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Les systèmes d’aide à la décision pour mettre les chiffres en action

Des tableaux de bord des années quatre-vingt aux applications analytiques d’aujourd’hui : Bernard Liautaud, CEO et fondateur de Business Objects, témoigne de l’évolution de l’aide à la décision.

Le décisionnel donne son véritable sens à l’informatique : apporter une vision analytique et prospective sur les masses d’informations recueillies par l’entreprise, jusqu’alors uniquement traîtées sous forme comptable. Bernard Liautaud, CEO et fondateur de Business Objects, brosse cette évolution qui conduit l’informatique d’aide à la décision au-delà des frontières de l’entreprise.Les premières mentions de systèmes décisionnels datent de la fin des années soixante-dix. Pourquoi si tard ?Bernard Liautaud : Les premières prises de conscience ont engendré la notion d’infocentre. Mais la structure des bases de données restait complexe. Les freins étaient de deux sortes. D’abord, la différence de culture entre les informaticiens et opérationnels empêchait la définition d’un vocabulaire commun. Ensuite, l’idée d’avoir des systèmes envoyant des requêtes souvent lourdes sur les systèmes de production effrayait dans la mesure où elles allaient écrouler les machines de production. C’est dans les années quatre-vingt, avec l’arrivée des SGBD relationnels et de SQL, et, surtout, du client-serveur, que les choses ont véritablement démarré. Mais tout n’était pas résolu. La problématique principale n’était pas le langage d’accès, mais la compréhension de l’information. La donnée était présente, elle était plus accessible, mais il manquait toujours quelque chose. Des systèmes sont apparus pour isoler l’utilisateur de la complexité de la donnée. C’était nécessaire car le décideur n’est pas un informaticien, mais un spécialiste métier.Doit-on considérer le système d’aide à la décision comme à part ou comme une extension du système d’information au sens traditionnel ?Bernard Liautaud : La réponse rapide, c’est que ce sont des systèmes séparés. Les systèmes de production sont de type transactionnel, alors que, dans le décisionnel, on a besoin d’informations sur des intervalles de temps. Les données importantes ne sont pas les mêmes dans les deux cas. En décisionnel, il faut agréger les données existantes, en créer de nouvelles et, surtout, intégrer les données de plusieurs systèmes de production. Il s’agit d’un système transversal, qui doit traiter des informations sur plusieurs axes. Le client n’a pas le même profil selon qu’on le regarde à l’aune des applications de comptabilité, de gestion commerciale ou de marketing. Ce sont, en effet, trois systèmes de production indépendants, qui ont leur propre système de données. D’autant qu’il n’existe pas encore de standard pour les métadonnées. De plus, les outils de la chaîne décisionnelle sont différents et multiples. Outre l’alimentation ?” extraction, nettoyage, homogénéisation ?” et la diffusion de l’information ?” édition, représentation, publication ?”, on va utiliser des outils différents en fonction de l’analyse à réaliser. Ce besoin analytique est transversal à l’entreprise. On voit d’ailleurs apparaître des équipes dédiées. Car les capacités d’analyse et la façon dont l’information va circuler dans l’entreprise vont avoir un impact majeur sur sa compétitivité.Progressivement, les solutions décisionnelles rejoignent le catalogue de grands éditeurs fournisseurs d’outils d’infrastructure. Quel sera l’impact de cette évolution ?Bernard Liautaud : Quand un marché devient important, tout le monde a envie d’en avoir une part. Mais il faut d’abord résoudre le problème de l’hétérogénéité. Les systèmes des entreprises ne sont pas monolithiques. En général, celles-ci ont beaucoup de bases de données différentes, de progiciels spécialisés, d’applications, etc. Il leur faut donc disposer d’une solution transversale à l’ensemble des structures de données présentes.Cette séparation entre production et décisionnel va-t-elle perdurer ?Bernard Liautaud : Tout d’abord, il faut savoir que les systèmes décisionnels ne traitent, pour l’instant, que de 5 à 10 % des données des entreprises. Par ailleurs, beaucoup, d’informations ne s’inscrivent pas dans les bases de données. Par exemple, la relation privilégiée d’un commercial avec un client. Pour les entreprises dédiées au commerce électronique, l’information est uniquement contenue dans les bases de données. La capacité à utiliser efficacement ces informations pour modifier la façon dont on fait du business sera plus importante que dans les entreprises traditionnelles. Dans les années quatre-vingt, les entreprises ont mis en place leurs structures de données, et l’on a vu l’avènement des systèmes opérationnels de type PGI, gestion de la chaîne logistique, etc. Mais les dix prochaines années seront analytiques. Une fois les infrastructures en place, les processus automatisés, il va falloir tirer parti de ces informations. Et, le décisionnel va devenir la pierre angulaire de cette évolution. Certaines entreprises, comme Cisco, l’ont d’ailleurs compris : elles mettent leur système décisionnel au c?”ur de leur activité parce qu’elles savent que leur survie en dépend. Parallèlement, la grande tendance qui se développe depuis deux ans concerne le partage de l’information dans le cadre de l’entreprise étendue, qui inclut partenaires, clients et fournisseurs. La notion de diffusion de l’information décisionnelle devient primordiale, avec les nouveaux moyens d’accès tels que le navigateur web ou l’assistant personnel. Il faut recourir à de nouvelles façons de structurer l’information, de la rendre aussi compréhensible que possible. On a beaucoup parlé, ces dernières années, de systèmes de gestion commerciale, d’ordre transactionnel. Mais l’autre pan de l’e-business, c’est “comment vais-je partager mes informations avec mon environnement commercial de façon à mieux travailler, à générer de nouveaux services, etc.” L’échange d’informations entre sociétés existe depuis toujours. A l’origine, il s’agissait d’échanger du papier. Ensuite, des solutions d’EDI point à point sont apparues.

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Philippe Davy