ci vient pourtant d’entrer dans le club très fermé des éditeurs de logiciels réalisant un chiffre d’affaires de plus de 2 milliards de dollars. Très présent dans les services et depuis longtemps associé à la gestion des ressources humaines, Peoplesoft manque toutefois de grandes références industrielles, qui assoiraient sa notoriété et sa crédibilité.En 2001, l’éditeur s’est cependant distingué : alors que l’ensemble du secteur peinait dans un environnement de crise, il a connu une croissance de 19 % de son chiffre d’affaires et, surtout, de 30 % de ses ventes de licences.Cette réussite, Craig Conway l’attribue à l’engouement des entreprises pour Peoplesoft 8, la nouvelle mouture du PGI de l’éditeur, lancée courant 2000. L’intégration réussie de Vantive, racheté en 1999, lui a, en outre, permis de profiter de l’essor de la gestion de la relation client. Enfin, depuis son arrivée à la tête de l’entreprise, il y a plus de deux ans, Craig Conway s’est attaché à y développer pugnacité et efficacité.

Une boulimie de rachats de petits éditeurs

Grâce à ses bons résultats, Peoplesoft a pu amasser en banque plus de 1,5 milliard de dollars. Ce trésor de guerre lui sert, aujourd’hui, à racheter de petits éditeurs souvent mis à mal par la crise et dont les produits viennent étoffer son offre. En quelques mois, Anuncio, Calico, SkillsVillage et Cohera ont ainsi rejoint le giron de l’entreprise. Et ce n’est sans doute pas fini. Déjà, des rumeurs pointent concernant un rachat dans le secteur de la gestion logistique. “Nous recherchons des entreprises dans tous les domaines, et la gestion logistique est l’un d’eux. Les petites sociétés sont très innovantes, car elles concentrent leurs efforts sur des secteurs nouveaux et très spécifiques. Pour elles, le rachat est une bonne stratégie de sortie. Pour nous, plus les entreprises sont petites, plus elles sont faciles à intégrer”, explique Craig Conway.Par cette politique agressive, Peoplesoft participe à la restructuration inévitable du marché des applications. “Prenez le matériel, les systèmes d’exploitation, les bases de données ou les serveurs d’applications, dit le PDG. Tous ces marchés sont concentrés entre les mains de quelques très grands acteurs. Celui des applications est le dernier à être aussi fragmenté, mais la situation peut évoluer très vite”, estime-t-il. Ce mouvement de concentration correspond à une demande croissante des entreprises, qui cherchent à minimiser le nombre de leurs interlocuteurs et les problèmes d’intégration entre les applications. Ainsi Craig Conway cite-t-il le cas de la banque britannique Citigroup, dont la direction générale elle-même a décidé de limiter à quatre ses fournisseurs d’applications. Dans un tel contexte, les éditeurs de PGI sont particulièrement bien placés pour tirer profit de la recomposition qui s’annonce. A peine intronisé parmi les grands, Peoplesoft compte bien ne pas rester à l’écart de ce mouvement qui y assurerait sa pérennité.

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Jean-Baptiste Dupin