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Les grosses têtes

L’affaire des nouvelles tarifications abusives d’Oracle prouve au moins quelque chose: pour être directeur informatique aujourd’hui, il faut exceller au jeu des questions-réponses.

” Qu’est-ce qui peut changer cinq fois en dix ans et qui vous surprend à chaque fois “ ? Les modèles de tarification d’Oracle ! Bonne réponse donnée par un client de longue date. Au concours des grosses têtes, version industrie informatique, il faut savoir être rapide. Et fataliste aussi. A l’occasion d’une réunion du club utilisateur de l’éditeur, le vainqueur de notre première manche confirme son intelligence de vieux routard : ” Est-ce que vous, Oracle, vous pouvez nous éclairer tout de suite sur les prochaines tarifications ? “ Fataliste, il sait les modifications inévitables.Deuxième question, plus difficile : “Comment s’applique le nouveau modèle de tarification à mon architecture ?” Les bons élèves, ceux qui ont pris le temps de faire des simulations, s’arrachent les cheveux. Désormais, le prix de leur système de gestion de base de données devient directement proportionnel à la puissance du matériel qui le fait tourner. Il faudra donc être capable de distinguer quels processeurs utilisent Oracle. Si vous avez choisi une bonne vieille architecture client-serveur, où les ressources processeurs sont utilisées par plusieurs applications en même temps, vous allez avoir bien du mal à rendre à Oracle ce qui lui appartient.La troisième est un jeu de piste : “Comment connaître toutes les subtilités de la tarification à l’unité de puissance, ainsi que la différence entre les “utilisateurs nommés” et les anciens “utilisateurs concurrents” ?” Réponse (très) éclatée sur le site de vente d’Oracle… Bon courage.Une petite dernière pour gagner la timbale : “Qu’est-ce qui a changé à votre insu il y a quelques mois, que vous venez de redécouvrir par hasard, alors que vous alliez juste renouveler vos licences ?” Toujours les tarifications.Après Microsoft, régulièrement mis au pilori pour ses tentatives tarifaires limites, Computer Associates, souvent classé premier au hit-parade des éditeurs les plus retors, c’est au tour d’Oracle d’entrer dans la danse. Avec brio, d’un bond majestueux, et sans se fouler. En mettant en place une nouvelle tarification qui lui simplifie la vie, le pachyderme de Redwood n’arrange pas celle de ses clients. Qui, après avoir enfin compris comment calculer les nouveaux tarifs, devront trouver un par un tous les coûts cachés.Il n’aura jamais été aussi difficile de décrypter un Oracle. Même pour des grosses têtes.Prochaine chronique le lundi 20 novembre

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Philippe Billard